Forces vives : Un courrier tardif qui laisse les manifestants sur leur faim

Les barrages ne sont pas levés ce mercredi, au contraire, ils doivent se durcir. A cause de la réception tardive, les Forces vives ont choisi lors du congrès de Pamandzi de prendre le temps d’examiner le document gouvernemental. La décision pour la suite du mouvement n’était pas encore communiquée, ce mercredi soir.

Des barges et des navettes qui circulent pour transporter plusieurs centaines de personnes…. Le troisième rassemblement (après celui de Tsingoni et de Mamoudzou) populaire à l’appel des Forces vives a été un succès sur le plan organisationnel. Les Mahorais étaient conviés sur la place du Congrès, à Pamandzi, ce mercredi, pour entendre la réponse écrite du gouvernement français, suite aux engagements pris sur le territoire par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dimanche dernier, devant les élus réunis à Mamoudzou aux côtés des représentants des Forces vives.

Il avait demandé un délai de 48 heures aux Mahorais (délai écoulé mardi soir) pour être en mesure de leur présenter un document « officiel » actant l’engagement du chef de l’État, Emmanuel Macron, à supprimer le titre de séjour territorialisé spécifique à Mayotte, à ramener la sécurité sur le territoire, à contrôler les frontières pour lutter contre l’immigration illégale. Des demandes distinctes des mesures chocs annoncées par la ministre de l’Intérieur au nom du chef de l’État portant sur la suppression du droit du sol dans le département et de l’érection « d’un rideau de fer » maritime entre les Comores et Mayotte grâce à la mer. « Ce n’est pas ce que nous avons demandé, mais si cela se réalise, nous dirons chiche ! Nous, ce que nous attendons du gouvernement, c’est la levée du titre de séjour territorialisé qui a pour conséquence d’asphyxier la population locale sur son propre territoire. Et à cela nous disons stop », rabâche Abdou Badirou, l’un des représentants des Forces vives, aux 600 personnes présentes.

Vers un durcissement des barrages

Attendu, en vain, pour mardi soir, le courrier de Gérald Darmanin est arrivé, mercredi midi. Ce retard est interprété par Saïd Kambi, l’un des leaders du collectif, comme étant la manifestation « du mépris du gouvernement à l’égard de la population mahoraise et un non-respect de l’engagement pris à supprimer le séjour territorialisé ». Insatisfait, il harangue la foule avec son micro, expliquant que le message était, pour lui clair, « nous ne sommes pas les bébés de la République, respectez-nous »…. Celui qui est aussi suppléant d’Estelle Youssouffa (la députée appelle à la levée des barrages en vertu des engagements) annonce un durcissement du mouvement au moyen d’une multiplication des barrages.

Une fois la fameuse lettre du ministre de l’Intérieur arrivée, il a fallu encore un moment, entre diverses interventions d’orateurs et petits pas de danse sur de la musique mahoraise, avant que l’annonce soit faite à la foule que la réponse du gouvernement leur était bien parvenue. Problème, même la réponse laisse les manifestants sur leur faim, parce que faisant référence à « une loi d’urgence pour Mayotte » à présenter au vote du Parlement français. Selon les membres des Forces vives, c’est encore une perte de temps alors qu’ils attendaient un remède extrêmement rapide pour ne pas dire immédiat. Saïd Kambi donne alors à la foule arrosée d’une pluie rapide et inattendue, la marche à suivre pour les jours à venir : maintenir plus que jamais les barrages et ne pas craindre « la violence et les intimidations » des autorités.

Une marche pacifique à Tsingoni ce dimanche

Une minute de silence a été observée en l’honneur d’un barragiste tué au cours d’une dispute sur son terrain, lundi soir, et en solidarité à l’égard d’un manifestant de Chirongui qui aurait été « malmené » par les forces de l’ordre avec « d’importants dommages physiques » à l’un de ses bras. L’annonce est même faite de ne laisser plus aucun gendarme franchir les barrages. Le public a été également informé de trois interpellations effectuées par la gendarmerie, mercredi matin, d’individus ayant été à la tête de barrages à Sada. Selon la gendarmerie, cela concerne une enquête concernant des caillassages nourris de la brigade, il a quelques semaines, et pas le mouvement social.

Une marche pacifique est prévue, ce dimanche à Tsingoni, au centre de l’île, en signe de protestation contre ces arrestations.

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