Des étudiants bloqués à Mayotte tirent la sonnette d’alarme

Depuis une semaine, le collectif des citoyens de Mayotte 2018 empêche l’accueil au bureau des étrangers, le service de la préfecture de Mayotte qui octroie les titres de séjours. Ce lundi 21 octobre, place de la République à Mamoudzou, une douzaine d’étudiants en attente de visas afin de poursuivre leurs études souhaitent interpeller le préfet François-Xavier Bieuville sur leur situation.

« Ce n’est pas une manifestation, c’est un appel qu’on lance », explique d’une seule voix une dizaine d’étudiants venus interpeller le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ce lundi matin. En cette période de vacances scolaires, entre l’office de tourisme départemental et une structure de jeu gonflable, place de la République, ils disent rester en attente d’une remise de visas pour poursuivre leurs études en dehors de Mayotte. « Le titre de séjour qu’on nous octroie est territorialisé. Ce qui nous impose de demander un visa de sortie pour entrer dans un autre pays ou pour la métropole. Nous avons pourtant fait les démarches comme il le fallait », étaye Fatima Abdou Hamid, 22 ans, originaire de Kawéni. C’est sur un groupe Messenger qu’elle et d’autres étudiants se sont regroupés pour tenter de se fédérer et se faire entendre.

« Nous comprenons le blocage »

Le bureau des étrangers de la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou, est actuellement bloqué depuis une semaine par le collectif des citoyens de Mayotte 2018. Celui-ci proteste suite à l’agression d’une femme dans son véhicule à Koungou, jeudi 10 octobre, et tient la régularisation des étrangers comme facteur de la montée de l’insécurité à Mayotte. « On comprend le blocage des citoyens de Mayotte 2018, on n’est pas contre l’insécurité, on est tous concerné par cela. Elle concerne les Mahorais et les étrangers. Mais ils doivent comprendre que nous sommes étudiants, tous les étrangers ne font pas de mal », explique Amina Saïd*, 18 ans, étudiante en licence de langue. Admise au sein d’un master à Paris, elle aimerait poursuivre son cursus en métropole.

Le petit groupe indique d’ailleurs que les services de l’État ont déjà permis l’octroi de visas alors que ses locaux étaient bloqués. « L’année dernière, il y avait aussi ces blocages, mais les étudiants étaient reçus. S’ils souhaitent nous accueillir, ils peuvent le faire », ajoute Fatima Abou Hamid. Titulaire d’un BTS développement animation des territoires ruraux, la jeune femme souhaite obtenir un visa pour poursuivre une licence professionnelle en agronomie à La Réunion. A côté d’elle, sa camarade montre sur son téléphone une demande de visa acceptée par le site gouvernemental de la préfecture. « Certains d’entre nous ont effectué leur demande de visa depuis trois mois et sont acceptés dans leur formation. Ne pas pouvoir la suivre, ça nous pénalise, certains peuvent être exclus de leur établissement », alerte l’étudiante. C’est le cas de Daniel Hassan*, 19 ans, présent sur la place, ce lundi matin. Titulaire d’un baccalauréat en mathématiques mention très bien, il a été accepté au sein d’une école d’ingénieurs à Rennes.

Ce dernier, comme tous ses camarades étudiants, attend donc d’avoir une réponse de la préfecture pour s’y rendre.

*Certains étudiants ont souhaité rester anonymes.

Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.

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