Un travailleur social d’une des associations chargées de loger les anciens résidents du camp de Cavani, à Mamoudzou, pointe « sûrement » un souci de logistique plutôt que de manque de places concernant les migrants évacués du stade mais toujours dehors.
« Le deal, c’était qu’ils détruisent eux-mêmes leur banga et en échange, on les loge », résume un travailleur social d’une des associations relogeuses des migrants du camp de Cavani, à Mamoudzou, qui accepte de nous éclairer en revenant sur leur rôle dans l’opération d’évacuation du camp fini d’être démantelé vendredi. En lien avec la préfecture de Mayotte, les structures mobilisées ont débuté leur travail de recensement de la population la veille du début de l’opération du 25 janvier. D’abord, elles ont enregistré 500 personnes, puis leur nombre a dépassé le millier. « Il est possible que certaines personnes aient donné de fausses informations pour être inscrites par peur de manquer quelque chose. Des personnes qu’on avait déjà d’inscrites chez nous, avaient déjà une solution d’hébergement, ou qui vivaient dans la même situation mais ailleurs dans d’autres bidonvilles comme devant Solidarité Mayotte et qui ont entendu qu’elles pourraient être logées. »
Cette liste « de qui va où », vue avec la préfecture, a donné lieu à des réunions avec les différentes associations pour trouver des solutions : Solidarité Mayotte, Mlezi Maore, Association pour la condition féminine et l’aide aux victimes (Acfav) et Coallia. « Normalement, il y avait un hébergement pour toutes les personnes recensées. Chaque association avait quelque part sa liste », explique-t-il. Chacune avec ses spécificités selon le public accueilli. Les demandeurs d’asile uniquement pour Solidarité Mayotte pour une durée maximale de trois mois. Coallia, pour les réfugiés, c’est-à-dire ceux ayant obtenu la protection, etc.
Alors pour lui, concernant les personnes qui restent à attendre devant les barrières du stade de Cavani, « il y a sûrement eu une histoire de manqués » ou de « problèmes de logistique » dans l’évacuation du camp, compte tenu de l’« urgence ». « Je ne pense pas que ce soit un manque de places », indique celui qui n’était pas présent jeudi et vendredi, mais est en lien avec sa direction.
« Il y a des personnes qui étaient au camp »
« Il arrive que les personnes enregistrées ne soient pas présentes le jour d’un démantèlement, parce qu’elles sont au travail, à l’hôpital, convoquées en préfecture, pas joignables car elles ont changé de numéro de téléphone… Et puis il y a aussi les personnes qui se rajoutent », expose notre source. Ce qui expliquerait ces « manqués ». Il se souvient notamment, à un moment de l’opération, d’une femme avec son enfant qui n’avaient pas été relogés comme cela était prévu après la destruction de leur abri. Ils avaient finalement pu être relogés après les avoir reconnus.
Justement, jeudi soir, la veille du dernier jour de démantèlement, une centaine de personnes attendaient proche du stade, empêchées par les autorités d’accéder à nouveau à leurs « maisons » comme elles les appellent. Une quantité installée aux abords du stade, peut-être encore plus nombreuse, qui attend toujours des solutions. « Dans le lot, il y a des personnes qu’on a reconnu et qui disent vrai, qui étaient au camp », renseigne-t-il, convaincu, sans avoir de confirmation, que cela représenterait la majorité des non-hébergées. Il n’exclut pas la possibilité que des solutions leur soient proposées dans les jours à venir.
Que cela soit parce que les personnes en question viennent dans les bureaux de Solidarité Mayotte défendre leur cause. Ou bien, indépendamment du camp, grâce à son registre de demandeurs d’asile auquel cette association a accès, en tant que structure de premier accueil pour demandeurs d’asile (Spada). Son rôle étant, notamment, d’aider à trouver un rendez-vous avec la préfecture pour aider les étrangers arrivés Mayotte à réaliser leur demande.
Selon notre interviewé, une réunion entre la préfecture et les associations avait encore lieu lundi pour discuter de la situation. Sollicitée, la préfecture ne nous a toujours pas donné de réponses.