A Labattoir, la colline du Four à Chaux vidée de ses cases en tôle

Une nouvelle opération de destruction de cases en tôle s’est déroulée, ce jeudi matin, à Dzaoudzi-Labattoir. 25 constructions, installées sur la colline du Four à Chaux et derrière des maisons en dur, étaient concernées.

Contrairement aux derniers décasages, aucune pelleteuse n’est intervenue au début de l’opération, ce jeudi matin, à Dzaoudzi-Labattoir. En effet, du fait du terrain accidenté, les machines de l’entreprise mandatée ont dû attendre que les employés procèdent « manuellement » au démantèlement des habitations ou des enclos. 25 cases étaient visées par l’arrêté préfectoral de cette partie du quartier M’bouyoujou (les cases au bord de la mer, derrière la station Total, font l’objet aussi d’un arrêté). Celles-ci se sont développées au fil des années derrière des habitations en dur, côté Labattoir. « C’est une opération différente de ce qu’on a connu avant. On est sur des stratégies qui sont d’arrêter les bidonvilles aux limites des secteurs urbanisés et légaux », indique d’ailleurs le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Il ne s’agit pas que d’habitations d’ailleurs, il y avait aussi des enclos pour les animaux ou des plantations d’arbres fruitiers.

Un seul recours

Il y a eu peu de contestations de l’arrêté, un unique recours a été déposé au tribunal administratif de Mamoudzou, mais le plaignant a vu sa demande déboutée. Concernant les obligations de la préfecture, du relogement a été proposé aux personnes étrangères en situation régulière et aux Mahorais qui vivaient là. Cependant, « les familles ont refusé en général les propositions d’hébergement », admet Thierry Suquet. « Elles ont déménagé d’elles-mêmes. Après, si elles ne donnent pas l’endroit où elles sont. Chacun est libre de sa destination. »

Seule une famille était encore sur place, ce jeudi matin. Une entreprise a été appelée en urgence pour qu’un camion puisse récupérer les meubles. « Elle n’a pas refusé de partir. Elle attendait qu’on vienne chercher ses affaires. C’est l’une de nos obligations », indique le représentant de l’État. Les services municipaux de Dzaoudzi-Labattoir ont d’ailleurs aidé à déplacer les objets. Selon le préfet, le dernier habitant a confirmé avoir son propre point de chute.

Un repaire de « la bande de Gotham »

La gendarmerie voit d’un bon œil l’opération de ce matin. Le lieu est connu pour être un point de passage des derniers membres de « la bande de Gotham », bien connue en Petite-Terre. Outre pour des faits de délinquance, celle-ci a été démantelée en 2021 à la suite d’un triple homicide. Malgré cela, « une émanation de cette bande » profitait toujours de l’endroit pour passer de l’un et l’autre côté de la colline afin de caillasser aussi bien au niveau du rond-point du Four à Chaux qu’à celui du Mékong, à Pamandzi. « Des petits groupes de délinquants se sont constitués, avec une présence d’un grand nombre de chiens, pour terroriser la population et effectuer des infractions. Ils avaient pour habitude de se regrouper très souvent près du château d’eau », relève le général Olivier Capelle, le commandant de la gendarmerie de Mayotte. Une dizaine d’interpellations en 2022 et d’autres en 2023 ont permis de ramener le calme dans cette zone.

« Le fait d’avoir une action judiciaire et une action administrative de destruction de cases fait qu’on nettoie en profondeur certains secteurs », estime d’ailleurs le chef des gendarmes.

« Une habitude et une industrie de lancer des recours »

« Il y a des recours sur la totalité des opérations. C’est devenu une habitude et une industrie pour un certain nombre d’avocats de lancer des recours contre les arrêtés préfectoraux », confirme le préfet de Mayotte, évoquant une quinzaine d’opérations de ce genre prévues sur le territoire de Mayotte. Les plaintes peuvent porter à la fois sur le déroulement de l’enquête sociale, les propositions d’hébergement ou l’obligation de stocker les affaires des « décasés ». A la préfecture, on assure que ces contestations devant la justice sont désormais prises en compte dans son calendrier. Un délai de « deux ou trois mois » intervient donc souvent entre la publication de l’arrêté et le décasage lui-même.

Pour rappel, venu il y a deux semaines pour un premier bilan de Wuambushu, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin avait annoncé la destruction de « 1.250 cases d’ici la fin de l’année ».

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