Ce vendredi 20 août, le comité régional olympique et sportif (CROS) de Mayotte a signé un contrat cadre avec AP Run pour devenir un centre de formation et d’apprentissage (CFA). Si les besoins de coachs sportifs sont croissants sur le territoire, les structures d’accueil peuvent parfois se montrer réticentes à l’embauche de ces jeunes diplômés, faute de moyens suffisants.
« Vous allez vous éclater ! » La présidente d’AP Run, Véronique Lagourgue, ne cache pas sa joie au moment de parapher ce vendredi 20 août le contrat cadre qui lie l’association réunionnaise au comité régional olympique et sportif de l’île aux parfums, dans le but de devenir une unité de formation par apprentissage, rattachée au département voisin, puis un centre de formation et d’apprentissage. « Nous avons été parrainés [par le CFA du sport et de l’animation de Bourgogne-Franche-Comté], il fallait bien rendre la pareille. Je suis très heureuse que notre choix se soit porté sur Mayotte. »
Ce partenariat entre les deux institutions est l’étape suivante d’un travail initié depuis deux ans avec le centre de ressources, d’expertises et de performance sportive (CREPS) de La Réunion, qui a notamment permis la mise en place du très réglementé brevet professionnel subaquatique. « La plongée est le plus gros employeur de coachs sportifs sur le territoire, mais nous n’étions pas habilités à [le] proposer tout seul », résume Patrick Lemoine, le directeur du CROS. Ainsi, avec ce transfert de compétences, le mouvement sportif olympique envisage de gagner en autonomie afin de répondre à la demande.
L’emploi en priorité
Dans un premier temps, le CROS table sur une vingtaine de stagiaires annuels pour délivrer des diplômes dits multisports, plus communément appelés activités pour tous. « Si le besoin augmente, nous nous adapterons. Il ne faut pas que nous ayons une logique de volume, il faut que l’emploi suive derrière. Or, le marché du travail mahorais ne peut pas absorber vingt professionnels dans la même activité », prévient le désormais ex-directeur. Malgré les aides de l’État qui oscillent entre 5.000 et 8.000 euros par an dans le cadre du plan de relance et celles de l’agence nationale du sport (ANS), à hauteur de 6.000 euros, les rouages de l’apprentissage peuvent s’avérer encore complexes à saisir. « Ce n’est pas uniquement un problème de moyens, cela peut aussi effrayer d’un point de vue administratif. Avoir un salarié représente un grand changement pour une association. Il faut accompagner les dirigeants bénévoles en ce sens. »
Toutefois, des solutions existent, comme la mutualisation de l’emploi sportif. Une démarche engagée par l’association profession sport et loisirs (APSL). Ou alors la mise à disposition par des collectivités. « Beaucoup de mairies ont envie de renforcer leurs équipes, elles sont demandeurs de formations spécifiques. » Le CROS en a conscience, il n’en est qu’au début de cette nouvelle aventure. Alors il ne compte pas se brûler les ailes et préfère y aller étape par étape. À l’instar d’AP Run qui achève sa cinquième année en tant que CFA. « Nous avions 10 apprentis en 2016, contre 73 cette année », rappelle Morgane Orrière, la directrice de l’association. Une trajectoire chiffrée qui fait saliver et qui donne des idées à l’aube de l’organisation des Jeux des Îles en 2027. « N’ayez pas peur d’inventer ce que vous ne pensez pas possible », glisse en guise de conclusion Véronique Lagourgue. Avec ce projet d’apprentissage, c’est tout une dynamique sportive qui s’enclenche.
Certification Cléa Numérique en complément
AP Run et le CROS de Mayotte ont également décidé d’unir leurs forces pour déployer un module de formation inédit sur le territoire : coach sportif numérique. Cette formation, pour laquelle AP Run a été récompensé en 2020 par la Fondation la France s’engage, permettra aux apprenants sport et animation d’obtenir la certification Cléa Numérique, et ce dès le 3ème trimestre 2022.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.