À 24h d’un stage au Kenya et au Rwanda, 11 jeunes se voient refuser leur départ

Ce jeudi 25 février, le centre de formation DAESA devait envoyer 11 jeunes au Kenya et au Rwanda pour un stage entreprise d’une durée de 3 mois. Mais à la veille du départ, la structure a appris le véto du Département, principal financeur, en raison de la situation sanitaire. Un argument que ne peut pas accepter Tafara Houssaini , le directeur commercial associé, qui ne mâche pas ses mots face à cette décision prise unilatéralement par la collectivité sans réfléchir aux moyens mobilisés.

Flash Infos : Pas moins de 11 jeunes mahorais devaient s’envoler pour le Kenya et le Rwanda ce jeudi pour effectuer un stage en entreprise dans les métiers de l’informatique et du numérique. Une mobilité à l’international qui existe depuis maintenant 4 ans. Mais à la veille du départ, le conseil départemental a opposé son véto. Pour quelles raisons ?

stage-kenya-rwanda-jeunes-refus-departAssani Tafara : Motif de précaution m’a-t-on dit… Plus sérieusement, m’informer à 24 heures du départ qu’on annule tout alors que cela fait plusieurs mois que l’on bosse sur ce projet et que l’on a des partenaires qui nous attendent sur place, c’est affligeant ! Tout cela à cause du directeur de la direction de l’apprentissage, de la formation professionnelle et de l’insertion au Département, en poste par le passé à l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité (Ladom), qui bizarrement arrive toujours à envoyer des jeunes à La Réunion, à Maurice ou en métrople sans aucun souci…Le principe de précaution ne vaut-il que pour nos jeunes ? Il a monté la tête à tous. Ce dernier a convaincu les élus, qui ont pris peur et qui ont changé d’avis, de la nécessité de reporter notre voyage au vu de la situation sanitaire, une décision prise sans prendre en compte les démarches et les actions du centre qui a sécurisé tout le parcours, dans le respect des exigences du moment. Cette mobilité est financée par le conseil départemental dans le cadre des fonds européens Interreg (programme de coopération interregionale). Cela m’a complètement fait sortir de mes gonds. Aujourd’hui, on nous demande de reporter les stages, qui sont d’une durée de 3 mois, d’au moins 3 semaines alors que les examens sont prévus dans 4 mois. Sauf qu’à quelques heures heures du départ, nos marges de manœuvre sont limitées.

FI : Plus concrètement, de quoi ont-ils peur alors que vous avez fait vos preuves au cours des dernières années ?

A. T. : Avec la crise sanitaire, ils ont sorti l’actualité des Mahorais bloqués à l’extérieur du territoire. De fait, ils ont peur que ces jeunes vivent la même situation et qu’ils soient obligés de rentrer à l’improvisite. Mais il faut savoir que selon l’agence Reuters, les taux d’incidence (nombre de cas pour 100.000 habitants) pour ces deux pays sont de 2 pour le Rwanda et de 5 pour le Kenya. Sans parler de l’excuse du confinement à Mayotte. Je ne comprends absolument pas les arguments remontés. Nos partenaires sont sérieux et nous maîtrisons les circuits. On envoie chaque année 50 jeunes pour des stages de mobilité à l’internationale (Nairobi, Maltes, Londres, etc.) et tous, sans exception, vont jusqu’au bout des parcours. Quelle crédibilité renvoie-t-on à nos parttenaires et à notre public ? Durant notre escale dans la capitale, nous avions prévu des visites auprès du ministère des Outre-mer et de la délégation de Mayotte à Paris.

Dans 10 jours, on a un autre contingent qui part à Malte (cette fois-ci via un financement sur le programme Erasmus+). On a apporté exactement les mêmes garanties et l’Union européenne a validé sans soucis! Au moins, on est pris au sérieux. Par contre, dès qu’il s’agit du Département, c’est toute de suite plus compliqué : on a toujours des personnes qui viennent imposer leurs manières de faire ! Au sein de la collectivité, certains agents sont encore plus royalistes que les rois et nous sortent des règles à dormir debout. Ils font tout pour que ça ne marche pas. Et le pire c’est que ce sont des Mahorais écoutés et mis en avant qui bloquent, ce ne sont pas des Wazungus comme on peut l’entendre ici et là. Et après, ils viennent nous expliquer que ce n’est pas de leur faute, mais celle de leurs supérieurs et des conseillers départementaux. Il faut qu’ils sachent qu’on est en contact aussi avec ses mêmes élus.

FI : À vous entendre, il faut se lever de bonne heure pour que les projets aboutissent…

A. T. : Tout est fait d’une manière tellement méprisante… On n’est pas que des simples prestataires de formation, on est des acteurs du monde économique et social, on a un réel impact sur les jeunes accompagnés mais aussi auprès des familles qui s’impliquent dans la réussite de leurs enfants. On leur donne tous les moyens pour qu’ils deviennent des adultes responsables. Pour cette mobilité, on a avancé 20.000 euros pour l’hébergement, le transport et la restauration. On nous propose un remboursement des frais engagés, mais cerise sur le gâteau, on n’a reçu aucun paiement du CD sur nos prestations de formation depuis d’août 2020. Je vous laisse imaginer les jonglages que l’on doit faire pour maintenir les emplois et permettre aux jeunes de suivre les formations dans les meilleures conditions. Le Département nous doit toujours 210.000 euros. Et c’est la même chose pour les autres centres de formation de Mayotte. Mais c’est un peu facile de nous faire la morale sur la gestion de nos entreprises… On est partenaires, mais ces gens-là tuent l’économie locale. Tout simplement. Dans quel monde vit-on pour agir de la sorte alors qu’on doit accélérer et innover pour rattraper notre retard ? On les laisse prendre les colliers de fleurs et les louanges, mais qu’on nous laisse travailler !

On va nous dire qu’on arrête pas de râler, mais depuis le début de l’année, c’est le deuxième dossier avec la collectivité pour lequel des personnes bouleversent les règles du jeu alors qu’on a déjà engagé les dépenses. Au vu de la pertinence du projet, la préfecture nous a octroyé 100.000 euros pour le projet. Les élus ont délibéré dans ce sens et un simple agent du conseil départemental a changé les montants attribués pour qu’on finisse à 80.000 euros… On a l’impression que chacun fait ce qu’il veut, quand il veut. Ils oublient juste qu’il y a des chefs d’entreprise qui ont sacrifié leurs vies de famille et leurs loisirs pour porter des projets et pour accompagner notre jeunesse à s’émanciper et à répondre aux enjeux du développement du terrioitre. Ici, contrairement à ce qu’il se dit, on ne manque pas d’ingénierie, on a un concentré de personnes qui sont prêts à bloquer des projets quand ça ne vient pas d’eux ou d’une personne de leur famille.

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