Les élèves en première année du bac professionnel boulangerie-pâtisserie du lycée polyvalent de Kawéni ont visité Tsingoni vanille, l’exploitation de l’agriculteur passionné Mouhamadi Ahamada. Ce vendredi, celui qui est connu comme « Foundi Madi » leur a transmis son amour pour ce produit et leur a expliqué les secrets pour le cultiver.
« Au-dessus des pieds de vanille, il y a plusieurs couches d’ombrage, avec des cocotiers, des bananiers pour la protéger. » Ce vendredi, « Foundi Madi », qui gère Tsingoni vanille dans le village du même nom, livre ses secrets pour cultiver ce produit noble aux lycéens venus visiter son exploitation. Le groupe se faufile à travers la forêt luxuriante de ses terres. Le décor est dépaysant pour ces élèves au lycée des métiers de Kawéni en première année du bac professionnel boulangerie-pâtisserie. Le producteur leur explique les différentes étapes pour cultiver cette épice. Ce jour-là, des fleurs sont prêtes à être fécondées, une étape essentielle pour obtenir des gousses. A l’aide d’une aiguille, Mouhamadi Ahamada ouvre le pistil et fait basculer l’opercule pour que les parties mâles et femelles se rencontrent. Une opération longue et méticuleuse. « Certains jours, je féconde entre 500 et 1.000 fleurs, j’ai l’habitude », raconte-t-il aux jeunes. Les gousses vont ensuite se développer pendant la saison des pluies. Passionné par son activité, il leur transmet sa flamme. « J’adore être dans mon exploitation, ici le temps passe très vite. Quand on aime ce qu’on fait, on le fait toujours bien », leur confie-t-il.
« Un devoir » de transmettre le savoir-faire
Karl Delacroix, le professeur de boulangerie-pâtisserie, est à l’initiative de cette journée. « Pour moi, c’est une évidence de se rapprocher des entrepreneurs dans le cadre de la formation des jeunes. D’autant qu’à Mayotte, nous avons l’avantage de pouvoir aller dans des productions de vanille et cacao, des produits très prisés en pâtisserie », souligne-t-il. Leur professeur espère à travers cette visite « créer des étincelles chez les élèves ». L’agriculteur est lui aussi heureux de transmettre son savoir-faire aux jeunes générations, « c’est un devoir », estime-t-il. « On m’a élevé en m’enseignant comment cultiver la vanille. A mon tour, je dois leur apprendre, c’est la vie qui continue, transmettre aux jeunes, c’est aussi honorer mes ancêtres », évoque le producteur dont sa vanille a obtenu une médaille d’argent au concours général agricole de Paris en 2022 et 2023.
Traverser son exploitation, c’est également découvrir les cultures locales de l’île, arbre à caramboles, jacquier, citronniers, « là, du gingembre pousse et du curcuma », montre-t-il. Très consciencieux, les lycéens prennent des notes de tout ce qu’ils ne connaissent pas. La visite a « beaucoup plu » à Ansufati Attoumani, lycéenne, qui a « appris beaucoup de choses ». Son camarade Youssouf Ahamada M’Houmadi est maintenant convaincu, quand il travaillera comme boulanger-pâtissier il veut cuisiner avec « des produits Made in Mayotte ». A la fin de la matinée, les adolescents ont aussi présenté leur savoir-faire, ils ont préparé une brioche à la vanille cultivée par Fundi Madi et des choux à la crème également parfumés avec l’épice. Pour leur professeur, faire connaître les productions locales a aussi une importance marketing. « Pour la communication, un professionnel qui connaît son produit peut expliquer de quelle exploitation il vient, comment la personne travaille », indique-t-il.
La classe du bac pro boulangerie-pâtisserie fera goûter ses spécialités à la vanille (mais pas seulement, de délicieuses tartes au chocolat, sandwichs seront aussi proposés), lors de la fête de la Vanille, le samedi 30 novembre, au Pôle d’excellence rurale de Coconi.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.