Les professionnels qui souhaitent s’investir dans les produits cosmétiques ont été conviés à une matinée de formation le 26 novembre à la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte. L’objectif sur le long terme est de structurer la filière. Il est donc impératif que les produits fabriqués sur l’île soient conformes aux normes françaises et européennes.
Une dizaine de professionnels ont répondu à l’appel de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et de la Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dieccte) pour la formation sur la réglementation des produits cosmétiques fabriqués et vendus à Mayotte. “Il y a de plus en plus d’acteurs qui s’y intéressent. Cependant, cette filière est soumise à une certaine réglementation. Nous avons donc souhaité les informer des normes françaises et européennes qui sont applicables aussi à Mayotte”, rappelle Latufa Youssouf, responsable de la filière cosmétique et pharmacopée à la CCI.
Mais force est de constater que celles-ci sont peu connues des professionnels mahorais. “Je connaissais certaines règles parce que je me suis renseigné sur internet, mais aujourd’hui je réalise que j’ignorais beaucoup d’entre elles”, avoue Soumaila Moeva, producteur et distillateur d’ylang-ylang de la marque Jardin d’Imany. “Je connaissais quelques-unes de ces règles parce que je suis issue d’un BTS qualité dans les industries pharmaceutiques et cosmétologiques. Mais c’est vrai que je n’y prêtais pas vraiment attention, car je suis dans la distribution et non dans la fabrication”, affirme Soalihat Tany, gérante du magasin So boutik. L’objectif sur le long terme pour la CCI est de structurer la filière cosmétique, car les produits fabriqués à Mayotte se font encore de manière artisanale.
Une réglementation difficilement applicable à Mayotte
Étiquetage, composants, analyses… Tout doit être conforme aux normes et doit être validé par le centre antipoison et toxicovigilance. Néanmoins à Mayotte, les outils nécessaires à la conformité française et européenne ne sont pas réunis. Les fabricants doivent envoyer leurs produits cosmétiques en métropole pour les faire analyser avant de les mettre en vente. “Je pense que beaucoup ne vont pas respecter cette étape parce qu’elle est contraignante. Envoyer les échantillons, attendre les résultats nous fera perdre beaucoup de temps”, selon Soalihat Tany. Cette dernière souhaite commencer à fabriquer ses produits, mais la réglementation, qu’elle découvre dans les moindres détails, risque de lui faire changer d’avis. Ne pas la respecter peut entraîner des amendes qui s’élèvent à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Les règles sont certes très strictes, mais elles peuvent également être considérées comme source de motivation. “Si je veux un jour m’exporter aux Etats-Unis ou en Europe, je dois me plier aux règles qui sont à la hauteur du marché que je veux conquérir. Il est donc tout à fait normal de se plier à la réglementation”, indique Soumaila Moeva.
Afin de mener à bien le projet de structuration de la filière cosmétique, la CCI annonce la création d’un technopole à Dembéni. Celui-ci devrait faciliter le travail des fabricants mahorais. “Ce sera une plateforme qui va héberger plusieurs activités. Il y aura aussi un laboratoire que nous espérons pouvoir équiper afin d’effectuer quelques analyses à Mayotte”, espère Latufa Youssouf. Mais tout ne pourra pas être fait sur place, l’envoie de certains échantillons dans l’hexagone sera inévitable. Quoi qu’il en soit, les producteurs et vendeurs devront appliquer cette réglementation car la Dieccte prévoit déjà d’effectuer des contrôles dans quelques mois. Le temps de laisser les choses se mettre en place.
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