Quatre ans plus tard, une formation de pré-qualification aux métiers de la mer à Mayotte

Dès la semaine prochaine, le centre de formation Accès lance une formation de préqualification dans les métiers de la mer. L’objectif : transmettre les connaissances théoriques et pratiques aux 16 stagiaires pour leur permettre d’intégrer par la suite une formation diplômante en local ou en mobilité. Entretien avec Tafara Houssaini Assani, l’instigateur de ce projet revisité, en partenariat avec les professionnels du secteur.

Flash Infos : Comment vous est venu à l’esprit ce projet de formation de préqualification dans les métiers de la mer ?

Tafara Houssaini Assani : Au détour de discussion avec les pêcheurs et les plaisanciers. Ils m’ont à tour de rôle remonté les difficultés à trouver des jeunes qualifiés dans les métiers de la mer. Logique, ces derniers ne sont pas mis en valeurs et se limitent à la pêche… Puis, j’ai rencontré Georgette Bréard, vice-présidente de la région Bretagne en charge de la formation, de l’apprentissage et de l’orientation lors de sa venue à Mayotte en 2018-2019 pour l’élaboration du schéma régional du développement économique, de l’innovation et de l’internationalisation (SRDEII). Cela a mis un coup d’accélérateur !

En mai 2020, le centre de formation Accès a répondu à l’appel à manifestation de la préfecture pour un projet de coopération régionale sur le programme INTERREG dans l’optique de permettre à des jeunes d’aller effectuer trois mois de stage à Madagascar auprès de professionnels dans les métiers de la mer. Mais comme d’habitude, cela a pris un temps monstre de tout mettre en place. Le dossier général sur lequel je travaille depuis quatre ans a été approuvé par le conseil départemental au début du mois de mars, via l’attribution des marchés de formation de l’année 2019.

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FI : Comment cette formation va-t-elle s’articuler ?

T. H. A. : J’aimerais commencer la semaine prochaine. Nous allons organiser un forum des métiers de la mer sur la plage du Faré en Petite-Terre avec des stands en lien avec la pêche, les loisirs nautiques, la préparation du poisson et la vente. L’idée de cet atelier est de présenter les différents corps de métier aux jeunes qui vont pouvoir poser toutes les questions qui leur passent par la tête. Même si nous habitons sur un territoire insulaire, peu d’entre eux ont déjà mis les pieds dans l’eau…

Viendra ensuite la découverte du langage et des codes avec les professionnels de la pêche. Avant d’entamer une remise à niveau concernant le savoir-être et les savoirs de base, comme les mathématiques, le français et l’informatique. Une fois la partie technique théorique bien assimilée, les stagiaires partiront en stage à Mayotte pour une durée de trois semaines dans le but de se confronter aux réalités du terrain et de revenir avec une idée claire de leur projet professionnel. L’ensemble de la formation et de la préparation va courir jusqu’à la fin du mois de décembre 2021.

FI : Ce sera alors le moment pour les stagiaires de prendre leur envol…

T. H. A. : Tout à fait ! Comme je le disais, ils vont partir pendant trois mois à Madagascar au début de l’année 2022 pour alterner entre la pratique sur les bateaux à Majangua et la théorie en centre à Antanarivo. À leur retour, plusieurs choix s’offriront à eux pour la formation qualifiante de six mois. Soit, ils s’envoleront pour la métropole, à Bordeaux pour les métiers de l’animation ou en Bretagne pour les métiers purs et durs de la mer. Soit, ils intégreront l’école d’apprentissage maritime à Mayotte. Dans tous les cas, le but est qu’ils connaissent les bases pour ne pas les envoyer au casse-pipe. Mais le top serait de pouvoir tous les envoyer en métropole, car ce n’est clairement pas la même expérience que l’on soit à Lorient ou à Mamoudzou…

Par contre, l’objectif est de les faire revenir à terme sur l’île aux parfums. C’est l’une des volontés des syndicats de pêcheurs, notamment ceux de M’Tsapéré, car à partir de décembre 2021, ils ne pourront plus partir en mer s’ils n’ont pas un titulaire du brevet de capitaine 200.

À qui s’adresse cette formation préqualifiante ?

Cette formation préqualifiante s’adresse à tous les publics de plus de 16 ans. Pour s’inscrire, il leur suffit d’être inscrit comme demandeur d’emploi à Mayotte, d’avoir une carte d’identité ou un titre de séjour en règle, de posséder un relevé d’identité bancaire et une attestation de sécurité sociale.

Le coût de la formation jusqu’au mois de décembre s’élève à 123.000 euros, pour 750 heures de théorie et 105 heures de pratique en entreprise.

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Mayotte Hebdo n°1112

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