Ce jeudi, une trentaine de jeunes recrues étaient présentées au drapeau après leur premier mois de formation initiale tandis qu’une quinzaine de volontaires se voyaient remettre leur certificat d’aptitude personnelle à l’insertion (CAPI). L’occasion de faire le point sur le dispositif du service militaire adapté, qui fête cette année ses soixante bougies dans les départements d’Outre-mer. À Mayotte, face au chômage et à la délinquance, le régiment confirme sa place dans l’insertion des jeunes.
“Volontaires de Mayotte, souviens-toi de ce nom, défile la tête haute !” Les paroles chantées en chœur résonnent depuis l’arrière du RSMA à Combani. Ce refrain, entonné distinctement par les jeunes recrues, est rapidement rejoint par le reconnaissable son des rangers qui battent le bitume en ordre serré. Ils sont un peu plus d’une trentaine ce jeudi à avoir défilé derrière le drapeau bleu blanc rouge, à l’occasion d’une cérémonie qui acte la fin de leur formation militaire initiale (FMI). Après trois semaines intensives, une nouvelle promotion, débutée en juin 2021, rejoint ainsi le circuit du RSMA de Mayotte, qui forme chaque année près de 600 jeunes et les accompagne vers l’insertion sociale et l’emploi. Seule condition pour intégrer le dispositif : être Français et avoir entre 18 et 25 ans.
“Vous avez fait le choix d’entrer au RSMA. C’est un choix respectable, courageux et digne”, salue en introduction de cette cérémonie de présentation au drapeau le Lieutenant-Colonel Pierre-Louis Dubois, commandant du régiment. “Vous avez renoncé à la facilité, à l’oisiveté et vous avez choisi la droiture du comportement plutôt que la délinquance”, ajoute-t-il avant de leur rappeler la devise du régiment. “La réussite par l’effort et le travail !”, clament d’une même voix les jeunes en rang dans leur treillis.
“Au bout de deux mois, ils ont les idées claires”
Réveil matin 4h, travaux d’intérêt général, apprentissage des codes de l’armée, savoir-vivre… Au cours de ce premier mois de formation, les volontaires du RSMA apprennent le bé-a-ba de la vie en communauté et de la cohésion, enjeux clé de toute formation militaire. Sans oublier les “factures”, punitions et pompes, qui tombent sur tout le groupe si l’un d’entre eux fait une bourde. De quoi rééduquer des jeunes en pertes de repères, souvent éloignés des circuits de formation et de l’emploi. “Quand ils arrivent ici, ils sont perdus. Et au bout de deux mois, on le voit, ils ont les idées claires”, souligne le sergent Jean Youmouddine, sous-officier adjoint au chef de section VSC (volontaires service court). “J’ai vu le RSMA se construire et venir faire de l’insertion ici, c’est un honneur”, ajoute le militaire originaire de Mayotte qui a passé 22 ans à Angoulême.
Grâce aux encadrants, les jeunes recrues peuvent en effet s’orienter vers l’une des 19 formations proposées par le régiment. Neuf d’entre elles concernent le bâtiment, avec des ateliers dédiés directement sur le site de Combani. Mais les volontaires peuvent aussi s’orienter vers le tertiaire : restauration, sécurité, commerce, aide à la personne, transport routier… En bonus ? Le permis, qu’ils passent gratuitement et un petit revenu de quelque 300 euros par mois payé à tous les volontaires stagiaires. À l’issue de la formation, qui peut s’étaler sur dix mois, le jeune peut directement postuler à un poste ou tenter de rejoindre une formation qualifiante.
80% d’insertion à Mayotte
Ce jeudi, une quinzaine de recrues se voyaient ainsi remettre leur CAPI, certificat d’aptitude personnelle à l’insertion, après dix mois passés entre ces murs. De quoi garantir à leur futur employeur la validation des “compétences nécessaires et attendues : un savoir-être, un savoir-faire, un savoir, et un savoir secourir”, rappelle le Lieutenant-Colonel Dubois. “Quand vous serez seuls face à votre employeur, face à votre famille, vous devrez vous rappeler d’être à l’heure, la bonne tenue, le goût du travail en équipe, le respect de son chef. N’oubliez pas les valeurs qui vous ont été inculquées.” Un volontaire est considéré comme inséré quand il décroche un contrat de plus de six mois. Face à la jeunesse de la population et le chômage de masse, ce dispositif dédié aux Outre-mer, devenu officiellement un régiment du service militaire adapté en 2018 et qui fête ses soixante bougies en France (33 années d’existence sur le département), confirme son implantation sur le territoire. À Mayotte, 80% des jeunes trouvent une sortie positive, dans l’emploi ou dans la poursuite d’une formation.