Ce jeudi matin, les 85 adultes-relais recrutés par des associations ou des collectivités territoriales dans le cadre d’un dispositif financé par l’État, ont pu assister au collège de Kwalé à un panorama de leurs futurs modules de formation lancés pour une durée d’environ un an dans le cadre d’un « plan départemental de professionnalisation ». Surtout connus pour leur rôle de médiateurs entre les jeunes et les riverains dans le cadre de la lutte contre la délinquance, ces salariés ont en réalité de nombreuses autres casquettes.
« Les adultes-relais ont pour mission de renforcer le lien social entre les habitants des quartiers prioritaires », explique Linda Rabahi, la directrice de Maoré Ouvoimoja. Constitué en 2019, ce groupement d’intérêts prioritaires est en fait un centre de ressources qui accompagne des acteurs de la politique de la ville et de la cohésion sociale et réunit dans ses rangs des membres de toutes les institutions publiques de Mayotte, dont le conseil départemental, la préfecture, la caisse de sécurité sociale, les communes, les intercommunalités et la caisse des dépôts et des consignations, entre autres.
Lancé par le comité interministériel des villes en 1999, le dispositif adultes-relais n’a été mis en place que cette année 2021 à Mayotte. Financé à hauteur de 20.071,82 euros par l’État dans le cadre d’une convention signée avec la politique de la ville et de la cohésion sociale, il a pour objectif de renforcer le lien social entre les habitants des quartiers prioritaires. Concrètement, ces adultes-relais sont des salariés recrutés par des associations ou des institutions publiques et rémunérés sur la base du smic en fonction de leurs compétences, mais également de la nature de la structure qui les emploie. Ouverts sous condition d’avoir au minimum 26 ans, d’habiter un quartier prioritaire et d’être au chômage, ces postes ont la double fonction de créer du lien social, mais aussi des emplois. Mayotte a d’autant plus besoin de ressources humaines sur ce type d’emploi que les quartiers prioritaires, au nombre de 36, couvrent 70 % du territoire.
En revanche, « pas d’amalgame ! », comme aiment le rabâcher les tenants du « politiquement correct » : ces postes n’ont pas pour seule mission de prévenir la délinquance, confusion communément faite sur l’île aux parfums. En effet, si certains d’entre eux ont bien pour fonction d’effectuer une médiation entre les jeunes dangereusement attirés par les sirènes de la délinquance et les habitants « respectables », d’autres ont un objectif bien plus simple : assurer tout simplement la tranquillité des quartiers et marquer une certaine « présence de proximité ». Certains ont même vocation à pallier les manquements du système en termes d’alphabétisation ou d’actions culturelles. « Chaque métier exercé dans le cadre du dispositif adultes-relais est clairement défini, que ce soit dans la nature de ses interventions ou dans ses fonctions », informe Linda Rabahi. En tout cas, les adultes-relais sont susceptibles d’intervenir sur l’intégralité du territoire mahorais. « Les modalités de transport pour les salariés non véhiculés sont à définir avec les employeurs », précise la directrice de Maoré Ouvoimoja.
Présentation du volet 1 du plan de professionnalisation
Si la formation des adultes-relais se doit d’être garantie par les employeurs, le GIP Maoré Ouvoimoja a été chargé par la politique de la ville et de la cohésion sociale d’en assurer « une formation complémentaire » dans le cadre d’un « plan départemental de professionnalisation ». Sur les cinq volets prévus dans ce plan, ceux sur « l’accompagnement à la mobilité professionnelle » et « la valorisation des ressources existantes » ont d’ores et déjà été déployés depuis la fin du mois d’août dernier. Ce n’est que ce jeudi matin qu’a débuté le volet 1, à savoir la session de formation, qui a logiquement débuté par une présentation des 13 modules que les adultes-relais vont devoir ingurgiter sur l’année scolaire 2021-2022.
Heureusement, tous les adultes-relais sont déjà en postes, certains de fraîche date, d’autres depuis de nombreuses années. Maoré Ouvoimoja et ses partenaires, dont le centre national de la fonction publique territoriale et la préfecture de Mayotte, notamment, n’auront donc qu’à affiner une formation déjà normalement mise en place par les structures employantes. Du pain béni pour tout formateur qui se respecte : quel enseignant n’a en effet jamais rêvé de former des employés motivés à des postes foncièrement utiles à la tranquillité et au lien social ?