La semaine dernière a été marquée par les actes de violences perpétrés dans et aux abords des établissements scolaires. Au-delà de la colère, les parents d’élèves ont peur que leurs enfants soient les prochains à succomber sous un coup de ciseau, de couteau ou un jet de pierre. L’union départementale de la confédération syndicale des familles monte une nouvelle fois au créneau. Sa présidente, Rafza Youssouf Ali, demande des sanctions fortes et exemplaires en urgence pour dissuader les délinquants. En parallèle, un travail sur le long terme, avec différents partenaires, doit également se faire.
Flash Infos : La semaine dernière, différents établissements scolaires ont été le théâtre d’actes criminels. Un lycéen est décédé, d’autres ont été blessés. Ces agressions ne sont pas une première. Quelle est la source du problème selon vous ?
Rafza Youssouf Ali : Les conflits inter-villageois entrent dans les écoles et c’est problématique. Un établissement scolaire est fait pour éduquer et non pour assassiner. Toutes les familles ont la boule au ventre quand leurs enfants partent à l’école. Ce n’est plus possible. Il faut arrêter d’être trop laxistes. Les autorités compétentes doivent prendre des sanctions exemplaires et taper fort.
FI : À quels types de sanctions faites-vous référence ?
R. Y. A. : La justice connaît son travail et doit punir ces jeunes. Mais l’État, le rectorat, et même le Département doivent également prendre des mesures. Nous demandons par exemple à ce qu’il y ait des portiques à l’entrée des établissements scolaires pour détecter les objets dangereux dans les sacs. Nous voulons aussi la création d’un centre d’éducation fermé pour rattraper l’éducation ratée de ces jeunes. Les exclure de l’école ne suffit pas, il faut les encadrer parce que j’estime que ceux qui commettent ces actes de barbarie ont des problèmes psychologiques. Ils ne peuvent être laissés dehors à l’abandon. Ils peuvent aussi être obligés d’effectuer des travaux d’intérêt général avec leurs parents, car ce sont eux qui ont failli à leur devoir. Et puis, ceux qui ne sont pas Français doivent tout simplement être exclus du territoire avec leurs familles.
FI : Travaillez-vous justement avec les familles pour qu’elles puissent mener à bien l’éducation de leurs enfants ?
R. Y. A. : Nous le faisons, mais l’UDCSF n’a pas assez de moyens pour ce genre de mission. Pourtant, ce n’est pas faute de demander ! Mais certains parents devraient réaliser par eux-mêmes qu’ils ont raté l’éducation de leurs enfants et aujourd’hui c’est toute la population qui paye les conséquences. Le pire, c’est que personne n’ose dénoncer ces jeunes. Par exemple, après les affrontements à Kahani, le lycée a été fermé deux jours pour identifier les auteurs, mais jusqu’à présent, nous ne les connaissons toujours pas. Je lance un appel : n’ayez pas peur de dénoncer ces jeunes !
FI : Nous avons eu connaissance de la signature d’une convention entre différents partenaires, dont l’UDCSF, pour lutter à long terme contre la violence juvénile. Quel est l’objet de ce document ?
R. Y. A. : Effectivement, le Département a formé un partenariat avec le rectorat, la préfecture, l’association des maires, le tribunal judiciaire de Mamoudzou et la caisse des allocations familiales de Mayotte. Nous avons signé une convention et nous formons désormais une instance qui mènera des actions pour lutter efficacement contre la violence. Ce document trace le parcours sur lequel nous pouvons travailler.
FI : Pensez-vous réellement que cette instance va éradiquer les problèmes de violence à Mayotte ?
R. Y. A. : Il est clair qu’elle ne sera pas effective dans l’immédiat. Ce que nous faisons est un travail sur le long terme. Nous sommes en train de changer les méthodes. Avant, quand des actes de violences avaient lieu, nous les condamnions avec les mots sans aller plus loin. Cette instance réunit tous les éléments indispensables pour prendre les décisions adéquates.