Une jeune fille de Tsoundzou 1 blessée à cause de grenades lacrymogènes

Mardi 30 mai, dans la soirée, deux grenades lacrymogènes sont tombées sur une habitation en tôle. Leur explosion a provoqué deux trous béants, tandis qu’un morceau de tôle a sectionné la peau d’une adolescente de 16 ans au niveau du dos.

L’odeur âcre du gaz lacrymogène remplit la petite pièce, même des jours après. Ce vendredi après-midi, dans leur habitation faite de tôles, le couple qui y vit désigne le plafond et la chambre de leur fille. Le soir du mardi 30 mai, vers 23h, deux détonations particulièrement fortes ont été entendues, tout comme le cri de l’adolescente de 16 ans. « On est tout de suite sortis de notre chambre. On a senti l’odeur immédiatement », raconte le père. Outre les trous dans le plafond et dans une autre tôle derrière, le gaz a vite rempli le logement de trois pièces situé au-dessus de l’école élémentaire de Tsoundzou 1, coincé entre des maisons Sim et un grand immeuble.

Le lieu est coutumier des affrontements entre les forces de l’ordre* et des bandes locales, comme ce mardi soir-là. Le chemin en terre remonte vers les hauteurs de Tsoundzou 1 et Passamaïnty où s’est établi un quartier informel. « Les policiers se mettent au bout du chemin et tirent leurs grenades vers les hauts », indique une voisine. Est-ce en visant la végétation derrière que les grenades sont tombées au mauvais endroit ? L’enquête doit le confirmer. Ce qui semble clair, c’est que deux d’entre elles ont atterri à la fois sur le toit et contre la paroi arrière avant d’exploser, à même pas un mètre de la jeune fille. « Au début, les policiers n’ont pas voulu admettre que c’étaient eux. Il y en a même un qui a dit que le trou a été fait avec un chombo », s’emporte la voisine, furieuse du sort de cette famille sans histoires.

Une plainte déposée

Blessée grièvement dans le bas du dos alors qu’elle dormait sur le ventre, la collégienne de Kwalé a été transportée à l’hôpital avec sa mère diabétique. Une fois sortie de l’hôpital, la famille a déposé plainte. « On veut juste être reconnue comme victime », admet timidement la mère de famille, une Comorienne de 50 ans en situation régulière sur le territoire. Ce vendredi après-midi, le hasard fait qu’une nouvelle équipe d’enquêteurs est venue faire des constatations au même moment, tout comme les jours précédents. Tandis que la jeune fille se repose en restant allongée sur un matelas dans le salon, ils passent à ses côtés afin de constater les dégâts. L’un d’eux fait l’étonné en regardant le trou dans le plafond et pas encore rebouché. « Oui, c’est bizarre », répond-il à sa collègue. « Comment ça bizarre ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? C’est vous qui avez fait ça, je vous rappelle », le réprimande la voisine.

L’enquêtrice tente de calmer la jeune femme et invite l’autre policier à sortir. Elle essaye de se montrer compréhensive sans vraiment convaincre l’habitante, excédée du jeu du chat et de la souris qui perdure dans ce quartier et des dommages collatéraux qu’il occasionne. Sur son matelas, l’adolescente semble indifférente à la scène. Il y a plus urgent pour elle, elle doit normalement passer son brevet dans quelques semaines.

*Nous n’avons pas eu de retours de la direction territoriale de la police nationale (DTPN).

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