Une bande de Doujani derrière la mort d’« Africa » ?

Dimanche soir, un jeune homme âgé de 17 ans a été tué, dans le quartier de M’rowahandra, à M’tsapéré. Selon les habitants, cela fait plus d’un mois qu’ils subissent des attaques répétées de bandes venues de Doujani.

Ce lundi matin, c’est la tristesse qui domine à M’rowahandra. Dans ce quartier situé au bord d’une piste aux confins de M’tsapéré, la mort d’« Africa » survenue la veille a marqué les esprits. Selon les riverains, il s’agissait d’« un jeune sans histoires », « qui voulait défendre son quartier ». Ils se disent souvent attaqués depuis un mois maintenant, souvent en fin d’après-midi, par des bandes de jeunes. Arhab montre d’ailleurs la crête qui surplombe les lieux et sépare leur vallée de celle de Doujani. Derrière lui, les tôles sont lacérées, résultat de coups de machettes. La porte d’un petit magasin de quartier a été forcée. « Ils nous volent tout, les chèvres, les bouteilles de gaz », déplore cet habitant. Il décrit des groupes de « 200, 300 jeunes avec des machettes », alliés parfois à d’autres bandes de Vahibé, Majicavo ou Combani.

Le corps balancé sur un terrain clôturé

Sur la crête, la police judiciaire était de nouveau sur place, ce lundi matin, accompagnée du Raid. C’est là que le corps d’« Africa », 17 ans a été retrouvé, ce dimanche soir. Il était allongé le long d’une clôture en tôle, le bras entaillé, un pied coupé et avec un œil en moins. Les circonstances exactes sont encore à déterminer. Mais selon les jeunes de M’rowahandra, alors que des assauts ont eu lieu à plusieurs reprises dans leur quartier, ce dimanche, ils ont décidé de monter pour face à leurs assaillants. C’est en voulant les contourner qu’une bande de Doujani est tombée sur trois personnes, dont la victime. Si les deux autres ont pu fuir, « Africa » n’a pas pu leur échapper. Après avoir subi des coups de machettes, son corps a été tiré, puis balancer en contrebas d’une parcelle à proximité.

Le Parquet a confirmé l’homicide, mais l’enquête est en cours et les auteurs n’étaient pas encore connus, ce lundi matin. « Il y en a plusieurs », reconnait-il simplement, annonçant une autopsie ce mardi ou mercredi. S’il y a des craintes de nouvelles exactions, du côté de M’tsapéré, les riverains rappellent que les derniers événements violents avaient été suivis d’accalmie. En effet, dans le village, la mort de « Skini » et l’incendie d’un garage dans ce même quartier de M’rowahandra avaient coïncidé avec une flambée de violences. Celles-ci avaient atteint leur paroxysme quand des jeunes des villages de Kawéni et Majicavo-Koropa étaient rentrés en conflit, avant que la situation se calme peu à peu.

Une ex-élue du Département agressée à Kahani

Au cours du week-end, Tahamida Ibrahim a été violemment prise à partie, alors que son véhicule était bloqué par un barrage à Kahani. L’ex-conseillère départementale du canton de Sada-Chirongui était encore en observation, ce lundi, à l’hôpital de Mamoudzou, suite à un coup à la tête. Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, dont elle est la collaboratrice, « condamne » l’agression qui date de ce vendredi soir. Il rappelle « la nécessité de garder sur le territoire, l’ensemble des effectifs des forces de l’ordre engagés dans l’opération Wuaumbushu » et demande au préfet de Mayotte « une intervention forte dans ces zones de non droit bien identifiées pour y interpeller ces voyous qui terrorisent l’île ». Il réaffirme « son engagement quotidien dans la recherche de solutions durables à la problématique de l’insécurité à Mayotte » et apporte « tout son soutien aux Mahoraises et Mahorais qui subissent des actes inacceptables ».

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