Un quartier en feu à Trévani, Mayotte

C’est une vraie scène de guérilla qui s’est déroulée dans la nuit de mercredi à jeudi à Trévani. Le quartier appelé Troca était en feu. L’incendie a volontairement été déclenché par une quarantaine de jeunes. Aucun blessé n’est à déplorer, mais des familles se retrouvent sans domicile. 

20h00. Heure du début du cauchemar pour une partie des habitants de Trévani. Selon la gendarmerie nationale, une quarantaine de jeunes armés de coupe coupe terrorisent les passants et habitants du quartier de Troca à Trévani en jetant des pétards sur les voitures et les maisons. La gendarmerie qui patrouillait à Dzoumogné a rapidement été dépêchée sur place. 32 gendarmes mobiles et 12 militaires sont envoyés à Trévani. Ils se retrouvent face à un incendie initié volontairement dans une cour et qui s’est propagé à plusieurs cases en taules. L’incendie a rapidement été maîtrisé par les sapeurs-pompiers mais a laissé de lourdes conséquences. “Nous avons évacué une soixantaine d’occupants. Les gendarmes ont même dû évacuer à dos d’homme les personnes les plus vulnérables avant l’arrivée des pompiers. L’incendie a complètement mis en cendre deux habitations et deux familles ont dû être relogées”, indique le général Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie à Mayotte. La mairie de Koungou a proposé de les installer à l’école maternelle de Trévani, avant de trouver une meilleure solution, mais les familles étaient réticentes selon le DGS de la mairie de Koungou, Alain Manteau. Certaines personnes ont préféré se loger chez des proches. “Sur les 10 personnes qui ont perdu leurs logements, 7 sont allées chez leurs familles à Majicavo et 3 ont été relogées par un adjoint au maire”, précise Alain Manteau. Sur le long terme, la mairie pourrait aider ces personnes à trouver un logement dans la mesure où elles vivaient dans ces cases en taules légalement… 

L’évacuation des habitants et la maîtrise de l’incendie n’ont pas ramené le calme dans le quartier cette nuit-là. Les militaires de la gendarmerie ont tenté d’interpeller les auteurs des faits, en vain. “Ces individus ont continué à être très agressifs envers les gendarmes par jets de pierres comme c’est malheureusement la tradition ici, ce qui nous a conduit à mettre en œuvre les techniques pour les disperser”, évoque le général Leclercq. Le dispositif a été levé vers minuit. Malgré les quatre heures d’intervention, il leur a été impossible d’identifier les jeunes à l’origine de l’incendie mais une enquête judiciaire est ouverte. La gendarmerie ignore les raisons qui ont motivé de tels actes, même si les rumeurs vont bon train sur les réseaux sociaux. 

Une violence disproportionnée ? 

Un scénario similaire s’était produit à Labattoir il y a quelques semaines. Ces actes criminels dépassent l’entendement. “Malheureusement, les raisons sont souvent inconnues. Elles peuvent être multiples mais la plupart du temps elles sont totalement disproportionnées par rapport à la manière dont ces conflits sont résolus”, regrette le commandant de la gendarmerie. En effet, un simple vol de chien ou de vélo peut mener à une riposte d’une violence inouïe. “Ce sont des bandes qui sont extrêmement volatiles, qui agissent par regroupement de circonstance et il n’y a pas beaucoup de logique derrière tout ça. Ils sont juste dans la recherche de l’affrontement et de l’affirmation d’une autorité territoriale”, ajoute le général Leclercq. Encore une fois, ce dernier appelle tous les acteurs à trouver une solution efficace, car la gendarmerie ne peut pas s’en charger seule. 

Elle est pourtant dans la ligne de mire de ces jeunes qui multiplient les actes de provocation pour attirer les gendarmes. “Le niveau d’exposition des militaires de la gendarmerie à Mayotte est de très haute intensité. Mais on continuera tant que cela sera nécessaire. Personne chez nous ne se laisse désabuser ou abattre”, affirme fièrement le commandant de la gendarmerie. Même si cela signifie qu’ils doivent sacrifier des nuits à ces missions qui blessent leurs troupes.

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