Vers 5h30, ce mardi 16 mai, un bus transportant du personnel du centre hospitalier de Mayotte (CHM) a été caillassé au niveau de Majicavo-Dubaï, sur la commune de Koungou. Choqués, les agents du CHM de plusieurs sites exercent leur droit de retrait.
« J’entends toujours le bruit des pierres qui tombent sur le bus. Ça a duré quinze secondes », se souvient Toibourani. Quelques heures après l’attaque, le brancardier touché par un bris de vitre arbore encore un grand sourire malgré ce qu’il s’est passé. Ce mardi matin, à 5h30, alors qu’il roulait vers l’hôpital de Mamoudzou avec 41 agents à bord, un bus avec la pancarte CHM a été pris à partie par une centaine de jeunes, selon les témoins. Coincé dans les embouteillages, le véhicule a subi une importante pluie de pierres. Résultat, quatre blessés légers, indique le brancardier.
Dans la foulée, le personnel du CHM a exercé son droit de retrait et près de 150 employés se sont retrouvé en milieu de matinée au centre de l’hôpital de Mamoudzou. « On se demande pourquoi ils nous attaquent, on soigne tout le monde », déplore l’une d’eux. Le directeur général, Jean-Mathieu Defour, a pris la parole à l’aide d’un mégaphone et a admis que « c’est la première fois qu’il voit un transport d’agents se faire assaillir. C’est totalement anormal. L’hôpital, c’est sacré, on n’y touche pas. Quelles que soient les revendications des uns et des autres ».
« Heureusement que vous êtes là »
Le directeur ajoute que tous les passagers ont déposé plainte, « qu’ils ont été pris en charge par la cellule médico-psychologique », ont pris un repas et pu repartir chez eux ensuite. Il invite également ceux qui le souhaitent à voir un psychologue mis à disposition. Cette attaque intervient alors que les bus scolaires ne circulent plus sur la zone nord depuis lundi soir. Les conducteurs du réseau Halo refusent de s’y rendre depuis la dizaine de caillassages survenus la veille sur la portion de route nationale allant du collège de Koungou à Majicavo-Lamir. Les particuliers, également dans les bouchons, ont subi le même sort avec parfois le racket de leurs téléphones portables. Les gendarmes, très présents dans la zone en cette période scolaire, sont intervenus à chaque fois pour repousser les bandes de jeunes.
Du côté du personnel médical, il y a cette impression d’être de plus en plus une cible, après l’attaque du dispensaire de Dzoumogné, le 12 mai, et le caillassage de celui de Kahani, ce lundi. « Heureusement que vous êtes là, que vous êtes à vos postes, sinon ça ferait bien longtemps qu’il n’y aurait plus d’hôpital », reconnaît leur directeur. C’est le cas de Toibourani par exemple, qui reprendra le travail, ce mercredi, même s’il doit prendre à nouveau le bus depuis Acoua où il réside.
Réactions de l’Agence régionale de santé et de la préfecture
« L’Agence régionale de santé et la préfecture de Mayotte condamnent les actes de violence perpétrés ce jour à Koungou contre un bus de soignants du centre hospitalier de Mayotte. Les violences physiques, verbales et intimidations perpétrées par ces individus envers les agents et soignants du CHM sont inacceptables et constituent une atteinte grave à l’engagement de ces professionnels pour la santé à Mayotte. L’ARS et la préfecture rappellent plus que jamais l’importance de maintenir une offre de soins dans les meilleures conditions et apportent leur soutien à l’ensemble des personnels du CHM. »