Mayotte : un homme de 19 ans se noie à Sakouli

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Parti se baigner avec des amis, un jeune homme qui ne savait pas nager a disparu en mer dimanche après-midi. Son corps sans vie a été repêché le lendemain par ses proches.

Deuxième noyade en une semaine. Lundi matin, le corps d’un homme âgé de 19 ans a été sorti des eaux au large de Sakouli, où il était s’était rendu la veille avec des amis. Il n’est pas encore 14h30, dimanche, lorsque deux jeunes interpellent les clients du restaurant O’lolo pour leur demander de l’aide : leur compère, avec qui ils étaient partis se baigner quelques minutes plus tôt, est en train de se noyer. Et l’homme ne sait pas nager.

Immédiatement, une petite dizaine de personnes quittent leurs tables, se précipitent vers la plage et avancent dans l’eau. Rien. Pendant que certains réquisitionnent les kayaks de l’établissement pour mener les recherches, d’autres appellent les secours. « Le Smur est arrivé très rapidement », témoigne Angélique, venue manger au O’lolo ce jour-là. « Puis, des gendarmes de Petite-Terre sont venus en bateau, et les pompiers en ambulance. » Tout le monde s’active – ou presque – mais le corps ne réapparaît pas à la surface. « Nous avons quitté la plage à 17h, et les recherches étaient encore en cours. Un bateau de plaisanciers est même resté pour aider », complète Angélique. Mais entre les vents forts et la tombée de la nuit, l’équipe est contrainte de tout arrêter.

Lundi matin, la famille du disparu décide de louer une barque à des pêcheurs de la commune pour reprendre les recherches. Sur les coups de 9h, ils retrouvent le corps du jeune homme, sans vie. Selon une source policière présente au moment des faits, les proches du défunt auraient ensuite eux-mêmes ramené le corps à Kawéni afin de procéder à l’enterrement, prévu ce lundi.

Au moins un noyé chaque année à Sakouli

En rejouant le film de la veille, Angélique s’interroge. Pourquoi les pompiers, pourtant rapidement arrivés sur place, sont restés sur la plage « à regarder les civils faire eux-mêmes les recherches » ? « Les sapeurs-pompiers de Mayotte n’ont pas d’équipes subaquatiques, c’est-à-dire que nous n’avons pas de plongeurs », répond d’emblée le colonel Fabrice Terrien, président du service départemental d’incendie et de secours. D’où la présence de la brigade nautique de gendarmerie dimanche à Sakouli. « Malheureusement, nous ne pouvons faire que du sauvetage de surface, c’est pour ça que les pompiers sont arrivés à Sakouli avec un engin de secours à la personne. » De quoi évacuer la victime vers le CHM si celle-ci avait été retrouvée à temps.

Chaque année, au moins une personne meurt par noyade à Sakouli. Interrogée, la municipalité explique avoir lancé plusieurs dispositifs, rapidement perturbés par le calendrier électoral et le changement de statut, du fait de la création de l’intercommunalité du Sud. « Des formations de surveillants de baignade vont être mises en place et nous avons vu à maintes reprises les professionnels de Sakouli (restaurateurs et gérants d’hôtels, ndlr) pour qu’ils nous accompagnent dans ce dispositif de surveillance », explique la ville de Bandrélé. À terme, cela devrait se traduire par l’installation de drapeaux de bord de mer, indiquant les risques auxquels s’exposent les baigneurs en fonction de la météo et de la marée. « Pas mal de choses ont été enclenchées, mais nous n’avons pas pu reprendre tous les dossiers laissés en suspens », reconnaît encore la municipalité. Bonne nouvelle cependant : « Nous avons reçu il y a quelques jours le CV d’un surveillant de baignade et maître-nageur qui arrive en septembre et qu’on va sûrement recruter. »

Actuellement, aucune aire de baignade n’est surveillée à Mayotte, alors que le département compte plusieurs dizaines de kilomètres de plage. Si les communes sont chargées d’assumer cette compétence, la loi précise que cette obligation ne s’applique qu’aux plages spécialement aménagées. Ce qui n’est à ce jour le cas d’aucune à l’échelle locale, et qui explique, par conséquent, le nombre de noyades élevé à travers l’île. Dimanche dernier, une fillette de cinq s’était ainsi noyée à Trévani après avoir échappé à la vigilance de sa tante.

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