L’hôpital de Dzoumogné fermé après avoir été attaqué par une bande

Vendredi, une quinzaine de jeunes cagoulés et en tenue blanche ont pris d’assaut le CMR (centre médical de référence) de Dzoumogné, alors qu’il était bloqué par des collectifs pro-Wuambushu. Dans la foulée, la direction du centre hospitalier de Mayotte (CHM) a pris la décision de fermer « jusqu’à nouvel ordre » l’établissement et de transférer les patients à Mamoudzou.

L’attaque n’a pas duré longtemps, mais les dégâts sont impressionnants. En milieu d’après-midi, ce vendredi, un petit groupe de jeunes armés de machettes et de barres de fer se sont introduits à l’hôpital de Dzoumogné. Outre les dégradations des locaux, ils s’en sont pris aux membres de collectifs mahorais qui faisaient le blocus depuis quelques jours et demandaient la reprise des expulsions de personnes en situation irrégulière vers le Comores.

Le lieu, assez isolé, se trouve sur la route menant à la retenue collinaire. Craignant de nouveaux assauts, la direction du centre hospitalier de Mayotte a déclenché le plan blanc en accord avec l’Agence régionale de santé. Dans la soirée, les patients ont donc été acheminés vers l’hôpital de Mamoudzou. « La mise en œuvre du plan blanc implique la fermeture immédiate, jusqu’à nouvel ordre, du CMR de Dzoumogné ainsi que le transfert des soignants et des usagers vers le site principal de Mamoudzou dans le but d’assurer la sécurité des agents du CHM, ainsi que la prise en charge des patients », indique le CHM, qui annonce également la création d’une cellule de crise.

« Que la direction puisse témoigner de sa solidarité »

Le personnel du CMR s’est retrouvé, samedi matin, pour une assemblée générale extraordinaire. Il demande la mise en place de sept points en réponse « à la dégradation des conditions de travail et de sécurité du site de Dzoumogné ». La création d’une cellule médico-psychologique, une permanence de soins et une unité de maternité de jour exceptionnelles dans les sites voisins de Mtsamboro et M’tsangamouji sont ainsi demandées. Les agents souhaitent la mise en place de navettes et s’opposent à leur transfert provisoire vers Kahani et Mamoudzou, « des sites exposés à des risques d’agressions ». Concernant Dzoumogné, ils veulent rencontrer leur direction « afin que le personnel puisse exposer ses détresses, mais également que la direction puisse témoigner de sa solidarité vis-à-vis des agents », que des mesures soient prises concernant la sécurité des lieux (ils affirment être l’objet de menaces de mort). Enfin, le dernier point porte davantage sur les plannings que le personnel veut « soulager », avec « des congés exceptionnels, récupération et heures supplémentaires pour les agents qui en demandent ».

Le village de Dzoumogné a connu des flambées de violence aux abords de sa cité scolaire ces derniers mois. Fin mars, les enseignants avaient même adressé un courrier commun au rectorat de Mayotte pour demander leur réaffectation. De vastes opérations de lutte contre la délinquance et notamment les bandes y sont régulièrement effectuées depuis. C’était encore le cas, il y une dizaine de jours.

Opération Wuambushu : le décasage de « Talus 2 » autorisé

Le tribunal administratif s’est prononcé, ce dimanche, sur la démolition du bidonville situé au lieu-dit « Talus 2 » à Majicavo-Koropa. Initialement prévu le mardi 25 avril, il avait été repoussé suite à une décision de justice. Le tribunal judiciaire estimait alors que l’État n’avait pas rempli toutes ses obligations. En parallèle, le tribunal administratif a été amené de nombreuses fois à se prononcer sur cette affaire. Le mardi 9 mai par exemple, la préfecture de Mayotte y avait fait valoir qu’elle s’était prêtée aux modifications demandées. Le tribunal administratif lui a donné raison, ce dimanche, et à autorisé la destruction prochaine des logements. Du côté des services de l’État, aucune date n’est avancée. « L’État doit encore organiser la mise en place de certaines actions (déménagement et stockage des meubles et des effets personnels) notamment. Les mairies doivent également inscrire à l’école des enfants des intéressés à leur nouvelle adresse », indiquent-ils.

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