L’histoire de l’homme qui s’est retourné vendredi contre ses agresseurs a une fois de plus défrayé la chronique, rappelant le débat sur la tentation de se faire justice soi-même alors que la population de Mayotte, excédée, se sent souvent abandonnée par les services de l’Etat.
“Je te jure, je suis passé ce soir au commissariat, ils étaient au moins 1.000 !” Vendredi soir, l’histoire de l’agression d’un homme qui se serait retourné contre ses agresseurs est sur toutes les lèvres.
Nous vous la racontions en ces termes vendredi matin : vers 11h ce jour-là, le père de famille assiste impuissant à l’agression de sa femme non loin du Douka Bé de Passamaïnty. En tentant de s’interposer, il est lui-même passé à tabac par la bande, avant qu’elle ne s’enfuie à bicyclette. Excédé, il les poursuit avec son véhicule, accroche un scooter en stationnement avant de percuter deux jeunes de plein fouet quelques mètres plus loin.
Blessés, les individus âgés de 15 et 21 ans sont pris en charge par les secours et admis au CHM de Mamoudzou, pour une fracture du fémur et une plaie du scalp. Le conducteur du véhicule est conduit au commissariat du Mamoudzou pour les besoins de l’enquête.
Mais au cours de la journée, plusieurs versions de cette altercation circulent… jusqu’à une rumeur évoquant la mort de l’un des deux jeunes, qui sera démentie plus tard dans la journée par le procureur. Fort heureusement, aucun pronostic vital n’a été engagé selon les propos rapportés par nos confrères du Journal de Mayotte. Ainsi, la qualification de tentative de meurtre initialement retenue a été révisée en “blessures involontaires”, dans la soirée de vendredi.
Applaudi et soutenu par la population
Dans le même temps, l’affaire enfle sur les réseaux sociaux, alors que l’homme est encore en garde à vue. Et les messages de soutien se multiplient sur la toile : “Il doit être décoré de la médaille d’honneur” ; “il va y avoir de plus en plus d’affaires de ce genre au tribunal car les Mahorais ont tout perdu” ; “que la femme de ce brave homme se fasse connaître pour qu’on cotise tous pour lui payer le meilleur avocat, il a la population derrière lui, que ce couple le sache” ; “un acte héroïque d’un pauvre citoyen excédé, il mérite une récompense”, peut-on lire dans les commentaires.
Le soir, une centaine d’habitants se mobilisent devant le commissariat, pour exiger la libération de celui que certains qualifient même de “héros”. Une cagnotte en ligne est également lancée pour l’aider dans ses démarches, ainsi qu’un appel à manifester devant le Douka Bé le lendemain, samedi.
L’homme sera finalement relâché vers 20h30, acclamé par la foule réunie en soutien. Signe que le sujet demeure extrêmement sensible pour le 101ème département confronté à une violence chronique, qui a de plus connu une nouvelle escalade la semaine passée avec les affrontements de Koungou le lundi, le débat continuait d’alimenter largement les conversations tout le weekend. Nous reviendrons sur les suites de cette affaire dans nos prochaines éditions.