Excédés par la violence, des habitants font des barrages à Chirongui

Des riverains matinaux ont monté plusieurs barrages à Chirongui, ce lundi 3 avril. Ils dénoncent les violences commises ce week-end dans plusieurs villages de la commune. Un protocole d’accord proposé par la mairie a failli être signé, mais les habitants ont finalement refusé les conditions. Vers 11h, le dernier barrage a été enlevé par les gendarmes.

Ce lundi matin, à l’heure où les personnes travaillant à Mamoudzou prennent la route, des pneus et des poubelles ont été installés sur la voie à Chirongui. Trois routes ont été ainsi coupées, celle reliant Tsimkoura et Chirongui, l’accès vers Mramadoudou et un autre point à la station-service Total. L’action conjointe avait pour but d’exprimer un ras-le bol contre l’insécurité et notamment des heurts survenus le week-end. Le maire de Chirongui, Bihaki Daouda, est allé rencontrer ses administrés pour savoir si des solutions pouvaient émerger. « On a proposé que la police municipale et la gendarmerie fassent des patrouilles le soir. On veut aussi lutter davantage contre la prostitution, ainsi que permettre l’identification et la condamnations des jeunes qui causent ces troubles », nous a-t-il rappelé au téléphone. Sur cette dernière mesure, il compte beaucoup sur les comités de villageois « qui connaissent ces jeunes ».

Coup politique ou non (la situation est toujours compliquée depuis l’élection du nouveau maire le 18 mai 2022), les riverains ont finalement refusé les conditions proposées. Un jeu du chat et la souris s’est alors installé avec les gendarmes mobiles et départementaux chargés de dégager les voies. Ces derniers ont pu enlever chaque barrage sans animosité de la population jusqu’à 11h environ. Un jeune en situation irrégulière, qui a mis des poubelles sur la voie, a été interpellé et placé en garde à vue. Il fera l’objet d’une procédure d’expulsion, ce mardi.

Un moringue responsable ?

Si des combats à mains nues ont bien eu lieu en amont des violences, ils ne sont pas forcément l’élément déclencheur du déferlement de violences causées samedi soir par « 50 à 80 adversaires », a comptabilisé la gendarmerie. Selon le maire, les affrontements entre jeunes des villages de Tsimkoura et Mramadoudou sont récurrents depuis plusieurs années maintenant. En juillet d’ailleurs, la préparation d’un mariage avait donné lieu au passage au tabac du marié au milieu de la nuit. Les trois jeunes avaient plaidé « la défense de leur village » pour expliquer leurs gestes.

Le moringue, très populaire en période de ramadan, est interdit dans la plupart des communes de l’île. Et s’il existe une tolérance, des rixes peuvent éclater comme à Chiconi, vendredi soir, ou Tsararano, samedi soir, avec à chaque fois l’intervention des forces de l’ordre. A Chirongui, un message sur la page Facebook a rappelé la règle, ces dernières heures. « Nous rappelons à tous que l’organisation de tels événements peut présenter des risques pour la sécurité publique. En effet, ces événements sont souvent sources de bruits, de rassemblements importants, et peuvent dégénérer en comportements violents. Ainsi, nous invitons tous les citoyens à faire preuve de vigilance et à contacter immédiatement la gendarmerie en composant le 17 s’ils remarquent tout rassemblement ou événement de moringue non autorisé », est-il indiqué.

Même si l’accord n’a pas été signé, la municipalité a fait savoir qu’elle compte honorer ses propositions. Une commission de sécurité est d’ailleurs organisée, ce mardi, avec les comités de chaque village.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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