Des barrages enflammés ont compliqué le passage des véhicules par Kawéni, ce mercredi. En fin de matinée, une opération de la police aux frontières a mis le feu aux poudres et déclenché la réaction de plusieurs centaines de jeunes.
Les fumées des grenades lacrymogènes ont rempli l’air de Kawéni, ce mercredi. En réaction à une nuée d’interpellations de personnes en situation irrégulière de la part de la police aux frontières, des jeunes de Kawéni s’en sont pris aux forces de l’ordre. « Ils n’ont pas supporté ces interpellations. Ils ont enflammé des poubelles et du mobilier urbain qu’ils ont placés sur plusieurs points de la chaussée », indique le commissaire Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale (DTPN). Celui-ci dénombre « 300 émeutiers » au plus fort des affrontements, qui ont débuté devant le bâtiment des pompiers, vers 11h. À court de grenades lacrymogènes, les policiers ont alors dû redescendre vers le rond-point SFR pour attendre des nouvelles munitions arrivant de Petite-Terre. Pendant ce temps, « les émeutiers ont pulvérisé les vitres des voitures garées sur le parking de l’espace Corralium », raconte le commissaire.
Les résidus des barrages bloquent la circulation
Ces affrontements n’ont pas été sans conséquences sur le trafic routier de l’île. Une déviation a été rapidement mise en place aux ronds-points Méga et SFR pour éviter que les automobilistes soient pris entre deux feux. Le rétablissement de la circulation a été d’autant plus difficile que le mélange déchets-mobilier urbain a fortement détérioré la route et nécessité l’intervention des pompiers.
Aucune interpellation n’a pu être effectuée lors des premières rixes, mais elles pourraient être nombreuses dans les jours à venir, estiment les policiers.
Estelle Youssouffa demande « de reprendre le terrain »
La députée de la première circonscription de Mayotte a réagi par un communiqué aux récentes émeutes de Kawéni et à l’incendie des bâtiments de la communauté de communes de Petite-Terre (voir par ailleurs). Elle demande au gouvernement français « de ramener par tous les moyens l’ordre public et la paix à Mayotte : nous ne pouvons plus endurer cette terreur, la peur doit changer de camp et la République reprendre le terrain laissé aux voyous ».
Concernant le deuxième fait, elle souhaite « une réponse forte et concrète de l’État face à la destruction cette nuit des bureaux de l’intercommunalité de Petite-Terre ». « La population est toujours quasiment seule face aux vandales qui opèrent dans l’impunité totale, parfois à quelques dizaines de mètres des bâtiments des forces de police et de gendarmerie », fait-elle remarquer.
Place Zakia Madi : les réfugiés africains délogés par la police
Depuis samedi dernier, plusieurs familles de ressortissants africains s’installent de manière régulière sur la place Zakia Madi, à Mamoudzou (voir Flash Infos de mercredi). Originaires pour la plupart d’Afrique de l’Est, ils dénoncent leurs conditions de vie et demandent un meilleur traitement de la part des autorités françaises. Ce mercredi, vers 15h, une nouvelle intervention policière a permis de libérer la place. Toutefois, à chaque fois, les réfugiés finissent par y revenir.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.