« Un cran dans la violence a été franchi »

Près de 70 personnes étaient réunies, ce jeudi midi, dans la cour des urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM). Le rassemblement, à l’initiative de la commission médicale de l’établissement, visait à dénoncer l’intrusion et l’agression d’un médecin, le samedi 21 janvier. 

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Environ 70 personnes étaient présentes, ce jeudi midi, devant les urgences de l’hôpital. Le maire de Mamoudzou, Ambdiwahedou Soumaïla, et son premier adjoint Dhinouraine M’Colo Mainti (également président du conseil de surveillance du CHM) étaient là aussi.

Le chirurgien victime d’une séquestration, dans la nuit du samedi 21 janvier au dimanche 22 janvier, était lui-même devant le service des urgences, ce jeudi midi. Lors des faits, il sortait de sa chambre de garde, quand il s’est retrouvé nez-à-nez avec des hommes encagoulés armés « d’une barre de fer ». Ils l’ont enfermé dans la pièce après avoir dérobé des objets électroniques et de la monnaie. Par chance, ils n’ont pas pris son téléphone professionnel et il a pu prévenir le standard. Arrêté une journée, il a repris le travail depuis et ne souhaite pas quitter Mayotte. « J’ai ma vie ici », fait-il remarquer en refusant poliment d’apparaître.  

« Nous sommes là pour exprimer notre soutien devant l’acte ignoble et inadmissible dont a été victime notre collègue chirurgien. Un cran dans la violence a été franchi, vu qu’il s’est fait agresser dans le cadre de son travail, dans sa chambre de garde, entre deux interventions », déplore le docteur Pierre Millot, le président de la commission médicale de l’établissement (CME). A l’initiative de ce rassemblement, il condamne les agressions des professionnels de santé à proximité d’un lieu où tous les malades sont accueillis. 

Une image négative en métropole

Il est vrai que cet acte n’améliore en rien la difficile tâche d’attirer des médecins sur l’île. Le directeur du CHM rappelle que les violents affrontements de novembre 2023, qui ont fait la une de l’actualité en métropole, ont dissuadé des candidats de venir. « Heureusement qu’on a du personnel médical ou paramédical, qui malgré toutes les difficultés, continue de travailler au CHM », reconnaît le directeur général du CHM, Jean-Mathieu Defour.  

L’arrivée tardive des vigiles, « 45 minutes, une heure » après les faits, a provoqué aussi l’indignation parmi les salariés. « Les gardiens ne doivent pas être seulement décoratifs, mais efficaces. Les accès et les abords immédiats de l’hôpital doivent être sécurisés afin que le personnel de nuit vienne travailler sans avoir la peur au ventre », réclame le docteur Pierre Millot.  

Le renforcement des tournées des vigiles, de la vidéosurveillance, des clôtures de l’hôpital est annoncé par le directeur. « C’est dommage parce qu’un hôpital par principe est ouvert. Là, il sera de plus en plus fermé avec des barbelés partout », prévient-il. 

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