Un militaire qui figure parmi les détenus serait à l’origine de la débandade de ce jeudi matin, selon les déclarations du chef du parquet de Moroni. Celui-ci a pointé du doigt une négligence des agents chargés de la sécurité de cette prison très poreuse et surpeuplée. En février, 2023, huit détenus avaient tenté de prendre la fuite avant que sept d’être eux ne soient capturés.
Encore une énième évasion à la maison d’arrêt de Moroni. Ce jeudi 11 avril, marquant l’Aïd-el-Fitr, fête religieuse qui célèbre la fin du mois sacré de ramadan pour la communauté musulmane, trente-huit prisonniers se sont fait la malle dans la matinée. C’est vers 9h que l’information a été révélée par les médias sociaux. La plupart de ces détenus, qui ont pris la poudre d’escampette étaient des prisonniers de droit commun, a précisé, le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed M’saidie. Le ministre de l’Agriculture a ajouté que vu la facilité avec laquelle l’évasion s’est produite, tout porte à croire que l’opération avait minutieusement été préparée en amont. Avec une aide extérieure ou pas, on le saura probablement dans les prochains jours. Selon le procureur de la République de Moroni, Ali Mohamed Djounaid, les prisonniers ont pu s’échapper grâce à des manœuvres d’un militaire détenu à la maison d’arrêt de Moroni. Inculpé depuis décembre pour homicide volontaire, il est celui qui est soupçonné d’avoir tué par balle fin novembre, un supporter des Cœlacanthes qui assistait au match opposant les Comores au Ghana, dans le cadre des qualifications de la coupe du Monde 2026. Une rencontre qui a été remportée par les Verts sur un score d’un but à zéro. Le chef du parquet de Moroni a par ailleurs indiqué que les trente-huit détenus ont profité d’une négligence des agents de sécurité pour prendre la tangente. « Ils sont passés par le portail principal. Mais une enquêter est ouverte pour faire la lumière sur la situation et déterminer la responsabilité de chacun des agents », a promis le magistrat, précisant qu’aucun blessé n’est à déplorer. A l’heure où nous écrivions ces lignes, les autorités n’avaient toujours pas mis la main sur les évadés. Il faut noter que les évasions dans cette principale prison de Moroni sont légion. Chaque année, depuis 2020, il ne se passe pas un an sans que des détenus, parviennent ou ne tentent de quitter la maison d’arrêt de la capitale réputée pour son effectif carcéral galopant.
Deux évasions en 2023
Rien qu’en 2023, le pays a enregistré deux évasions. D’abord au mois de février, huit prisonniers ont essayé de quitter le centre pénitentiaire. Mais très vite, les forces de sécurité sont parvenus à rattraper les sept. Seul un mineur de 16 ans a disparu dans la nature, sans laisser de traces. Le 10 avril de la même année, cette fois-ci à Koki, à Anjouan, vingt-sept prisonniers ont réussissent à se faire la malle. Un an plus tôt, sur vingt-trois évadés, sept ont été finalement reconduits dans leurs cellules de la prison de Moroni. Souvent, les conditions de détention expliquent ces mouvements. Construite pour accueillir un maximum de cent prisonniers, la maison d’arrêt de Moroni se retrouve avec le double. Cette surpopulation carcérale ajoutée au manque d’assainissement pousse les bagnards à se révolter. Une source haut placée croit que les autorités judiciaires ont leur part de responsabilité dans ces évènements car elles refusent systématiquement la majorité des demandes de remise en liberté formulées par les détenus, dont la plupart se trouvent en détention provisoire. « A la prison, les gardes en ont parfois marre de gérer cette pléthore de détenus. Ces évasions leur arrangent », a conclu notre source. Face à l’insalubrité de ces lieux, l’ONG humanitaire Caritas Comores s’est engagée à réhabiliter la prison de Moroni en signant une convention de 440.000 euros avec l’Union européenne. Début juillet, en présence du ministre comorien de la Justice, Djae Ahamada Chanfi, les travaux ont officiellement été lancés. Prévu sur huit mois, le chantier est presque achevé. Une fois la construction terminée, les autorités réceptionneront un bâtiment neuf doté de six zones de détention, avec soixante lits, cent vingt matelas et surtout douze toilettes ainsi qu’une citerne. Toujours est-il que le ministère de la Justice doit respecter les effectifs requis pour offrir aux détenus des conditions dignes ?