Dans le cadre du festival « Nole Zatru Mwili Watru » prévu ce samedi 14 août à la MJC de Mangajou, l’association Wassi Watru Mama a organisé un happening en plein cœur du marché couvert de Mamoudzou pour faire un écho à cet événement, qui a pour objectif de mettre en lumière et de rappeler l’importance de la femme dans la société mahoraise.
10h30, mercredi 11 août. Entre les saveurs et les senteurs du rayon fruits et légumes du marché couvert de Mamoudzou s’élèvent haut et fort le nom des célèbres Chatouilleuses, ces personnalités féminines qui se sont battues pour réduire l’influence des autres îles de l’archipel des Comores sur Mayotte et arrimer cette dernière à la République française. Zéna M’Déré, Zakia Madi, Boueni M’Titi, Echati Maoulida, et bien d’autres se rendent coup pour coup… Leur mémoire résonne à l’appel des membres de l’association Wassi Watru Mama. Un pan d’histoire refait naturellement surface.
Poings levés au ciel et bérets à l’effigie de l’ylang-ylang vissés sur la tête, les dames haranguent une par une les badauds. Dans l’euphorie de l’action, les voilà rejointes par les vendeuses installées ici et là et prises au jeu. Dégaînés, les téléphones immortalisent cette communion. Les flash crépitent au rythme des allées et venues. « Aujourd’hui, il s’agit d’un happening, une performance artistique de courte durée, pour faire un écho sur notre festival maopop culturel qui se déroule ce samedi 14 août à la MJC de Mangajou », concède Elcy Madi, la présidente organisatrice de l’événement intitulé « Nole Zatru Mwili Watru », en queue de peloton pour fermer la marche.
« La femme noire est belle »
Ce rendez-vous, plus communément appelé « Nos cheveux, notre peau », est une manière de « nous ouvrir au monde en gardant une identité locale très forte » et de « rappeler que la femme noire est belle ». « Acceptez-vous telle que vous êtes », insiste l’instigratrice de ce projet qui fête sa deuxième édition après celle de Chirongui en 2019. Au programme de cette journée prévue de 9h à 21h : une conférence suivie d’un débat sur la féminité, l’éducation, la sexualité et le handicap, un défile en présence des Miss Excellence France et Salouva, des ateliers sur l’entrepreneuriat en partenariat avec la BGE, la couveuse
d’entreprises Oudjerebou ou encore la Cress (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire), deux master-class payantes avec places limitées sur le cuir chevelu mahorais et le make-up…
Mais pas que. Bien d’autres surprises attendent le public, telles que des concours de nappy hair et de tresse ainsi que 11 stands tenus par des entrepreneuses en lien avec le maquillage, la coiffure, le bien-être. Sans oublier un concert avec trois jeunes artistes de la scène musicale pop-urbaine mahoraise. « L’objectif est de mettre en valeur la femme dans toute son entité et son ensemble, mais aussi de parler de sujets plus sensibles, comme l’autisme à Mayotte », précise Elcy Madi. Boudé financièrement par les institutions, ce genre d’événement risque bien de démontrer à tout à chacun la place prépondérante des Mahoraises dans la société, depuis notamment l’émergence des Chatouilleuses dans les années 60. Cinquante ans plus tard, le festival « Nole Zalu Mwili Watru » est là pour le rappeler.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.