47% des créateurs d’entreprises à Mayotte sont des femmes. Cette dynamique entrepreneuriale est à conserver pour tendre vers l’égalité. C’est l’une des missions de Taslima Soulaimana, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes à Mayotte, qui parraine la catégorie « Femme entrepreneure de l’année » lors des neuvièmes Trophées mahorais de l’entreprise.
Flash Infos : Les femmes sont de plus en plus présentes dans l’économie mahoraise. Avez-vous observé des changements au niveau des postes, emplois ou responsabilités qu’elles occupent ?
Taslima Soulaimana : Ce que nous relevons, ce sont surtout beaucoup de nouveaux projets portés par des femmes de plus en plus ambitieuses. Des projets aussi qui touchent à différents domaines parce que jusqu’à maintenant, on avait tendance à avoir des activités liées au commerce, à tout ce qui est épicerie, textile et autres. Aujourd’hui, l’offre se diversifie énormément. Ces femmes se montrent de plus en plus innovantes.
F.I. : Comment valoriser justement cet entrepreneuriat ? Pourquoi le faire est primordial ?
T.S. : L’entrepreneuriat occupe une très grande place à Mayotte, nous avons cette chance d’avoir cette dynamique des femmes dans la création de l’entreprise. Nous, notre dynamique, c’est de vraiment valoriser, soutenir, accompagner ces femmes dans l’entrepreneuriat. Pour ça, nous travaillons avec des opérateurs locaux comme la BGE, l’ADIE, les couveuses d’entreprises, pour justement soutenir ces femmes selon leurs besoins. Dès le début, elles vont avoir besoin d’un accompagnement. D’autres, au bout de 6 mois, un an de création, souhaitent voir un peu plus grand. L’idée est de soutenir ces opérateurs avec des financements. Ils vont mettre en place des projets qui vont répondre à des problématiques liées aux femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat. Il s’agit aussi de faire la promotion de ces parcours. C’est grâce à ces femmes qui osent se lancer dans l’entrepreneuriat, parce que ce n’est pas un chemin facile. Avant tout, ce sont des femmes, des mères, avec une vie de famille. Pour celles qui n’osent pas se lancer, il faut qu’il y ait une lisibilité des aides qu’elles peuvent recevoir. Il leur faut des personnes derrière elles pour les pousser à voir plus grand. L’entrepreneuriat est un levier important dans l’émancipation économique et l’autonomie financière de la femme. On accompagne le plus de femmes possible à monter leur projet, et à faire en sorte que ce dernier soit durable dans le temps. On sait que créer une entreprise, c’est beaucoup de défis, et que sur le long terme, la garder, c’est compliqué.
F.I. : L’égalité professionnelle est quelque chose d’important pour vous. Quels sont vos projets et vos objectifs pour atteindre cette égalité ?
T.S. : L’objectif, c’est de poursuivre sur cette voie de l’égalité réelle. Finalement, réglementairement, tous les textes font en sorte que l’on ait cette égalité. Mais nous, on veut arriver à cette égalité réelle. Pour y accéder, on a besoin des opérateurs, ce n’est pas seule que je vais y arriver. Ils jouent le rôle de cheville ouvrière sur le terrain. Ils ont chacun un public cible. C’est grâce aux projets qu’on monte en étroite collaboration avec ces collaborateurs qu’on réussira à développer cette voie.
L’objectif est d’aussi d’identifier les besoins de ses femmes. Cette année, nous avons l’ambition de signer le Paref, qui est le plan d’action régional pour l’entrepreneuriat des femmes. C’est une convention sur trois ans qui recense les problématiques du territoire. Elle répond par des fiches actions concrètes qui se développent au long des trois ans de la convention. On veut pour le moment donner une ligne directrice à cette mise en place de l’égalité réelle. On veut aussi maintenir la durabilité des entreprises créées par ces femmes et entretenir cette dynamique d’activité. Il est primordial par exemple de faire connaître le statut d’auto-entrepreneur à Mayotte, notamment pour sortir toutes ces femmes de l’économie informelle. Je reste attentive et ouverte à toutes propositions pour voir comment on peut répondre aux besoins et soutenir cette dynamique.
« Femme entrepreneure », une nouvelle catégorie des TME
Cette année, une nouvelle catégorie a été ouverte pour les TME : Femme entrepreneure. Elle vise à récompenser des cheffes d’entreprise qui font preuve de réussite sur le territoire. Les nommées pour cette première sont Zily, Nadjlat Attoumani, Némati Toumbou Dani, Sophiata Souffou et Farrah Hafidou. La lauréate, comme les autres d’ailleurs, seront annoncés ce samedi 13 mai lors de la cérémonie des Trophées Mahorais de l’Entreprise, au bar le Mermoz, à Mamoudzou (soirée sur invitation).