Événement de la Somapresse (société éditrice de Flash Infos et Mayotte Hebdo), les Trophées de l’environnement mettent en valeur les actions et les acteurs qui œuvrent dans ce domaine si important sur l’île aux parfums. Jusqu’au dimanche 19 novembre, vous pouvez voter sur le site environnement.yt. Aujourd’hui, on vous présente les associations et les collectivités qui nettoient ou aménagent les rivières de Mayotte.
L’ADEAR travaille à la dépollution de la rivière de Dzoumogné
L’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural (ADEAR) de Dzoumogné travaille depuis sa création, en 2018, au nettoyage de la rivière de Dzoumogné, à Bandraboua.
« Depuis la création de notre association, nous nettoyons régulièrement la rivière de Dzoumogné, de la retenue jusqu’en bas », précise Ali Djamal, le président de l’association. Ce dernier regrette que le cours d’eau soit continuellement pollué par des détritus. « On enlève les gobelets, les bouteilles, mais aussi les arbres et les bambous afin que l’eau puisse s’écouler », ajoute-t-il. Ainsi, l’ADEAR la nettoie entre cinq et six fois par an, à l’aide de ses soixante-dix bénévoles. Mais son action ne s’arrête pas à ce périmètre. « Partout sur l’île, là où il y a une rivière, on la nettoie. On va nettoyer en fonction de la salubrité du cours d’eau. Si c’est sale, on nettoie. S’il faut le faire tous les mois, on le fera », affirme le président de l’ADEAR.
Récemment, l’association environnementale a également travaillé à la construction d’un lavoir dans le village, afin que la population évite de nettoyer ses affaires dans la rivière. L’ADEAR de Dzoumogné œuvre également afin de réintroduire des crustacés dans la rivière afin qu’ils se reproduisent et que le cours d’eau redevienne comme avant. L’association compte également commencer à nettoyer la mangrove de Mangajou prochainement.
L’Amicale de Dembéni nettoie les rivières et sensibilise la population
Depuis 2016, l’Amicale de Démbeni mène différentes actions visant à préserver l’environnement. L’association s’occupe de nettoyer les rivières et les mangroves, majoritairement dans son secteur.
Si l’Amicale de Dembéni travaille sur des actions de protection de l’environnement depuis 2016 en partenariat avec la commune, elle mène des actions de grande envergure depuis qu’elle a intégré la Fédération mahoraise des associations environnementales en 2018. De 2021 à 2022, elle a reçu une subvention du Parc naturel marin de Mayotte afin de pouvoir nettoyer les dépôts sauvages et travailler sur la préservation des palétuviers de la mangrove d’Iloni. C’est suite à cette expérience que l’association a décidé, cette année, d’élargir ses actions aux rivières de Dembéni, Tsararano et Ongojou. Depuis le mois de juillet, elle organise une grande opération de nettoyage tous les deux mois. Sur les 96 bénévoles de la structure, une soixantaine sont présents à chaque fois pour nettoyer des périmètres différents. La prochaine opération est prévue en décembre, sur la rivière qui passe sous le pont de Dembéni jusqu’à Tsararano.
Le travail de l’association ne s’arrête pas là. Elle organise également chaque mois des actions de sensibilisation à la gestion des déchets et la pollution des cours d’eau avec une quarantaine de personnes.
La 3CO veut aménager une voie verte le long de la rivière M’roalé
Une voie verte au bord de la rivière M’roalé : c’est ce qu’est en train de concevoir la communauté de communes du Centre-Ouest (3CO). La collectivité compte mettre la protection de l’environnement au cœur de ce projet.
La communauté de communes du Centre-Ouest (3CO) s’est lancée cette année dans un projet de réaménagement de la rivière M’roalé, dans la commune de Tsingoni. Encore en phase de programmation, ce projet a vocation à offrir une voie verte à la population, allant du vieux village de M’roalé jusqu’à la plage de Zidakani. Ce chemin sera un sentier pédagogique qui aura pour objet de sensibiliser aux enjeux liés à l’eau et aux zones humides.
Une alternative sera également proposée aux lavandières présentes sur le cours d’eau. Elles seront remplacées par des lavoirs avec un système d’assainissement des eaux usées aux normes. « Il existe un lavoir, mais aucun système d’assainissement des eaux usées, c’est-à-dire, que les eaux usées se déversent directement dans la rivière sans aucun traitement », précise la 3CO. Ce projet, qui devrait voir le bout à l’horizon 2027, est mis en œuvre dans le cadre du schéma d’entretien et de restauration des rivières à enjeux à Mayotte (SERRM). D’autres aménagements seront effectués avec la voie verte, comme des filets anti-déchets au niveau des buses véhiculant les eaux pluviales, des panneaux pédagogiques, différents équipements sportifs comme un mur d’escalade, ou encore un atelier pédagogique sur la mangrove et l’arrière-mangrove.
Geobuilder extrait l’eau de l’air
Récupérer l’eau de l’air ? C’est ce que font les générateurs d’eau atmosphérique Osoley, distribués par l’entreprise Geobuilder à Mayotte. En reproduisant le cycle naturel de l’eau, ces machines permettent d’obtenir une eau pure.
Sébastien Fumaz a eu l’idée de lancer la société Geobuilder en août 2022, alors que l’île connaissait un problème de présence de manganèse dans l’eau. « Les packs d’eau coûtaient entre douze et quinze euros. Cela m’a vite agacé et j’ai voulu trouver une solution pour avoir de l’eau pure tout le temps », se souvient-il. Il commande alors un générateur d’eau atmosphérique Osoley, qui reproduit le cycle de l’eau naturel. Ce dispositif récupère les molécules d’H2O présentes dans l’air, puis forme des gouttes d’eau grâce à la condensation. Suit tout un système de filtration, avec du charbon pour enlever les goûts, les odeurs, les métaux lourds. Puis, l’eau passe par un système d’osmose inversée (technique utilisant un filtre très fin et jouant sur la pression pour ne laisser passer que les molécules d’eau). Des minéraux sont ajoutés et l’eau atteint enfin un réservoir en inox alimentaire dans lequel se trouve une lampe UV qui empêche les bactéries de se développer.
L’efficacité de ce générateur a convaincu Sébastien Dumaz de créer son entreprise distributrice d’Osoley à Mayotte et dans l’océan Indien. Une technologie qui prouve d’autant plus son efficacité avec la crise de l’eau. « Avec ce générateur, on est autonome pour avoir de l’eau pure. Il permet également d’avoir de l’eau tout le temps, même si, à la base, il ne devait répondre qu’aux besoins vitaux », explique le dirigeant de la société. Si le modèle le plus vendu permet de produire trente litres d’eau par jour, il en existe également avec des capacités de dix litres, soixante litres, et jusqu’à 5.000 litres pour les industriels. Une technologie encore chère (2.900 euros pour celui pouvant produire trente litres), mais l’entreprise travaille à le rendre plus accessible, notamment en ce temps de crise. “C’est une solution qui empêche aussi la production de déchets plastiques en évitant l’utilisation de bouteilles. De plus, la consommation électrique est équivalente à celle d’un petit réfrigérateur”, conclut Sébastien Dumaz.
L’objectif de Nayma : l’insertion grâce au nettoyage des cours d’eau
Créée en 2020, l’association Nayma travaille à la réinsertion des personnes éloignées de l’emploi, notamment à travers le nettoyage des rivières et des mangroves mahoraises.
L’association Nayma a été créée en août 2020 afin d’œuvrer pour le développement solidaire et durable de Mayotte. Pour cela, elle a déployé des ateliers et chantiers d’insertion de nettoyage des rivières et des mangroves sur l’ensemble du territoire mahorais. « En 2021 et 2022 nous avons fait beaucoup de nettoyage, mais en 2023, on a davantage misé sur la sensibilisation, qui est vraiment nécessaire », précise Galiane Lavisse, responsable d’ingénierie et de développement pour l’association. Cette dernière explique que l’accent est davantage mis sur les risques de santé liés à un environnement pollué, par exemple, pour toucher un plus large public. “Il fallait élargir la sensibilisation sur le territoire, car les déchets qu’on trouve dans les cours d’eau ne viennent pas forcément du village où nous les ramassons, mais de l’ensemble de l’île”, explique la responsable d’ingénierie.
Par exemple, le 9 octobre dernier, les salariés en insertion de l’association ont effectué une opération de sensibilisation au tri sélectif dans 324 foyers de M’tsamboro. « Sur le terrain, les gens sont volontaires pour changer leurs comportements, il faut adapter le message », ajoute Galiane Lavisse.
L’association fait ainsi d’une pierre deux coups : elle protège l’environnement tout en permettant à des personnes très éloignées de l’emploi de travailler et de se réinsérer.