TME Catégorie : Economie Sociale & Solidaire

Dipak

Fer de lance de la renaissance de la filière de la brique de terre compressée, Dipak emploie quatre salariés à temps plein.

La filière de la brique de terre compressée (BTC) renaît à Mayotte, sous l’impulsion d’une nouvelle génération de producteurs. Parmi eux, Danjée Goulamhoussein, originaire de Pamandzi, a créé son unité de production en juin 2021 : une auto-entreprise rapidement transformée en SARL pour pouvoir embaucher du personnel, et suivre la cadence des commandes. Dipak emploie aujourd’hui 4 salariés à temps plein – recrutés sans diplômes et formés en interne – et produit jusqu’à 600 briques par jour. Les briques de Dipak alimentent les chantiers du rectorat (collège de Boueni M’titi à Labattoir, extension du collège de Mtsangamouji) et de la Sim (Les Mawas, le domaine de Khristal) : « des projets à haute qualité environnementale ! », précise l’entrepreneur.
En effet, la terre excavée des chantiers est réutilisée pour façonner les dizaines de milliers de briques de terre compressé, qui sont réintégrées directement aux projets. Une habile réponse au phénomène d’envasement du lagon, principalement causé par les tas de terre des chantiers. La BTC entre dès lors dans une économie circulaire, car réutilisable sur place à l’infini. Un mur
de briques en fin de vie peut être broyé et réintroduit dans la chaîne de fabrication sans qu’il ne soit nécessaire de l’exporter hors de l’île pour le retraiter. Prochain axe de travail pour Dipak : les pavés autobloquants. « On a trop imperméabilisé les sols, si bien que même quand il pleut, l’eau ne pénètre pas les nappes phréatiques. Le pavé a vocation à répondre à cette problématique », renseigne
Danjée Goulamhoussein.

Habit’âme

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Habit’âme œuvre pour la revalorisation des déchets plastiques en matériaux de construction et objets d’ameublement accessibles à tous. Dix embauches sont prévues pour l’année 2023.

Décidés à répondre à la triple problématique du logement insalubre, de la prolifération des déchets et du manque de formation pour les jeunes de l’île, cinq porteurs de projet – trois architectes, un enseignant d’histoire-géographie et une contrôleuse de gestion – se sont associés pour créer
Habit’âme : une entreprise d’économie sociale et solidaire de revalorisation des déchets plastiques en matériaux en construction, qui favorise l’insertion des jeunes éloignés de l’emploi. Concrètement, il s’agit de faire fondre bouchons de bouteilles et pots de yaourts pour en faire des meubles et matériaux de construction revendus à un tarif social.
L’année 2022 aura permis à Habit’âme de sceller les partenariats nécessaires pour lancer véritablement son activité. La collecte ses déchets s’effectuent ainsi avec le concours de Citeo, de Mayco, de la Laiterie de Mayotte, ou encore des associations Nayma, Wenka Culture. D’autre part, les financements débloqués par l’entreprise permettront de créer dix postes d’ici la fin d’année
2023 : six en insertion et deux encadrants techniques pour la partie production, un ingénieur et un technicien pour la partie recherche et développement. Les premières machines d’Habit’âme contribueront au recyclage de 100 tonnes de plastique par an. « Si cette phase expérimentale est concluante, on augmentera nos capacités progressivement jusqu’à 1.000 tonnes », renseigne Dominique Hannah, qui précise que les premiers objets made-in Habit’âme seront mis sur le marché avant la fin de l’année 2023. La société s’est également activée sur le volet de la sensibilisation. L’action « Les bouchons de Mayotte », lancée via la cité éducative de Petite Terre, invite les classes à collecter
un maximum de bouchons de bouteilles en plastique, sous forme de concours.

Kaza

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Créer de l’emploi en donnant une seconde vie au matériel informatique usagé… C’est ce qu’a fait Kaza en 2022 ! L’association de Barakani – créée en 2011 – prouve une nouvelle fois son attachement à la question de l’insertion sociale et économique par le numérique.

Engagée depuis plusieurs années dans l’animation de proximité et la médiation numérique, Kaza
s’est lancée un nouveau défi en 2022. Via son dispositif ACI (ateliers et chantiers d’insertion), l’association collecte des équipements informatiques usagés qu’elle achemine dans ses ateliers à Barakani. Là-bas, le matériel est reconditionné et contrôlé avant d’être redistribué à titre gracieux – ou pour une somme symbolique – aux particuliers les plus défavorisés. Cette nouvelle activité a permis à Kaza d’embaucher cinq jeunes demandeurs d’emploi, accompagnés vers le monde du travail grâce à un encadrement technique spécifique. Les jeunes apprennent à collecter, conditionner, contrôler et revendre le matériel informatique. « Cet ACI a une double utilité : sociale et écologique », plaide El-Mahamoudou Chaib, le vice-président de l’association. En allongeant la durée de vie d’un ordinateur de quatre à huit ans, un ordinateur reconditionné permet d’économiser près de 500 kilogrammes de CO², 3.500 litres d’eau et d’autres minerais précieux. Selon Kaza, la réutilisation de 1.000 ordinateurs permet la pérennisation d’un emploi.
En parallèle, l’association devrait bientôt recevoir son bus numérique itinérant – financé via un appel à projets gouvernemental – équipé de cinq postes. Voué à sillonner la 3CO (Communauté de communes du centre-ouest), le bus permettra « d’accompagner les démarches essentielles de la vie quotidienne d’un public en difficulté face au numérique », indique le vice-président.

R2D2

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Avec sa ressourcerie, R2D2 (Recyclage et ressourcerie pour le développement durable de Mayotte) ambitionne de revaloriser mobilier et équipements électriques au profit des populations mahoraises les plus fragiles.

L’association R2D2 naît d’une idée de la Socodem – entreprise spécialiste de l’électroménager et de l’ameublement – qui souhaite alors faire quelque chose des produits retournés par ses clients, ou reçus défectueux et invendables en l’état. L’idée est simple : collecter, revaloriser et revendre à bas prix meubles et équipements électriques, au profit des populations les plus défavorisées. « Une phase test réalisée en décembre dernier nous a permis de valider notre modèle. Nous souhaitions voir si la population était réceptive et prête à acheter des produits d’occasion. Cela s’est très bien passé », renseigne Nousrat Bousry, chargée de mission développement durable chez R2D2, qui supervise le projet. Préfinancé par la Socodem et subventionné par le Gal-Est Mahorais à hauteur de 62.000€, le projet pilote de ressourcerie porté par R2D2 fonctionne ainsi : les produits sont collectés via des dons de distributeurs tels que la Socodem, ou par apport volontaire de la population locale. Ils sont ensuite revalorisés – éventuellement réparés – dans l’atelier R2D2 situé à Kangani, avant d’être revendu à tarif réduit dans des boutiques partenaires. Si l’activité se pérennise, R2D2 prévoit de
recruter entre trois et cinq personnes dans les deux prochaines années.

Uzuri wa Dzia

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Créée en 2018, la coopérative Uzuri wa Dzia participe à la structuration de la filière laitière locale, et se distingue par une politique de recrutement favorisant l’insertion des talents locaux.

En 2018, alors que la Daaf (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) souhaite structurer et moderniser la filière laitière de l’île, sept éleveurs s’associent et donnent naissance à la coopérative Uzuri Wa Dzia. Chacun a son exploitation, dont Uzuri wa Dzia se charge de collecter, transformer et vendre le lait. « On tourne à 300 litres par jour environ », renseigne Abdillah
Boinaidi, le président. Lait pasteurisé, lait caillé mais aussi yaourts… 70 % des produits de la coopérative s’écoulent par le biais de la vente directe (manzarakas, marchés locaux), le reste dans les magasins du groupe Sodifram. « Nos produits plaisent. Aujourd’hui, la demande est bien
supérieure à l’offre ! », observe le président. Alors, pour suivre la cadence, Uzuri wa Dzia ambitionne de booster sa production, et espère installer de nouveaux exploitants dans les trois prochaines années, une fois le foncier maîtrisé avec le concours de l’Epfam (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte). De quoi ouvrir de nouvelles perspectives de recrutement au sein
même de la coopérative, aujourd’hui forte de cinq salariés en CDI… d’autant plus qu’Uzuri wa Dzia favorise l’insertion de ses stagiaires et apprentis. « Notre ingénieure agronome a fait son stage de fin d’études chez nous. De la même façon, nos trois apprentis seront recrutés en CDI à l’issue de leur formation », se ravit Abdillah Boinaidi.

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Mayotte Hebdo n°1115

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