TME 2024 : Catégorie Économie sociale et solidaire

Les structures nommées dans la catégorie « Économie sociale et solidaire » valorisent le savoir-faire mahorais de différentes manières, comme par le développement de nouvelles filières ou de l’insertion. Jusqu’à ce jeudi, vous pouvez distinguer l’une d’entre elles en votant sur le site entreprise.yt.

Dipak

Ses briques en terre crue s’exposent depuis le gymnase et le collège de Bouéni M’titi, à Dzaoudzi-Labattoir, en Petite-Terre. Mais aussi à M’tsangamouji, l’école maternelle de Chembenyoumba…  Ou encore dans des bâtiments de la société immobilière de Mayotte (Sim). La société Dipak a produit quasiment 110.000 briques en 2023. Son gérant principal, Danjée Goulamhoussen, a fait partie des moteurs pour réhabiliter cette spécialité mahoraise, en déclin depuis la départementalisation, et à nouveau en essor depuis que les travaux de réglementation ont permis de rédiger les règles professionnelles des blocs de terre comprimée (BTC) de 2023.

« C’est le défi d’une nouvelle filière qui se relance », poursuit ce diplômé en maçonnerie, qui depuis la crise liée aux barrages n’est plus entouré que d’un salarié au lieu de cinq et d’un associé pour faire tourner son usine implantée à Pamandzi. « Mais beaucoup de projets attendent d’être signés. » Le trentenaire a même fait une commande de machines automatiques pour remplacer les manuelles. « C’est un matériau écologique, local, qu’on a en abondance et qui tient moins chaud », encense le représentant de ce système d’économie circulaire qui permet de valoriser n’importe quelle terre dépolluée. Celle-ci, combinée à du ciment, sèche pendant trois semaines et durcit tranquillement en tant que brique incorporée dans une construction.

« Aujourd’hui, l’ironie est que des architectes nous poussent à en utiliser alors que les élus sont encore réticents », pointe celui qui cite des structures en métropole qui s’inspirent du savoir-faire mahorais et qui a réussi à être exposé à la Grande exposition du Fabriqué français. « C’est notre identité locale, ça peut créer des emplois, protéger l’environnement… », liste celui qui a obtenu le statut d’entreprise d’insertion fin 2023 et est en plein recrutement.

Le réseau Lahiki

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« Avant, les étudiants en métropole étaient livrés à eux-mêmes, il n’y avait personne pour les accueillir », se souvient d’expérience Ystoyan Assani, ex-étudiante partie de Mayotte vers la métropole. Cette chargée d’accompagnement d’élèves et d’étudiants est salariée du réseau Lahiki, une association dédiée à accompagner les jeunes dans leur mobilité et l’insertion professionnelle. « Quitter Mayotte et sa famille c’est déjà difficile, alors partir et ne connaître personne c’est encore plus difficile. » C’est de ce constat que des étudiants ont créé ce réseau en 2017. Il assure une présence à La Réunion, dans plusieurs grandes villes de l’Hexagone et à Mayotte, à Sada et en Petite-Terre.

Chaque année, le réseau accompagne environ 1.000 jeunes, sans limite de quota et issus de tout le département, vers la métropole et La Réunion. Avant le départ, les trois salariés à temps plein et les bénévoles aident à tout planifier : démarches administratives, réservation des billets d’avion, orientation dans les études… Cette aide, qui n’est pas financière, se poursuit pendant tout le temps des études sur le territoire. Sur le plan administratif : les aides au logement, la mutuelle… Mais aussi sur le plan social, par le biais d’activités, « pour lutter contre l’isolement ». Le réseau a notamment organisé tout récemment des foutaris en métropole. De quoi apporter aussi un soutien à une situation « qu’on sait précaire pour les étudiants ».

Grâce à ses partenaires (missions locales, France Travail, entreprises, associations) le réseau aide aussi les étudiants à leur retour pour les aider à s’insérer dans la vie active. « Mais on pense aussi à tous ceux qui ne peuvent pas partir », ajoute Ystoyan Assani, qui évoque de nouveaux projets dans ce sens.

Émanciper Mayotte

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« Personne ne voulait me donner les chiffres », déroule Houssaini Tafara. Jusqu’à découvrir une étude du conseil départemental : 90 % des jeunes mahorais qui partent étudier en métropole échouent. Celui qui a fait sa scolarité à La Réunion et ses études en métropole commence dès 2007 à distribuer des Power Point aux bacheliers de Kani-Kéli : où se diriger à l’aéroport, la caution à prévoir pour le logement, les bonnes adresses etc. Avant d’être repéré pour intervenir dans un premier lycée, puis d’autres, pour former les lycéens. « Mais en 2015, j’apprends qu’un jeune Mahorais est mort de faim dans son campus de Villeneuve-d’Ascq », au nord de la France. Sans réaction en local et poussé par le ministère des Outremer, dit-il, il créé, en 2017, Émancipation Mayotte. C’est d’abord son restaurant qui aide à financer ses formations mobilité avant de pouvoir compter sur plusieurs fonds et partenaires. Désormais, avec une présence à Nantes, à La Réunion et à Dembéni, mais aussi grâce aux forums de la mobilité et interventions dans les lycées, l’association parvient à accompagner 1.800 jeunes, inscrits dans leur base, rien qu’à Mayotte.

« Mais il ne faut pas se mentir, un jeune qui part en métropole n’a pas le niveau. Il a des problèmes en français, en mathématiques, en culture générale et d’interculturalité », appuie celui qui met en place le site MayJeuxPedago pour proposer des tests en ligne, auquel il souhaite ajouter des cours. Selon lui, chaque jeune rate en moyenne deux à trois mois de cours par an : deux ans une fois arrivé au bac. Sur le volet culturel, l’association, accréditée par la Commission européenne, permet aussi à une centaine de jeunes de partir chaque année à l’étranger.

Kaja Kaona

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C’est une initiative venue directement des jeunes de Tsoundzou 1. Réunis en 2016 pour trouver une solution à l’inactivité, ils composent désormais l’association Kaja Kaona, une structure à gouvernance horizontale constituée de nouveaux postes clés : assistants administratifs, animateurs… « On est passé d’un premier salarié à vingt salariés en 2023 », se réjouit Aurore Neel, présidente. Mieux, à l’issue de cette première année de chantiers d’insertion en maraîchage, pépinière et bâtiment (construction, menuiserie), « on a pu sortir notre première promotion », », indique-t-elle. Sur les seize employés à durée déterminée d’insertion (CDDI), une partie a été prolongée et une autre a pu intégrer le monde professionnel. « C’est un grand pas. »

Mais il y a aussi les « ateliers mobilisateurs » pour donner des compétences et de la confiance en soi dans plusieurs domaines : artisanat, cuisine, savoirs de base et accès aux droits, sensibilisation et respect de l’environnement, loisirs, culture, sport… Le tout, à destination des jeunes âgés entre 15 et 25 ans. La structure en accompagne 350 selon les chiffres de 2023. Une centaine est suivie sur deux ans, depuis l’an passé, dans le cadre du contrat d’engagement jeunes. Un projet financé par la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) qui répond à un dispositif national : un soutien financier en échange d’une démarche rigoureuse vers l’emploi.

« C’est très satisfaisant. On est identifié. On fait désormais partie du visage. Mais comment répondre à tous les besoins ? », réagit Aurore Neel, qui cherche à trouver de nouveaux locaux : un tiers-lieu, des espaces d’accueil, « ne serait-ce que pour le numérique » … Mais heureuse de voir « s’essaimer » d’autres idées comme à Tsoundzou 2, où des jeunes souhaitent créer une association, rejoints par des encadrants de Kaja Kaona.

Saveurs et senteurs de Mayotte

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L’association Saveurs et senteurs de Mayotte, créée en 2011, s’est lancé le défi de structurer la filière vanille en 2018, après avoir été approchée par des producteurs de vanille du Nord. « On a commencé avec sept producteurs, aujourd’hui on est quarante-huit », se félicite Julie Moutet, coordinatrice pour l’association, qui accompagne les producteurs dans leurs plantations. « Notre but est de produire une vanille de la meilleure qualité possible pour pouvoir rémunérer les agriculteurs de la façon la plus juste possible », ajoute celle pour qui le fait que les agriculteurs puissent vivre de leur production est une priorité.

En effet, face à la concurrence des pays voisins, où la main d’œuvre est moins onéreuse, pour pouvoir vendre une vanille à un certain coût, Mayotte doit se démarquer en offrant une vanille de qualité supérieure. Des efforts récompensés par deux médailles d’argent au Concours général du Salon de l’agriculture à Paris, en 2022 et en 2024. « Nous aimerions pouvoir fédérer encore plus de producteurs, donner envie aux jeunes de cultiver la vanille pour faire vivre cette filière et préserver cette culture patrimoniale », assure Julie Moutet. L’association est actuellement dans une phase consistant à développer la commercialisation de sa vanille sur Mayotte et en métropole. « Nous voulons arriver à approvisionner davantage Mayotte, notre but étant de vendre en local avant tout ». L’association travaille également sur de nouveaux produits et avec d’autres territoires ultramarins sur la vanille, a comme projet de passer une partie de la production en agriculture biologique, et œuvre avec le Département pour mettre en place une maison de la Vanille à Mayotte.

Retrouvez l’essentiel des catégories et procédez aux votes sur le site internet de ces dixièmes TME : entreprise.yt

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