La semaine de l’environnement continue. Ce mercredi, les déchets et la protection de l’environnement étaient au centre des interventions qui ont eu lieu au lycée des Lumières, à Mamoudzou. L’occasion de toucher un public jeune, celui des scolaires.
Ce mercredi, la semaine de l’environnement a changé de décor pour se rendre au lycée des Lumières. Une quarantaine d’élèves, dont certains suivent une option sur le développement durable, étaient réunis dans l’amphithéâtre de l’établissement situé à Kawéni, dans la ville de Mamoudzou. Le thème de la matinée : les déchets et la protection de l’environnement. Chanoor Cassam, le directeur général des services du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam 976), était le premier à intervenir pour présenter le travail de la collectivité en charge de collecter et traiter les déchets de Mayotte. « Le Sidevam est l’entité publique chargée de collecter les déchets à Mayotte depuis 2014. Nous avons 360 agents », apprend-il, pédagogue, au jeune public.
Sa présentation s’est longuement attardée sur le centre d’enfouissement de l’île, situé à Dzoumogné. Les déchets n’y sont pas seulement enfouis. Il explique que le lixiviat, autrement dit le « jus de poubelle », est récupéré et traité pour être transformé en eau pure avant d’être rejeté dans l’écosystème. « N’y a-t-il pas un risque que l’enfouissement des déchets engendre une pollution des sols et des nappes phréatiques ? », demande un des membres du public. « Le lixiviat est récupéré dans un bassin», répond Chanoor Cassam, qui ajoute que les déchets ne sont pas enterrés à même le sol, qui est protégé par une géomembrane, qui doit éviter toute contamination.
La durée de vie du centre d’enfouissement en danger
Si ce centre a été prévu pour être exploitable pendant trente ans au moment de sa création en 2014, il se pourrait que sa durée de vie soit écourtée. En effet, le Sidevam 976 n’est sensé enfouir que les déchets non recyclables. Seulement, 97% des emballages qui pourraient être recyclés finissent enfouis à Dzoumogné, ce qui réduit, au fur et à mesure, la capacité du site. Un dysfonctionnement dont les origines peuvent se trouver dans le manque de tri des déchets ou encore dans la collecte de ces derniers. « Entre les déchets emballages et les biodéchets, qui peuvent être compostés, cela fait 54% de déchets que nous enfouissons pour lesquels il existe une autre solution. Il est donc possible de prolonger la durée de vie du centre d’enfouissement », appuie Chanoor Cassam, qui a insisté, auprès des élèves, sur la nécessité de faire le tri.
C’est également dans ce but que le Sidevam 976 travaille sur le projet Douka, qui consiste à créer un réseau de commerces de proximité qui récupéreraient les emballages recyclables à travers un système de consigne.
Une application pour signaler les déchets
Lutter contre la dispersion des déchets dans la nature, c’est une des missions que Wenka Culture, basée à Kawéni, s’est donnée. Farid Abdallah, coordinateur au sein de l’association, a présenté leur projet d’application Wezo, qui permet de prendre en photo les déchets et de les signaler, avec des données de géolocalisation précises. Une application mobile, qui, selon Farid Abdallah, pourrait régler un facteur qui favorise la prolifération des dépôts sauvages. « Le problème, c’est que quand on voit des déchets, on ne sait pas à qui les signaler », constate-t-il.
Là, pas besoin de se poser la question. Avec cette application, toutes les données nécessaires à la localisation et à la collecte des déchets seront directement transmises à l’association, à la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et au service technique de la ville de Mamoudzou, qui viendront s’en occuper. Si ce projet a originellement été conçu spécialement pour le quartier de Kawéni, il devrait être déployable sur l’ensemble du territoire. Il ne reste qu’à trouver les financements pour la dernière étape de la conception de Wezo, le développement de l’application.
Éduquer la jeunesse à l’environnement
Philippe Vandecasteele, inspecteur de Sciences et Vie de la Terre (SVT), a clôturé ce rendez-vous en parlant aux élèves de l’éducation à l’environnement. « Le patrimoine naturel de Mayotte est extraordinaire, mais tout ça est fragile », avertit-il au début de son intervention. Alors que, pour lui, la sensibilisation ne consiste qu’à communiquer une information sans s’assurer qu’elle soit bien prise en compte, l’éducation, permet, elle, d’ancrer chez les personnes les bons comportements à avoir. Cela passe par les programmes scolaires par exemple. « Il faut aussi ne pas chercher à effrayer, car, s’il n’y a pas d’espoir, on n’agit pas », affirme-t-il.
L’inspecteur a insisté sur l’action symbolique de planter un arbre, persuadé que chaque élève devrait le faire pour se sentir impliqué. Ce dernier mise aussi sur les sciences participatives, avec l’application Faune Mayotte par exemple, qui permet de répertorier les espèces animales aperçues sur le territoire, ou encore le projet international Plastique à la loupe, qui consiste à ce que les scolaires ramassent les microplastiques sur la plage. Les Foundis du Lagon, un projet lancé par le Parc naturel marin de Mayotte et auquel participent plusieurs classes sur l’île, dont une de celles présentes ce mercredi à la conférence au lycée des Lumières, est un autre exemple qui permet, selon Philippe Vandecasteele, aux enfants de se sentir engagés dans le développement durable.
Le rectorat a des objectifs à court et moyen terme pour s’engager davantage dans cette voie. Par exemple, sa participation au concours Cube.S, qui pousse les établissements à s’engager dans la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique. Il souhaite également généraliser la culture de potager dans les établissements, que chaque élève de sixième plante un arbre et que l’ensemble des écoles soient éco-labellisées d’ici 2025.
Une table ronde riche, d’après les élèves à la sortie de l’amphithéâtre. « C’était très intéressant, j’ai appris beaucoup de choses », dit l’une d’entre elles. Une autre ne regrette pas d’être venue et montre que ce genre de conférence peut porter ses fruits : « Je ne savais pas que les déchets étaient enfouis. Je vais faire attention au tri maintenant ».