Pour sa première édition, ces vendredi et samedi, l’évènement a réuni une trentaine d’exposants pour tenter de faire rencontrer les acteurs du recrutement à Mayotte et le public en demande de renseignements, de stage et d’emploi. Un moyen pour l’entreprise Mayotte Recrute de faire connaître les opportunités de l’île, et ce même en dehors du territoire.
Anfiyati remplit ses coordonnées sur le stand de la crèche Les Mini Explorateurs. Elle est en recherche d’emploi depuis juillet, après avoir gardé pendant huit ans les enfants d’une famille qui a quittée l’île depuis. Elle est aussi intéressée par la formation que propose l’établissement, « même si on m’a expliqué que celle de décembre était déjà complète ». Elle arpente une partie de la trentaine de stands que compose le salon de l’Emploi, des Métiers et de l’Attractivité organisé par Mayotte Recrute à la MJC de M’tsapéré, ces vendredi 8 et samedi 9 novembre.
Et pour sa première édition, le sous-préfet de Mayotte en charge de la cohésion sociale, Laurent Alaton, venu ouvrir l’évènement, se réjouit de voir que le public est au rendez-vous. Demandeurs d’emploi comme Anfiyati, lycéens, étudiants sont venus prendre des renseignements et déposer des candidatures aux entreprises telles que Colas, IBS, Carrefour Mayotte, la ville de Mamoudzou, le régiment du service militaire adapté (RSMA) de Mayotte, qui tiennent des stands de recrutements et d’informations. C’est le cas d’Ilyasse, 19 ans, étudiant en BTS Gestion des petites et moyennes entreprises, « en tant que jeune, c’est important d’avoir une visibilité sur le monde du travail ». Il est venu avec ses camarades tenter de trouver un stage pour janvier.
« Il y a plus d’offres que de demandes »
Et les entreprises sont prêtes à accueillir les visiteurs. Elles ont toutes payé leur stand pour espérer recruter ou au moins attirer les talents. Audrey Polleti, secrétaire générale de la Fédération mahoraise du BTP (FMBTP) explique que les entreprises adhérentes, dont certaines sont présentes au salon, peinent à recruter. « On a plus d’offres que de demandes. Il y a tellement à construire, mais on ne peut pas répondre suivre tant qu’on n’aura pas plus de salariés dans le bâtiment », insiste la secrétaire, qui considère que l’une des solutions réside dans la sensibilisation, pour attirer les jeunes sur place et faire revenir ceux partis en métropole. Un problème d’attractivité qui ne touche pas seulement le milieu du bâtiment. C’est le cas pour le secteur de la petite enfance, comme pour Faïma Moreau, directrice des Mini Explorateurs, qui peine à recruter des personnes formées. « À mon sens, les problèmes de recrutements ne sont pas liés aux entreprises, mais au manque d’attractivité de Mayotte », estime la porteuse de projet qui ouvre un centre de formation, en quête de visibilité au salon. « Ce n’est pas normal qu’on soit si nombreux et qu’on ne parvienne pas à combler les vides. »
Mayotte, une île peu attractive ?
En parallèle des stands dressés au plateau couvert, une conférence à la MJC pose les atouts et les difficultés du recrutement. « On a dans nos fichiers 900 à 1.000 personnes qui souhaitent revenir à Mayotte », détaille Allaoui Attoumani, chargé de mission transformation à France Travail, mais certains freins bien connus empêchent de considérer Mayotte comme un territoire attractif. La mobilité, avec les embouteillages, est le premier, selon un sondage du cluster attractivité et recrutement de Mayotte (Carm). L’insécurité n’arrive qu’en troisième position, après le manque d’offres de soin qui dissuade. D’autant que malgré les offres d’emploi nombreuses, le chômage reste élevé à Mayotte, avec 37 % de la population sans emploi en 2023. En partie, parce que les postes proposés requièrent des diplômes techniques. « Le problème, c’est qu’il n’y a pas toutes les formations sur le territoire. Et le retour à Mayotte [de ceux partis faire leurs études] fait partie des défis », selon Azim Akbaraly, consultant en développement professionnel chez Apec, qui participe à la conférence « Attirer les talents à Mayotte : opportunités et défis ». Namour Zidini, l’organisateur de l’événement, énumère tout de même les avantages du marché du travail mahorais : croissance exponentielle, des offres de qualité, des perspectives de carrière… « On a des arguments qu’on n’a pas besoin d’inventer ».
Un salon virtuel
C’est justement pour montrer les atouts professionnels de l’île aux parfums et donner le moyen aux acteurs économiques la possibilité de se réunir qu’est né Mayotte Recrute. D’abord une plateforme pour permettre aux entreprises mahoraises de poster leurs offres d’emploi, Namour Zidini a voulu voir « les choses en grand ». Le gérant du cabinet de conseil Maestria Recrutement & Relocation, dont Mayotte Recrute est issue, organise le salon, pour lequel il a dû convaincre les entreprises de venir « prendre le risque » de participer à cette première édition. « C’est Mayotte qui crie au monde, on recrute, venez ! », rigole le spécialiste du recrutement. Car pour les curieux qui ne seraient pas sur place, Mayotte Recrute permet de suivre le salon en distanciel. Chaque exposant peut recevoir des questions via un code d’accès virtuel. Un événement qui innovera peut-être encore pour une seconde édition, « en fonction des réponses aux questionnaires de satisfactions ».
Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.