Du 6 au 12 septembre, la place de la République accueillera le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Un événement qui souffle sa huitième bougie cette année et qui espère bien attirer les foules.
La grande nouveauté de cette nouvelle édition ? Une manifestation en multiplex. En raison de la crise sanitaire, les artisans qui venaient habituellement de Madagascar et des Comores ne pourront pas se rendre à Mayotte. Alors le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien aura lieu simultanément à Antananarivo, Mamoudzou et Moroni. Pour réaliser cette prouesse technique et technologique, rien n’est laissé au hasard. Fibre optique, écran géant et drones seront ainsi déployés en grande pompe.
Et pour dire, les organisateurs espèrent réitérer la performance de 2019, qui avait accueilli 140 artisans et pas moins de 145.000 visiteurs. Rien que cela ! Ce qui lui avait valu le titre de plus grande manifestation de l’océan Indien. Cette année, 130 exposants seront répartis sur les trois îles comme l’explique Jean-Denis Larroze, le secrétaire général et directeur des services à la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte. « À Mamoudzou, 40 artisans seront présents. Idem à Antananarivo. Tandis qu’à Moroni, 50 viendront présenter leur travail”, détaille-t-il ce jeudi 2 septembre, à quatre jours du grand lancement sur la place de la République. Au programme de toute la semaine prochaine : des ateliers, des colloques, des visioconférences, des animations, une tombola, mais aussi une heure de démonstration ou de reportage vidéo quotidienne pour mettre en avant l’artisanat local de chaque territoire représenté.
La brique de terre compressée, l’avenir de l’artisanat mahorais
L’objectif des trois îles est simple : faire rayonner leur savoir-faire local. À Mayotte, la grande star de cette année sera la BTC ou brique de terre compressée. Un matériau de construction 100% naturel fabriqué à base d’argile, qui constitue une solution écologique et économique pour l’avenir du bâtiment dans le 101ème département français, mais également dans le monde. La normalisation de la BTC via l’appréciation technique d’expérimentation (ATEX) permet aujourd’hui de revaloriser le travail des quelques 12 briquetiers de l’île. Un agrément qui devrait permettre l’utilisation de la BTC pour la construction du futur lycée de Longoni (voir notre édition de ce mardi 31 août) et ainsi devenir la nouvelle vitrine de cette terre tamisée fortement comprimée à l’aide d’une presse. Du 6 au 12 septembre, les curieux pourront admirer leur savoir-faire, symbolisé par une arche spécialement érigée pour l’événement.
Programmation et tracas de dernière minute
L’événement débutera ce lundi 6 septembre sur la place République à 8h30 avec l’accueil des invités. La journée se poursuivra avec différents discours d’accueil de la part des pays participants puis un mot de bienvenue du président de la chambre des métiers et de l’artisanat France. À 11h20, l’inauguration officielle du Forum aura lieu en simultané à Madagascar, à Mayotte et aux Comores. Tout au long de la semaine, les expositions et multiples animations mettront à l’honneur l’artisanat des territoires de l’océan Indien. Si Jean-Denis Larroze et Didier Gonet, président de l’assemblée régionale des chambres de métiers et de l’artisanat de l’océan Indien, se réjouissent de la coopération entre les membres de l’événement, une ombre de dernière minute vient ternir le tableau. En effet, le gouvernement de l’Union des Comores demande la modification des affiches et documents publicitaires destinés à promouvoir le forum. Selon lui, le nom de Mayotte et le logo du conseil départemental posent problème. Conséquence : le pays pourrait tout bonnement annuler sa participation à l’événement. À l’heure actuelle, les organisateurs ne savent toujours pas si Moroni fera partie ou non de cette huitième édition. Une décision politique qui pourrait bien pénaliser les artisans comoriens déjà privés, comme leurs voisins, de forum international des métiers et de l’artisanat en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.