Ce seizième anniversaire du Festival des arts traditionnels de Mayotte (Fatma) est célébré en grande pompe. En relation directe avec la commémoration de l’abolition de l’esclavage dans l’île, cet événement dure toute une semaine. Le coup d’envoi officiel s’est déroulé ce lundi matin à Mamoudzou sur le parking du marché. Un carnaval est au programme pour clôturer cette semaine festive.
Après une absence remarquée de plusieurs années, le Festival des arts traditionnels de Mayotte (Fatma) revient en force cette année malgré des mesures strictes édictées par les autorités dans le cadre de l’opération « Mayotte place nette » (Wuambushu 2), lancée par le gouvernement. Ce festival est une occasion pour le département de mettre en lumière les traditions locales pour honorer la mémoire des ancêtres avec un accent particulier sur l’artisanat et les danses. Cet événement déclaré officiellement ouvert ce lundi matin avec l’installation des artisans dans les stands dédiés reprend des couleurs après un retrait en 2021 imposé par la pandémie du Covid 19. Depuis cette époque, le Fatma n’était plus qu’un dépôt de gerbes dans les jardins de l’hôtel du département pour commémorer l’abolition de l’esclavage. « Différentes causes survenues en avril ont justifié le report de ce festival en 2021, 2022 et 2023, notamment la période sacrée du ramadan et le lancement de l’opération Wuambushu 1 qui imposait un dispositif sécuritaire interdisant tout rassemblement important de foule en un même endroit », explique El-Kabir Bin Mohamed, directeur de l’Office culturel départemental.
Mais pour cette année 2024, le lancement de l’opération « Mayotte place nette », la semaine dernière, l n’empêchera pas le conseil départemental de générer un moment d’accalmie et de vie pour la population à travers ce seizième anniversaire du festival.
Un concert pour clôturer
Le public a une semaine pour affluer sur les lieux, jusqu’à samedi 27 avril midi. Il pourra effectuer des achats sur le village du festival tout au long de cette semaine, visiter les expositions et participer aux différents ateliers programmés : de poterie, de travail de tissage à partir de feuilles de cocotiers et palmiers exécuté par les membres des associations Nid de poule et Zaza ména. Il pourra également se joindre à des ateliers d’extraction du sel de limon par les mamans chingo de Bandrélé ainsi qu’à des séquences de chant et de danse traditionnelle du shéngué.
Dans le respect de la tradition, un dépôt de gerbes se déroulera dans la matinée de samedi dans la grande cour du conseil départemental de Mayotte. Des enfants de l’école primaire de Boboka à Mamoudzou y chanteront « La Marseillaise » sur des notes de l’association Musique à Mayotte. Des associations de debaa prendront le relais en termes d’animation jusqu’à la mi-journée.
L’après-midi sera entièrement consacré au carnaval pour rappeler le passé africain des premiers peuples de l’île. Les défilés partiront du rond-point du Baobab pour rejoindre le marché couvert de Mamoudzou sur le front de mer. Le clou de ce festival sera le concert prévu dans la soirée sur le village du festival, en hommage aux anciens musiciens mahorais sous l’intitulé de « Zama ni talouha » (les temps anciens traduit du malgache). Les groupes Vikings de Labattoir, Jimawé de Sada, Cadence Mahoraise de Bouéni, Bouhouri de Ali Madi, Trio Ngazi et Jean-Raymond Cudza se succèderont sur scène.
Un imposant dispositif de sécurité composé d’agents de la police nationale, de la police municipale de Mamoudzou et d’une société privée de sécurité est mis en place pour s’assurer du bon déroulement des différentes séquences de ce festival. À l’inverse de l’affluence record de 10.000 personnes qui se déplaçaient au Fatma avant la crise du Covid-19, les organisateurs se veulent modestes cette année dans leurs prévisions. Ils espèrent 2.000 participants au carnaval et tablent sur 4 à 5.000 spectateurs pour assister au concert des anciens.