Consultation sur l’avenir de l’Europe : les Mahorais appelés à donner leur avis

830 citoyens français tirés au sort ont été sollicités par le gouvernement pour participer à la première édition de la consultation européenne sur l’avenir de l’Europe. Si les vingt-sept États membres y ont participé de manières différentes, la France a fait le choix de la consultation citoyenne. Les dix-huit régions de la métropole et de l’Outre-mer ont eu trois jours, de vendredi à dimanche, pour émettre leurs idées. Mayotte n’est pas en reste : trente citoyens ont répondu à l’appel ce week-end pour échanger. Et leurs préoccupations reflètent le quotidien des habitants de l’île.

« En tant que citoyen français, quels changements souhaitez-vous pour l’Europe ? » C’est la question ouverte posée aux 830 Français ayant accepté de participer à la consultation européenne. Réunis au rectorat durant trois jours, les trente participants mahorais ont pu débattre sur les sujets de leur choix mais aussi émettre des suggestions et des critiques. « C’est la première fois que nous faisons exprimer les citoyens sur les questions de l’avenir de l’Europe. Habituellement, ce genre d’exercice est fait par des spécialistes », a souligné Yves-Marie Renaud, le secrétaire général pour les affaires régionales, entouré d’un groupe de trois animateurs professionnels.

consultation-avenir-europe-mahorais-appeles-donner-avisDans les dix-huit régions de France, les citoyens ont donné leur ressenti sur l’Europe de demain ainsi que sur les manques actuels. Retranscrites, toutes les propositions seront par la suite transmises au gouvernement qui, à son tour, les partagera aux instances européennes. « À partir de [celles-ci], ils verront de quelle manière nous pouvons formuler des textes de loi, des normes européennes, qui façonneront l’Europe dans les années à venir », a détaillé le haut fonctionnaire, membre du corps préfectoral. Les sujets évoqués devront également nourrir l’agenda de la présidence française à l’Union européenne. Un mandat qui n’a lieu que tous les quinze ans et qui commencera le 1er janvier prochain pour une durée de six mois.

Les Mahorais partagés entre fierté et l’envie de plus

La question posée aux citoyens a laissé libre court à tout genre de débat. Avant de parler des grandes problématiques européennes, les Mahorais choisis, représentatifs des habitants de l’île, se sont focalisés sur les besoins concrets de Mayotte. « On me dit que nous vivons dans l’Europe mais sans les avantages. Ce serait bien de pouvoir voir les fruits de l’Europe », a déclaré l’un des participants. Si Mayotte est devenue une région ultrapériphérique de l’Union européenne en 2014, les lois européennes seraient trop éloignées de la réalité mahoraise, notamment en matière d’immigration, selon les principaux retours. « Nous le savons, l’Europe est une terre d’asile, mais à Mayotte, nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Ces lois européennes imposent des choses qui limitent les capacités de développement du territoire », a indiqué pour sa part Keisler. Le développement de l’île était de ce fait la principale préoccupation des Mahorais.

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Le sujet est revenu sur toutes les tables de discussions sous différentes formes. « Il y a un manque d’investissement dans les infrastructures, comme les hôpitaux ou les écoles. L’Europe a mal évalué les besoins de Mayotte », a poursuivi le jeune homme. « La loi dit qu’il faut punir les délinquants mineurs, mais chez nous, nous n’avons pas les infrastructures pour cela », déplore une autre citoyenne. Du haut de ses 18 ans, Kaldia a rapidement réalisé qu’être Européen à Mayotte consiste à ne pas avoir les mêmes droits que les autres jeunes des États membres. « À Mayotte, je ne sens pas vraiment la présence de l’Europe parce que j’ai des amis qui sont sans formation, ni travail… Ils ne peuvent pas s’insérer. »

Mais les Mahorais sont également conscients des nombreux avantages que peut apporter l’Union européenne. « Pas mal de choses ont changé à Mayotte depuis que nous sommes dans l’Europe. Le territoire a rapidement évolué », a noté Saoudati, une autre citoyenne. En d’autres termes, le changement de statut du territoire en RUP aurait permis d’accélérer son développement. « Nous pouvons par exemple voir de nombreuses constructions financées par l’Europe. Les entreprises ont aussi des avantages car elles reçoivent de plus en plus d’aides européennes », a constaté Saoudati. Infrastructures, immigration, développement économique… Autant de sujets qui ont été relevés lors des débats. Six Mahorais ont été tirés au sort pour les exposer à Paris lors de la synthèse de l’ensemble des travaux durant la deuxième quinzaine du mois d’octobre.

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