La Chatouilleuse « Mouchoula » célébrée à Labattoir

Un an seulement après sa mort, Labattoir et Mayotte, parents proches et anonymes, se sont retrouvés jeudi dernier pour rendre hommage à « Mouchoula ». Un moment poignant, à la fois emprunte d’un peu tristesse et de recueillement, mais aussi de bonhommie et de joie autour du souvenir d’un personnage sans son pareil.

C’est par un « chéingué » de souvenir (manifestation culturelle et cultuelle spécifique à Mayotte) que sa famille, soutenue par plusieurs associations locales, a rendu hommage, jeudi 11 novembre, à « Mouchoula », célèbre chatouilleuse (de la première génération) de Labattoir. Comme pour l’icône Zéna Mdéré, il y a une quinzaine de jours, les Mahorais sont venus par centaines, hommes et de femmes, pour communier ensemble autour du souvenir de la défunte qui intègre ainsi notre mémoire collective, pour sa participation au combat des femmes mahoraises en faveur de Mayotte française.

 

De son vrai nom, Mariama Moitroa, « Mouchoula » est décédée le 11 novembre 2021, à l’âge de 87 ans, et a eu droit à des funérailles remarquables ayant réunies de gens de divers horizons. Mère de trois enfants, elle avait rejoint très jeune les « sorodas » de Zéna Mdéré qui se révoltaient contre les injustices orchestrées contre la population de Mayotte par les autorités du Territoire d’Outre-mer des Comores. Des actions qui préfiguraient pour les Mahorais un sort funeste dans le futur état comorien alors en négociation entre Moroni et Paris. Audacieuse, dotée d’un verbe tranchée égal à sa personnalité particulière, « Mouchoula » était connue de toutes les générations qui gardent d’elle un souvenir indélébile. A sa manière, elle savait communiquer avec son auditoire selon les circonstances, garantissant toujours un rire général dans le public, ce qui ne l’empêchait pas d’être une foundi coranique très respectée.

« Je pense qu’elle voulait avoir tout le monde autour d’elle jusqu’à ses funérailles, c’est pour ça qu’elle s’est organisée pour nous quitter un 11 novembre, jour février », lance avec un clin d’œil affectueux, El-Harissou, l’aîné de ses petits-enfants. Chants religieux aux sons de tambours, danses féminines à la chorégraphie millimétrée ont rythmé tout au long de la journée cet hommage à la chatouilleuse de Labattoir.

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