Depuis bientôt deux ans, l’entreprise familiale Mob’helios planche sur un projet à vocation expérimentale et démonstrative en matière de transition énergétique à Mayotte. À partir de 2022, elle compte lancer sa location longue durée de vélos et de scooters électriques avant de s’attaquer au parc automobile pour les trajets occasionnels d’ici deux ans. L’idée ? Faire adopter une mobilité douce sur un territoire pollué et embouteillé.
« Nous ne pouvons pratiquement plus circuler à cause des embouteillages. Non seulement les voitures font du bruit, mais en plus elles polluent. » C’est à l’origine de ce constat simple que les époux Perron décident de se lancer dans une idée révolutionnaire, via la société Mob’helios fondée fin 2019. Faire du deux roues électriques une solution alternative et pérenne au parc automobile pour les trajets quotidiens de moins de seulement quelques kilomètres. Une nouvelle qui tombe à pic trois jours après l’arrêté signé par le maire de Mamoudzou relatif à l’interdiction de circulation sur l’ensemble du réseau routier de la commune des véhicules personnels de plus de 15 ans à partir du 1er octobre.
S’il faudra encore attendre quelques mois avant de voir s’implanter les trois premiers modules ateliers, aménagés dans des conteneurs recyclés, le projet fait déjà saliver. « La commande est imminente ! Il faut compter entre trois et quatre mois pour la fabrication. L’incertitude repose davantage sur le délai de transit maritime », déroule Cécile, ingénieur diplômée de l’Industrie et des Mines. Les toits seront équipés de panneaux solaires tandis que l’intérieur permettra de réaliser tous les entretiens réguliers. L’objectif : ouvrir le premier espace sur le parking de la barge à Dzaoudzi début 2022 où se trouveront 40 vélos citadin et tout-terrain, prêts à déambuler aux quatre coins de l’île grâce à une autonomie oscillant entre 80 et 100 kilomètres en fonction de l’utilisation et du degré d’assistance demandé. Avant de proposer le même concept avec des scooters en milieu d’année prochaine.
Un projet collégial avec les collectivités
Dans l’espoir d’inverser les mentalités, l’entreprise familiale table sur des locations longue durée à des tarifs relativement bas, qui comprennent le changement à volonté des batteries, la maintenance ou encore les assurances vol et casse. Comment ? En devenant une société coopérative d’intérêt collectif, qui relève du champ de l’économie sociale et solidaire, avec le soutien des deux communes de Petite-Terre, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi, et de Taxi Vanille 976. « L’idée d’associer les collectivités est de faire en sorte que leurs politiques de mobilité et d’aménagement publique soient cohérentes avec nos stratégies de déploiement et d’offre proposée aux clients », précise l’ancienne directrice du Parc naturel marin. Et surtout de permettre de faire baisser les prix de revient des prestations pour « qu’elles soient accessibles à toutes les tranches de la population ».
Un million d’euros pour deux stations de charge solaire
Mais ce n’est pas tout. À l’horizon 2023-2024, Mob’hélios souhaite développer deux stations de charge solaire d’une capacité de 600 mètres carrés à destination des voitures, avec l’appui technique du technocentre de Renault basé à Guyencourt et financier de l’Ademe (agence de la transition écologique). Le but consiste alors à troquer son deux roues pour un véhicule à l’occasion d’une virée en groupe ou des courses. Reste à travailler « sur la levée des fonds », puisque cette autre activité se chiffre à un million d’euros. Pour leur emplacement, les discussions vont bon train avec le conseil départemental dans le cadre du chantier de réaménagement de la gare maritime de Petite-Terre. « Nous avons fait une demande d’autorisation d’occupation temporaire auprès du préfet avec l’avis du maire de la commune pour y être intégrés », souligne Cécile. Quant à l’aéroport, il s’agit davantage d’une hypothèse de travail, en raison notamment « de la plus grande échelle de temps sur laquelle nous évoluons ».
Peu importe les aléas, la famille Perron se la joue optimiste et croit en son projet à vocation environnementale. D’autant plus après la fête du vélo organisée samedi dernier à Mamoudzou. « Nous avons pu identifier certains freins chez ceux qui ne pratiquent pas encore, répondre aux objections et proposer des solutions rassurantes. » Si le développement des pistes cyclables est à la hauteur de l’enjeu, les deux roues risquent bien de pulluler dans un avenir proche. De bon augure pour les portefeuilles et la santé des futurs consommateurs.
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