Une première COP régionale pour un « développement humain durable »

Afin d’adapter la planification écologique nationale à chaque territoire, des COP (Conférence des Parties) régionales ont été mises en place. Celle de Mayotte a été lancée ce mercredi 24 juillet afin d’entamer les travaux visant à réduire l’impact du dérèglement climatique sur l’île. 

La première COP régionale sur la territorialisation de la planification écologique a été lancée ce mercredi 24 juillet depuis l’hémicycle Younoussa Bamana au conseil départemental, à Mamoudzou. Les travaux de cette Conférence des Parties doivent s’étaler jusque début 2025 et permettre de mettre en place des actions mettant en œuvre les recommandations du 6ème rapport du GIEC afin de lutter contre le réchauffement climatique. “Si nous n’inversons pas la courbe d’ici 2030, il faut s’attendre à une hausse des températures de 4 degrés à l’horizon 2100”, averti le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, insistant ensuite sur les conséquences climatiques, géopolitiques et même migratoires d’un tel scénario. 

1,2 degré de plus par rapport à 1961

La responsable de Météo France Mayotte était présente pour rappeler les évolutions dues au dérèglement climatique d’ores et déjà constatées ces dernières années sur l’île aux parfums. “Les relevés effectués dans notre station à Pamandzi montrent qu’on a gagné 1,2 degré depuis 1961, et 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée”, alerte Floriane Ben Hassen, constatant également des saisons sèches plus importantes et une augmentation du niveau de la mer de 5 mm par an, soit 14 cm depuis 1993. Des constats qui ne risquent pas d’aller en s’arrangeant : le niveau de la mer aura augmenté entre 30 cm et 1 m à l’horizon 2100, les précipitations auront baissé entre 10 % et 40 % et les températures augmenté entre 1 degré et 4 degrés. Des options basses ou hautes qui dépendront des efforts fournis pour suivre les recommandations du GIEC.

FI - COP regionale 2
Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, et le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, étaient présents pour lancer la COP.

En d’autres termes, les pouvoirs publics, élus et organismes vont devoir travailler main dans la main afin d’adapter la planification nationale au territoire mahorais, en veillant notamment à adopter une stratégie bas carbone et de protection de la biodiversité, dernier point jugé comme “un enjeu de richesse et un atout pour Mayotte” par le préfet, qui rappelle que 80% de la biodiversité marine mondiale est présente dans notre lagon.

Les différents acteurs du territoire ont donc jusqu’à 2025 pour programmer des actions afin de réduire les gaz à effet de serre (GES), préserver la biodiversité, gérer de manière plus raisonnée les ressources naturelles ou encore réduire les pollutions. Une première phase de diagnostic doit avoir lieu, avant une seconde de débats et de sensibilisation, avant de programmer les actions et lancer une feuille de route pour les mettre en place avant 2030. “On fera des bilans annuels, et évaluera et corrigera si nécessaire”, ajoute Jérôme Josserand, directeur de la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm), qui ajoute que ces actions doivent jouer dans six domaines : les déplacements, le logement, l’écosystème, la production, la nourriture et la consommation. 

Intégrer l’économie

Mais pour l’assemblée présente, le développement, notamment économique, de l’île ne doit pas être sacrifié. “Il y a une tendance chez les esprits simples à voir une contradiction entre développement et préservation de l’environnement. Bien au contraire, il doit y avoir une dialectique permanente entre protection de l’environnement et protection du développement. Il faut se mettre dans une logique de développement humain durable”, argumente le préfet de Mayotte. Même remarque du côté du président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, qui juge que Mayotte a trop de retard à rattraper par rapport aux autres territoires pour mettre de côté l’économie. “Je ne dis pas que nous ne devons pas protéger la nature, mais je milite pour qu’un vrai équilibre puisse être entretenu”, insiste-t-il. Une synthèse que fait Antoine Pellion, secrétaire général à la planification écologique au sein du cabinet du Premier ministre, en la définition qu’il donne de la planification écologique. “C’est s’occuper des enjeux environnementaux et intégrer l’économie”, résume-t-il à travers une vidéo qu’il a souhaité transmettre lors de cette première réunion. 

Pour conclure, François-Xavier Bieuville a tenu à en appeler de la responsabilité de chaque citoyen : “C’est à partir des comportements individuels que les objectifs pourront être atteints”. En attendant, les pouvoirs publics, les élus, les collectivités et les institutions ont six mois pour faire la synthèse de tous ces enjeux et programmer la feuille de route d’actions nécessaires pour la préservation de Mayotte. 

Des actions déjà en place

Lors de cette conférence de lancement, des actions déjà effectuées allant dans le sens de la préservation de l’environnement ont été présentées. Ainsi, le conseil départemental a livré un exposé sur ses projets pour le stade de Cavani, qui en plus d’être un lieu de sport, doit devenir “un lieu de vie” respectant l’environnement, avec par exemple un gazon “hybride” et un système de récupération d’eau de pluie pour l’arrosage. La rivière qui y passe a également vocation à être assainie. 

La Ville de Mamoudzou a quant à elle présenté sa politique de lutte contre les déchets, décrétée cause communale 2020 – 2030, et qui représente un budget de 25 millions d’euros sur dix ans. Ont été mis en avant notamment la dotation de bacs individuels par la Cadema (Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), la mise en place de collectes dans les zones inaccessibles par camion, la lutte contre les véhicules hors d’usage ou encore l’acquisition de corbeilles de rue.

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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