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Une pétition contre l’usine de dessalement d’Ironi Bé atteint 13.500 signatures

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Pour répondre à la crise de l’eau, la préfecture de Mayotte et le syndicat Les Eaux de Mayotte prévoient la construction d’une seconde usine de dessalement à Ironi Bé à l’horizon 2025. Seulement, l’urgence dans laquelle le projet s’est mis en place fait redouter les conséquences écologiques du projet. Une pétition intitulée « Un lagon sans poison ! » tente d’interpeller les pouvoirs publics sur cette question.  

« Un lagon sans poison ! », c’est ce que souhaite une pétition du même nom, qui a commencé à circuler en ligne à la mi-avril, sur le site mesopinions.com. Depuis, elle a dépassé les 13.500 signatures, un nombre important pour une pétition qui concerne l’île hippocampe. Adressé au préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le texte rédigé par le collectif citoyen qui a pris le même nom que la pétition dénonce les conséquences environnementales de la future usine de dessalement, à Ironi Bé, qui devrait voir le jour en 2025, pouvoir produire 17.500 m3 d’eau potable par jour en 2027 et qui est prévue pour atteindre une capacité de 50.000 m3 par jour à terme. « Le rejet d’eau saumâtre et de produits toxiques directement à la sortie de l’usine dans le lagon va notamment mettre en danger les premiers maillons de la chaîne alimentaire, à savoir coraux, herbiers et planctons, en augmentant la salinité et la température de l’eau », détaille Catherine Ramousse, activiste écologiste à l’initiative du collectif citoyen et de sa pétition. Or, il suffit qu’une partie de la chaîne alimentaire soit impactée pour déséquilibrer le reste de la biodiversité. 

L’activiste alerte sur la possibilité de désertion de certaines espèces à terme, y compris dans la passe en S, en face de la future usine, qui sert de couloir de passage et de migration à la méga-faune. « Les taux de reproduction de certaines espèces risquent de diminuer, on risque d’avoir des spécimens également plus petits, puis elles finiront par déserter l’endroit », complète-t-elle, ajoutant à cela la pollution sonore et lumineuse qu’engendrera la future usine. Des conséquences qui ont pu être documentées dans plusieurs études concernant l’impact d’autres usines de dessalement dans le monde. À cela, s’ajoutent les risques de destruction de la mangrove d’Ironi Bé pour construire l’infrastructure, endroit prisé par le crabier blanc, une espèce protégée

Des études insuffisantes

« Si on abîme le lagon, on abîme la richesse de Mayotte », considère Catherine Ramousse, qui pense aux clubs de plongée, aux pêcheurs, et à l’activité touristique de l’île. Un point de vue partagé par les associations environnementales, qui ont alerté plusieurs fois sur l’opacité du projet concernant ses conséquences sur la nature. En effet, en utilisant la procédure d’urgence civile pour mettre en œuvre cette usine de dessalement afin de répondre à la crise de l’eau, la préfecture n’a pas à réaliser d’étude d’impact et d’évaluation environnementale classique. Dans un document que nous avons pu consulter, l’ONG environnementale Longitude 181 parle d’une « notice d’incidences environnementales succincte et très incomplète », « d’absence d’étude sur la variabilité physico-chimique de l’eau », et « d’études insuffisantes quant à la dispersion des eaux rejetées, de leurs températures, de leurs polluants ».

Pas de séquence ERC (Eviter, Réduire, Compenser) non plus. Cette dernière a pour « objectif d’éviter les atteintes à l’environnement, de réduire celles qui n’ont pu être suffisamment évitées et, si possible, de compenser les effets notables qui n’ont pu être ni évités, ni suffisamment réduits », selon le portail notre-environnement.gouv, point d’accès national à l’information liée à l’environnement et au développement durable. Respecter cette séquence est normalement obligatoire pour tout projet soumis à une ou plusieurs procédures relevant du code de l’environnement. « Il y a globalement une grosse carence du respect de ces obligations en France. Ce n’est pas qu’à Mayotte. Les études d’impact sont très souvent lacunaires », explique Marion Crecent, avocate chez Sea Shepherd, ONG qui fait partie de celles soutenant la pétition pour « Un lagon sans poison ! ». « Ce n’est pas parce qu’il y a urgence qu’il faut faire les choses n’importe comment », s’inquiète celle dont l’association redoute notamment l’impact de l’usine sur les populations de tortues à Mayotte qu’elle protège, les herbiers dont elles se nourrissent risquant d’être menacés par le rejet de saumure. Concernant la nécessité de répondre à la crise de l’eau, Catherine Ramousse regrette que l’État n’ait pas anticipé davantage, celle de 2023 n’étant pas la première qu’a connu le territoire. 

« Il faut rejeter l’eau au large »

En mars, plusieurs associations  avaient déposé un recours gracieux à l’adresse des pouvoirs publics, afin d’engager des discussions sur ce dossier. Si elles ne sont pas absolument contre cette solution pour pallier l’insuffisance en eau potable, elles demandent néanmoins à ce que la société civile soit davantage incluse dans les débats, à ce que l’impact environnemental soit sérieusement étudié, et que des mesures complémentaires soient prises pour améliorer la gestion de la ressource en eau. À l’image de ce que demande la pétition. « S’il faut absolument une usine de dessalement, d’accord, mais dans ce cas, il faut rejeter l’eau au large (N.D.L.R. c’est le projet prévu avec l’augmentation de capacité de production), ou peut-être envisager d’autres sites, comme la passe Bandrélé, où l’impact serait moindre. […] On voudrait que le principe de précaution soit observé », propose l’activiste à l’origine de la pétition, qui maintient que des systèmes de récupération d’eau de pluie individuel pour les usages domestiques et la reforestation pour recréer de nouvelles nappes phréatiques grâce à une meilleure infiltration de l’eau dans le sol par les racines sont des solutions à long terme qui méritent autant d’être étudiées.

Ces différentes tentatives d’alerter la préfecture, à ajouter au courrier envoyé par Catherine Ramousse au nom de son collectif pour rappeler les conséquences du rejet d’eau saumâtre dans un milieu marin, n’ont pas trouvé écho à ce jour, et aucune réelle discussion n’a pu se mettre en place, selon nos informations. Pour finir, l’activiste se désole qu’il n’existe pas d’inventaire exhaustif sur le lagon et les espèces qui l’habitent : « Si des changements surviennent, il n’y aura pas de moyen de recours ».

Les coupures imprévues s’enchaînent

Le Nord n’a pas épargné par des problèmes d’alimentation en eau, ce lundi. Dès 9h30, la Société mahoraise des eaux (SMAE) faisait état « d’un niveau du réservoir de tête de Majicavo pas suffisant pour garantir la distribution d’eau pour tout son secteur ». Les villages de Majicavo-Koropa et M’tsapéré étaient ainsi coupés « avec remise en eau prévue à 17h ». Les villages de Koungou, Kawéni (village) et le quartier Gnambo titi, normalement concernés par une coupure dans l’après-midi ont vu celle-ci avancée à 9h30, la remise en eau s’effectuant ce mardi, vers 16h.

Pour les villages de M’tsahara, Hamjago, M’tsamboro et M’tsangadoua, la filiale de Vinci reconnaît « une grosse perturbation de la distribution d’eau de la semaine dernière ». Cependant, un retour à la normale ne peut se faire que par des nouvelles coupures à Hamjago et M’tsahara, ce lundi soir. Hamjago doit être alimenté, ce mardi matin, vers 6h, tandis qu’il faudra attendre 16h, à M’tsahara.

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