Une collaboration entre le Gepomay et le Parc national de Mohéli « pour mieux suivre les oiseaux dans la région »

Trois cadres du Parc national de Mohéli ont passé une semaine dans le département dans le cadre d’une mission de compagnonnage avec le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) financée par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’objectif : s’imprégner des protocoles et méthodes du Gepomay pour mettre en place le suivi des oiseaux à Mohéli. Nous avons suivi les équipes lors d’une matinée de comptage à la vasière des Badamiers.

– « Là : un zostérops ! » – « Celui-ci est endémique à Mayotte, le plumage est différent du votre » – « Oui, mais le chant est le même ! » Ben Anthoy, directeur technique du Parc national de Mohéli, met les pieds pour la première fois dans la vasière des Badamiers, en Petite-Terre. Pour autant, son œil alerte et son ouïe aiguisée repèrent et identifient les oiseaux qui nous entourent ce vendredi matin avec une facilité déconcertante. Un piaillement lointain ? « Un pluvier argenté. » Un long bec courbé repéré au loin à l’aide de jumelles ? « Courlis corlieu. » A ses côtés, deux collègues du parc mohélien, et deux représentants du Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay). Nous autres, journalistes, suivons la troupe et avons bien du mal à discerner le moindre volatile dans le vert des palétuviers ! Néanmoins, un observateur aguerri pourrait dénombrer une bonne vingtaine d’espèces d’oiseaux côtiers sur le site, pour la plupart des migrateurs.

Pour le directeur technique et ses confrères du Parc national de Mohéli, la matinée clôture une semaine de visite à Mayotte, organisée dans le cadre d’un projet de compagnonnage avec le Gepomay, et financé par l’Office français de la biodiversité via le programme TeMeUm (terres et merres ultramarines). « L’objectif, à terme, est de mettre en place le suivi des oiseaux à Mohéli », renseigne Malo Braquier, coordinateur de l’observatoire des oiseaux côtiers de Mayotte au sein du Gepomay. « Nous leur apportons donc nos compétences sur ce domaine. » « On a beaucoup appris cette semaine », se ravit Ben Anthoy. « Surtout sur les techniques de comptage, les protocoles à respecter, etc. » Sur le vaste site de la vasière des Badamiers, les agents mohéliens sont ainsi sensibilisés au « comptage simultané » par secteurs, pour éviter un « double-comptage » des oiseaux et donc une surestimation des populations. « Plus tôt dans la semaine, sur les autres sites, nous avons abordé d’autres méthodes : la mise en place d’itinéraires de suivi, avec les bonnes distances à respecter entre les points d’observation, par exemple. Ce sont des outils simples à mettre en pratique », estime le directeur technique, qui en anticipe déjà le déploiement pour « intégrer Mohéli dans les plateformes régionales de comptage et de suivi des oiseaux ».

« Il y a plusieurs bénéfices à cela : s’ils mettent en place des suivis chez eux, on acquerra davantage de données. Les oiseaux côtiers bougent beaucoup, donc il peut y avoir des échanges de populations avec les îles voisines. Le fait de régionaliser les suivis permettra d’avoir des données plus fiables… de répondre à certaines questions. Par exemple, de savoir s’il y a moins d’oiseaux à Mayotte cette année, est-ce parce qu’il y en a plus à Mohéli ? », détaille le coordinateur du Gepomay, dont une équipe s’est déplacée sur l’île voisine pour prendre connaissance des conditions de travail des agents et des contraintes de terrain spécifiques.

« En une semaine là-bas, on a observé une quarantaine d’espèces. Si les oiseaux forestiers bougent peu, et ont tendance à être endémiques, les limicoles (les oiseaux qui vivent et se nourrissent dans la vase, NDLR) sont pour beaucoup les mêmes à Mohéli et à Mayotte », informe Malo Braquier. Similarité des espèces, donc, mais aussi similarité des enjeux : «la déforestation, le changement climatique, la présence de l’homme… nos oiseaux subissent des pressions similaires », plaide le directeur technique de Mohéli, convaincu que cette collaboration avec le Gepomay « ne fait que commencer ! »

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