Un préfinancement enclenché pour aider le syndicat des déchets

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Ambdilfarkour Ibrahim (à gauche), le directeur de la logistique, décrit le futur pôle logistique prévu derrière le siège du Sidevam, à Dzoumogné.

Des nouveaux camions, 16.000 bacs, un pôle logistique à Dzoumogné, la déchetterie de Malamani, le Sidevam (Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte met en œuvre plusieurs opérations nécessitant des fonds tout de suite, en attendant les subventions européennes, de l’État et de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Des conventions ont donc été signées dans ce sens avec l’Agence française de développement (AFD), ce vendredi matin, à Dzoumogné.

Pourquoi le Sidevam a besoin d’un préfinancement ?

« Quand nous sommes arrivés à la tête du Sidevam, nous avons remarqué qu’il y avait pas mal de problématiques au niveau de la collecte, du pôle logistique et du traitement des déchets », rappelle Houssamoudine Abdallah, le président du syndicat depuis 2020. Plusieurs chantiers, « qui nécessitent des fonds », ont été ainsi lancés. Quatre conventions ont été signées pour assurer leur financement, ce vendredi matin, au siège de Dzoumogné. 5.000 bacs ont d’abord été distribués, une commande de 16.000 doit suivre au regard du premier document. A cela, s’ajoutent les nouveaux camions en cours d’acquisition pour rejoindre la flotte actuelle de trente engins. Quant aux bennes des déchetteries mobiles, dans la deuxième convention, une douzaine vont permettre au Sidevam d’augmenter les rotations dans les intercommunalités. Elles s’ajouteront à la future déchetterie de Malamani (prévue initialement au premier trimestre 2024) qui elle aussi fait l’objet d’une convention. Le futur pôle logistique, situé derrière le siège de Dzoumogné, est le dernier projet soutenu par l’Agence française de développement.

Un pôle logistique pour faire quoi ?

A l’arrivée de la nouvelle mandature du Sidevam, en 2020, le garage situé derrière le siège de Dzoumogné était à ciel ouvert et les bâtiments manquaient de place pour stocker les pièces de rechange des camions. Un chapiteau et des containers ont été installés, mais ils pallient simplement une urgence. « Les gens travaillent dans des conditions compliquées », reconnaît le président du Sidevam. « Il faut absolument qu’on puisse construire ce pôle logistique. Ça nous permettra d’avoir les outils nécessaires pour avancer plus rapidement dans les réparations. » Le délai prévu pour les travaux, qui pourraient commencer en « novembre ou décembre », est d’un an et demi.

A combien se chiffre le financement de ces projets ?

Au total, le montant des quatre conventions atteint les 9,5 millions d’euros. Le Feder (Fonds européen de développement régional) va permettre l’optimisation de la collecte (camions et bacs) pour environ 6,9 millions d’euros. L’Ademe participe à l’acquisition des bennes de déchetterie (204.070 euros) et à la construction de la déchetterie (471.185 euros), tandis que l’État finance le pôle logistique à hauteur de deux millions d’euros via le Fonds exceptionnel d’investissement.  Cette enveloppe n’est cependant pas consommée en une seule fois, elle rentre dans un plan pluriannuel des investissements du Sidevam. « Pour 2023, nous avons chiffré notre budget d’investissement à six millions à peu près », précise Chanoor Cassam, le directeur général des services du syndicat. En tout, « quarante millions d’investissement sont chiffrés pour cette investiture », ajoute Houssamoudine Abdalllah.

Pourquoi passer par l’Agence française de développement ?

Comme la plupart des subventions, notamment celles de l’Union européenne, il faut que le Sidevam paye d’abord de sa poche, puis montre ses factures afin d’obtenir un remboursement. La marge de manœuvre du syndicat étant limitée, l’Agence française de développement permet d’avancer les fonds. « On laisse en général trois ans à nos partenaires pour finaliser les opérations et faire remonter tous les justificatifs qui permettent aux organismes subventionneurs de verser les subventions », explique Ivan Postel-Vinay, directeur de l’agence AFD à Mayotte.

« Ça va nous permettre de payer les factures de la déchetterie de Malamani », fait remarquer Houssamoudine Abdallah, admettant un retard de ce qui sera la première déchetterie de Mayotte. Autre fonction de l’AFD, elle peut aussi contracter des prêts. Le syndicat a laissé entendre qu’il va sans doute en solliciter un prochainement.

Est-ce que l’AFD sera aussi impliquée dans les autres déchetteries ?

Il y a de fortes chances. Les deux parties n’y sont pas opposées, car le syndicat espère avancer vite sur les deux sites qui suivront Malamani. « On mise plus sur Longoni pour la prochaine », annonce Chanoor Cassam, admettant un foncier plus facile à acquérir. Pour Bandrélé, le site a déjà été choisi. Seulement voilà, la voie d’accès passe par le terrain d’un propriétaire qui ne souhaite pas vendre. Le Sidevam est toujours en négociations avec celui-ci.

De son côté, l’AFD a loué le Sidevam pour « sa pugnacité » et « les résultats qu’il démontre ». « Nous sommes très heureux de collaborer avec vous car votre action est pour moi alignée avec notre mandat ici à Mayotte et plus généralement dans les Outre-mer. Celui-ci est axé sur le développement durable du territoire, sur la protection de l’environnement et sur la transition vers une économie moins carbonée », rappelle le directeur de l’agence AFD à Mayotte.