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A droite, Fatimaty Abdallah Toana, vice-présidente de la Cadema, et Abdou Hariti, directeur général des services par intérim de la collectivité, ont souhaité avoir des réponses sur les odeurs de la station d’épuration de Baobab, à Mamoudzou. Face à eux, les représentants du syndicat Les Eaux de Mayotte ont reconnu le problème et indiqué qu’ils souhaitaient y mettre fin avec un quai de transfert prévu à Longoni.

Sollicitée par les riverains incommodés par les odeurs de la station d’épuration Baobab à Mamoudzou, la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou a invité le syndicat Les Eaux de Mayotte, ce vendredi matin, à un point presse improvisé. Le syndicat et son délégataire, la Société mahoraise de l’assainissement (SMAA), reconnaissent qu’il y a un problème d’évacuation des boues et assurent qu’un quai de transfert à Longoni le résoudra.

D’où vient le problème des odeurs ?

Pour ceux qui habitent à proximité du rond-point du Manguier, à Mamoudzou, c’est devenu un calvaire quotidien. Agée de 24 ans, la station d’épuration Baobab située en contrebas dégage constamment des odeurs nauséabondes à plus ou moins forte intensité. Une situation qui dure et qui remontre fréquemment aux oreilles de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, à qui revient la compétence de l’assainissement. Fatimaty Abdallah Toana, vice-présidente de la Cadema, et Abdou Hariti, directeur général des services par intérim, ont donc voulu prendre le taureau par les cornes en demandant des explications, in situ, en présence des médias. Ainsi, Françoise Fournial, la directrice de la Société mahoraise de l’assainissement (SMAA), a accepté de se prêter à l’exercice, ce vendredi matin. « La station de Baobab fonctionne plutôt correctement (N.D.L.R. elle traite les rejets de 40.000 habitants pour une capacité de 60.000). Mais, depuis quelques mois, la problématique des odeurs est plus importante parce qu’on a des difficultés d’évacuation des boues », reconnaît celle qui est à la tête de la filiale de Vinci. Celle-ci gère le site en tant que délégataire du syndicat Les Eaux de Mayotte. « On est bien conscient du problème. Nos agents, qui sont sur site tous les jours, en souffrent. »

Comment s’est-il accentué ?

Les boues recueillies lors du traitement des eaux sont habituellement séchées, puis transférées à l’ISDND (installation de stockage de déchets non dangereux) de Dzoumogné. Sauf que « l’ISDND a eu des petits soucis d’évacuation, ces derniers mois. Donc, on a été obligé de stocker les boues sur la station, ce qui explique les odeurs. Cette situation est en train de se résoudre », explique la directrice de la SMAA. Parmi les problèmes soulevés, il y a celui des hydrocarbures retrouvés dans les boues et qui les rendaient non conformes pour l’ISDND. Françoise Fournial prend comme exemple les garages clandestins ou la légende qui consiste à mettre de l’huile dans une fosse septique pour en atténuer les odeurs. « Ça ne marche pas, je tiens à le préciser. » Concernant le site géré par la Star Mayotte à Dzoumogné, ce seraient des dégradations et des incendies volontaires qui ont ralenti les transferts, ces derniers mois.

Quelle serait la solution ?

Le syndicat affirme qu’il travaille à une solution alternative pour le stockage de ces boues nauséabondes. Un site à Longoni devrait prochainement servir de plateforme de stockage en attendant chaque transfert vers Dzoumogné. « Ça va nous permettre de diminuer le stock à Mamoudzou, donc diminuer les nuisances olfactives », fait remarquer Steeves Guy, le nouveau directeur des services techniques du syndicat des eaux. Ce quai de transfert devrait voir le jour « avant la saison des pluies ».

Quid du projet de station à Tsoundzou ?

C’est un autre point soulevé par les élus. La Cadema s’impatiente de ne pas voir les projets sortir de terre sur son territoire, avec en premier lieu, la station d’épuration Mamoudzou sud, qui est prévue à Tsoundzou (voir encadré) depuis des années. Steeves Guy ne peut pas donner de date, mais indique que le dossier s’accélère avec une entreprise retenue fin juin et des études préparatoires qui vont commencer. Elle sera construite à la suite de celle de Koungou. Le site initial étant trop compliqué techniquement, il a été écarté au profit d’un deuxième à proximité du pont de Kwalé.

Autre sujet d’inquiétude, qui sera abordé au cours d’une réunion entre la Cadema et le syndicat, ce mardi, les raccordements sauvages à Passamaïnty sur le réseau des eaux pluviales. Ce qui entraîne des problèmes de rejets dans le lagon. Les Eaux de Mayotte indiquent avoir identifié les contrevenants, mais ne pas avoir de pouvoirs de police. Les représentants de la Cadema présents ce jour-là ont promis de regarder ça de près, la collectivité s’étant dotée récemment d’une police intercommunale.

Une maîtrise d’ouvrage toujours au syndicat

En janvier 2023, la Cadema avait voté une délibération pour sortir du syndicat les Eaux de Mayotte en ce qui concerne la maîtrise d’ouvrage pour les projets concernant l’eau et l’assainissement, la gestion des réseaux restant à la charge du syndicat des eaux. Cette décision forte tenait au fait que la collectivité, ainsi que la mairie de Mamoudzou, étaient fatiguées d’attendre des projets depuis des années et pointaient l’absence de réponses du syndicat. La reprise d’une compétence entraînant des négociations entre les deux parties, peu d’informations ont filtré depuis sur l’état de la procédure. Ce vendredi, Abdou Hariti indique qu’elle est toujours « en cours ». Côté syndicat, on assure pourtant ne plus entendre de cette reprise et on avance que des réunions avec l’ex-président de la Cadema, Rachadi Saindou, et le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, auraient apaisé les tensions.