«Il est très peu probable que les déficits soient comblés»

Le prolongement des coupures d’eau sur le rythme de deux fois par semaine est devenu nécessaire au regard du déficit pluviométrique que connaît Mayotte. Météo-France, dans un bulletin datant de ce jeudi 9 mars, constate que la saison des pluies n’a jamais vraiment commencé.

« Le département de Mayotte a connu une fin 2022 particulièrement sèche avec des déficits pluviométriques importants. Le début de l’année 2023 s’inscrit dans la continuité de cette tendance », explique en introduction Météo-France dans son bulletin, ce jeudi. Mayotte a soif et devrait continuer à tirer la langue. Après une bonne saison des pluies 2021-2022, celle-ci enregistre un déficit que l’île n’a pas connu depuis 1997. L’anomalie de précipitations (la différence par rapport à la moyenne sur les cinquante dernières années) atteint les -400 millimètres de pluie sur le secteur Dzoumogné-Combani où se trouvent les deux retenues collinaires, c’est pire qu’en 2017 (environ -200 mm). Chaque mois depuis septembre 2022, le quota habituel n’a jamais été atteint. Le déficit est même particulièrement important en octobre (-58%), novembre (-48%) et janvier (-40%). Et les prévisions ne sont pas optimistes. Si la pluie est bien prévue sur le reste du mois de mars, « il est très peu probable que les déficits soient comblés avant l’entrée en saison sèche ».

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La saison des pluies, annoncée comme tardive, n’a jamais vraiment commencé. Crédit photo : Météo France

Un nord assoiffé

La situation n’est pas exactement la même partout sur le territoire. Si le manque d’eau est général, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Vers le mont Combani, on s’en sort le mieux avec 80% de ce que la zone reçoit en eau de pluie habituellement. A Mamoudzou, Ouangani ou Kani-Kéli, les précipitations représentent les trois-quarts de la normale. Petite-Terre (66% de la normale) et Bandrélé (66%) sont dans le rouge (voir carte), mais c’est surtout le nord de Mayotte (55%) qui a soif.

Et c’est un gros problème, car ce dernier territoire connu pour être le plus humide accueille pourtant la retenue collinaire de Dzoumogné, l’un des deux grands réservoirs alimentant l’île en eau. En février, le comité de suivi de la ressource en eau à Mayotte notait d’ailleurs que le bassin était rempli à 25% seulement (voir encadré). Les deux députés de Mayotte, Mansour Kamardine et Estelle Youssouffa, qui continuent de sensibiliser la métropole sur le manque d’eau sur le territoire, ont sonné dernièrement l’alarme. C’était le cas en janvier pour le premier et encore tout récemment pour la parlementaire du nord.

Dominique Faure, ministre déléguée du Collectivités territoriales et de la Ruralité, a promis à la députée que « le gouvernement se tient prêt à agir et réagir, en lien avec les acteurs locaux, en cas de sécheresse importante ».

 

Pas d’ouverture de robinet prévue

L’an dernier, les coupures d’eau étaient passées à une par semaine à la mi-février. Puis, elles n’étaient plus nécessaires quelques semaines après. Ce scénario fait rêver aujourd’hui, mais il risque de ne pas se réaliser avant un moment. La dernière décision du comité de suivi de la ressource en eau à Mayotte (Météo-France, le syndicat Les eaux de Mayotte, SMAE, Dealm, ARS, préfecture de Mayotte), en février, a été de maintenir « unanimement » les deux tours hebdomadaires et la sécheresse actuelle n’incite pas à l’optimisme.

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