« Des submersions chroniques par la mer de plus en plus régulières »

Érosion, déforestation, risque d’inondations… Plusieurs experts étaient réunis, ce lundi 23 janvier, pour énumérer les principales menaces qui pèsent sur l’environnement mahorais. Une table ronde pour préparer les Ateliers de maîtrise d’œuvre urbaine, du 29 janvier au 7 février, qui vise à définir un avenir souhaitable pour l’île.

« Mayotte est un laboratoire de biodiversité à ciel ouvert. Pour autant, il est exposé à de nombreuses menaces », rappelle Houlam Chamssidine, président du conseil scientifique et du patrimoine naturel de Mayotte et de Mayotte Nature Environnement (MNE). Grâce à ses écosystèmes marins et terrestres particulièrement riches, l’île fait en effet partie des 34 « points chauds » mondiaux de la biodiversité. Mais elle doit faire face à plusieurs défis. D’abord, parce que sa croissance démographique augmente la pression sur les infrastructures et l’environnement, mais aussi en raison des effets du dérèglement climatique qui rendent le territoire de plus en plus vulnérable. D’autant que la préservation de l’environnement n’est pas toujours une priorité pour une population qui vit, pour 75 %, en dessous du seuil de pauvreté.

« Mayotte devient une poubelle »

Le président du Conseil scientifique s’inquiète d’ailleurs de voir le nombre d’habitants continuer de croître. « Mayotte ne peut pas accueillir un million de personnes sur son territoire, cela aurait un impact majeur sur ces ressources. » D’autant que ces dernières sont déjà largement grignotées par les activités humaines. La déforestation atteint notamment des records, avec la disparition de près de « 150 ha par an », assure celui qui est aussi militant. Les activités agricoles fragilisent les terres, les brûlis participent au phénomène d’érosion, les lavages en rivière polluent les cours d’eau… « Le territoire devient une poubelle, les déchets jonchent les routes, on retrouve des taux d’hydrocarbures importants dans la chair des huîtres. L’homme respire un air pollué, consomme des poissons pollués, boit une eau polluée… Il faut qu’on arrive à trouver des solutions », s’alarme-t-il, devant un panel d’experts et de futurs participants aux Ateliers de maîtrise d’œuvre, du 29 janvier au 7 février, à Mamoudzou.

 Un recul du trait de côte significatif

Pour les spécialistes, il y a d’ailleurs urgence à agir. « Nous assistons à des submersions chroniques par la mer de plus en plus régulières. Le risque d’inondations touche 45 % du territoire et le recul du trait de côte est significatif », énumère Charlotte Mucig, directrice régionale du BRGM Mayotte. « L’école de Kani-Kéli est obligée de renforcer sa structure parce que nous avons construit trop près des côtes. Et on constate notamment un recul de la falaise au niveau de l’usine de dessalement en Petite-Terre. Dans quelques années, cette usine sera vraiment au bord du gouffre et on sait à quel point nous avons des difficultés à produire de l’eau pour tout le monde. » D’où l’importance de « trouver un équilibre pour assurer un avenir résilient et souhaitable pour Mayotte ».

L’environnement, enjeu majeur des Ateliers

Plusieurs experts de l’Agence française de développement (AFD), du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de l’établissement public foncier d’aménagement de Mayotte (Epfam), également des architectes, urbanistes ou acteurs pour la protection de l’environnement étaient réunis pour dresser un état des lieux environnemental à Mayotte, ce lundi 23 janvier. Une table ronde en vue de préparer les Ateliers internationaux de maîtrise d’œuvre urbaine qui auront lieu du 29 janvier au 7 février sur l’île. Douze participants se réuniront pour l’occasion, ils travailleront en équipes, avant de présenter leurs propositions aux décideurs locaux. Leurs objectifs : déterminer quelles actions d’aménagement rapides et concertées peuvent permettre de répondre aux enjeux de croissance démographique, construire un dialogue entre formel et informel pour répondre aux enjeux fonciers, intégrer les enjeux du changement climatique pour préparer un avenir désirable pour la jeunesse et, enfin, concevoir un développement économique à partir des filières créatrices d’emplois pour valoriser et préserver les atouts de Mayotte.

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