« S’il y a un cyclone ou un tsunami, je sais comment me protéger »

Alors que Mayotte est particulièrement exposée aux risques naturels, la population est peu informée sur ces sujets. Face à ce manque d’informations, la commune de M’tsamboro a organisé, ce lundi, un village de sensibilisation aux phénomènes naturels. Les collégiens ont pu tester leurs connaissances via des animations ludiques.

« Mayotte c’est une île volcanique formée il y a dix millions d’années par de la lave sortie des fonds marins », explique, carte géologique à l’appui, une salariée du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Écoutant avec attention, les élèves du collège de M’tsamboro sont venus, ce lundi, au village de sensibilisation des risques naturels installé au plateau sportif de la commune. « A Mayotte, il n’y a pas de sensibilisation à ces questions pourtant les risques sont nombreux », raconte Hedia Jelassi, cheffe de projet lutte contre l’habitat indigne à la mairie de M’tsamboro à l’initiative de cette journée. Pour pallier ce manque, la municipalité a choisi d’organiser cet événement en collaboration avec l’association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT). Il faut dire que la commune est particulièrement concernée. « Elle est menacée par les glissements de terrain, les inondations et les submersions marines », décrit la cheffe de projet. Le quartier de Foumbouni subit notamment un glissement de terrain.

L’objectif de la journée était de sensibiliser les enfants à ces questions. Plusieurs associations et institutions spécialistes du sujet étaient réunies pour proposer des contenus ludiques. Parmi elles, la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm), le BRGM et l’association des Naturalistes pour évoquer son projet de lutte contre l’érosion.

« Inculquer une culture du risque »

Les jeunes ont participé à un loto du risque. Le but : apprendre à reconnaître un cyclone, un volcan ou un séisme par exemple via des images. « Nos missions consistent à inculquer une culture du risque à la population pour savoir comment les décrire, les lire dans le paysage. Ensuite, nous enseignons comment se préparer et les anticiper », résume Bernard Guezo, ingénieur expert en gestion des risques urbains et membre de l’AFPCNT.

Camila, en classe de troisième, a bien retenu les conseils en cas de catastrophe naturelle. « S’il y a un cyclone ou un tsunami, je sais comment me protéger », glisse-t-elle. Si un glissement de terrain se produit, de son côté, Kalina, en classe de cinquième, sait désormais « quels conseils donner aux autres pour être prudents ». Pour lutter contre l’érosion, « il faut éviter de couper les arbres », a retenu pour sa part Amrah. Des explications concrètes et interactives qui ont été appréciées par les adolescents.

Éduquer sur les catastrophes naturelles à Mayotte est particulièrement nécessaire tandis que l’île y est particulièrement vulnérable. « Comme les autres territoires d’outre-mer, Mayotte est exposée à sept risques sur huit, soit tous si on excepte les avalanches », détaille Matthieu Menou, chef de la mission d’appui pour les politiques publiques de prévention des risques naturels d’outre-mer (Mappprom). Représentant de l’Etat sur ces questions, il a fait le déplacement à Mayotte pour l’événement. L’île aux parfums est d’autant plus confrontée aux aléas qu’une nouvelle donne s’est ajoutée avec la découverte du volcan sous-marin Fani Maoré en 2018, qui fait régulièrement trembler la terre.

« 90 % de la superficie est soumise aux aléas naturels”

« 90 % de la superficie est soumise aux aléas naturels dont la moitié à des aléas forts », indique Jean-François Leroux, chef du service environnement et prévention des risques à la Dealm. Face à ces données, l’action de son service consiste à donner un cadre pour réglementer les constructions, ils sont notamment mobilisés pour les aménagements publics comme le projet de bâtir un collège par exemple.

Ce lundi, les animations ont particulièrement intéressé alors que chacun a une anecdote en lien avec un phénomène naturel. Cela a rappelé des souvenirs à Moinecha Baou, surveillante au collège de M’tsamboro qui accompagnait les élèves ce lundi. « Au début des années 2000, il y a eu un cyclone avec dix jours de pluie non-stop. Nous ne pouvions pas sortir, nous n’étions pas à l’école, la télé ne marchait plus donc on écoutait les informations à la radio », se remémore-t-elle. « A ce moment-là, je n’ai pas vu mes frères et cousins pendant dix jours ». Pour trouver un phénomène naturel plus récent, pas besoin de chercher bien loin. Il y a à peine plus d’un mois, le 27 août, la terre a tremblé. Un séisme de magnitude 4,9 a été enregistré à 40 km de Petite-Terre dans la zone de Fani Maoré.

La matinée s’est ensuite terminée par une présentation des dessins de phénomènes naturels les plus réussis, les jeunes avaient pour consigne de dessiner un risque. Syanah a esquissé un « volcan enragé » en référence au volcan sous-marin, elle a aussi pris soin de représenter la chambre magmatique qui y a été découverte. Face au succès de l’événement, Hedia Jelassi rêverait de voir à l’avenir ce type de sensibilisation « organisé sur toute l’île ».

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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