Sensibiliser sur la gestion durable des mangroves, la priorité de l’UICN

Samedi dernier, acteurs associatifs et institutionnels étaient réunis dans les locaux de la communauté de communes du Sud à Bandrélé pour une matinée au cœur des mangroves mahoraises et leurs enjeux.

Chaussez vos bottes en caoutchouc, c’est parti pour découvrir la mangrove ! Après une visite ce samedi 12 juin à Bandrélé, place à une session d’échanges et de sensibilisation organisée dans les locaux de la communauté de communes du Sud dans le but d’évoquer la gestion durable des 735 hectares de biome. À Mayotte, cet écosystème gigantesque abrite pas moins de 7 espèces de palétuviers, 58 de poissons, 43 d’oiseaux, 15 de crabes et 2 de chauve-souris. Un petit monde qui vit entre terre et mer et qui évolue au gré des marées.

Sauf que cet habitat unique subit de nombreuses pressions sur les rives qu’il occupe ! Pression démographique, agriculture, aléas météorologiques… Autant d’attaques extérieures qui mettent à mal l’équilibre fragile de ce milieu. Par le biais d’actions de sensibilisation, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et les acteurs environnementaux de Mayotte espèrent pouvoir sauvegarder cette forêt en péril.

 

Protéger, préserver, restaurer

 

Essentielle à l’équilibre du lagon, la mangrove a de nombreuses fonctions. Primo, elle comporte un intérêt majeur vis-à-vis de la biodiversité, en particulier en matière de ressource halieutique. Deuxio, elle sert de pouponnière aux poissons mais aussi de lieu de vie aux tortues juvéniles. Terzio, elle protège la côte des intempéries et des marées. Par ailleurs, elle constitue un puit de carbone, stocké majoritairement dans l’humus des sols. Et par dessus tout, elle offre aussi une ressource économique pour les communautés locales. C’est pourquoi aujourd’hui, des institutions comme l’UICN mettent en avant sa protection, sa préservation et sa restauration.

Premier pas de la restauration de mangrove avec le diagnostic. L’objectif ? Étudier en profondeur cet écosystème de marais maritime afin de le comprendre. Tout d’abord, il faut établir l’origine de la perturbation ou de la dégradation, se demander si celle-ci est irréversible, définir les objectifs de la restauration mais aussi le degré d’implication des acteurs locaux ou encore les conditions du milieu. « Lorsque nous avons établi un constat et qu’une restauration de la mangrove est possible, nous sommes face à deux solution : la colonisation naturelle ou la plantation de palétuviers”, dévoile Grégoire Savourey, chargé de mission biodiversité de l’océan Indien à l’UICN de Mayotte.

 

La colonisation naturelle privilégiée

 

Avant de rentrer plus en détails sur ces deux approches. “La priorité est toujours donnée à la colonisation naturelle. Nous apportons des aménagements aux sites afin de restaurer l’hydrologie et l’hydrodynamique de ceux-ci pour permettre à la mangrove de prospérer à nouveau. Nous préconisons cette méthode car nous ne ferons jamais mieux que la nature. En revanche, quand celle-ci échoue nous devons nous tourner vers la plantation de palétuviers pour restaurer la forêt. Pour cela, il faut choisir, collecter et stocker les propagules*. Il faut ensuite les mettre en pépinière puis les planter”, précise-t-il. Seul souci : l’intervention humaine se révèle être une option à la fois coûteuse et contraignante. Pour la simple et bonne raison que les pépinières doivent être mises en place directement à l’intérieur de la mangrove…

Peu importe la démarche employée, l’association Nayma, le groupe d’actions locales de l’Ouest et du Grand Sud ou encore l’UICN prônent coûte que coûte une gestion durable des mangroves mahoraises afin de préserver le patrimoine naturel de l’île aux parfums.

*Élément pluricellulaire permettant à une plante de se reproduire.

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