Randoclean : “Nous voulons juste que Mayotte reste propre”

L’association Randoclean existe officiellement depuis début septembre, mais en réalité elle a commencé ses actions dès le mois de juillet. Son concept est très simple : faire de la randonnée tout en nettoyant sur son chemin. Ce samedi 17 octobre, pour sa cinquième excursion, la randoclean aura lieu au Mont Benara. Patrice Meresse, co-fondateur et trésorier de Randoclean, nous raconte leur motivation et leurs ambitions pour que l’île reste propre et attractive.

 Flash Infos : En quoi consiste le concept de randoclean et comment est-il né ?

Patrice Meresse : Je suis parti pendant 17 ans de Mayotte. Quand je suis revenu en vacances il y a deux ans, cela m’a blessé que mes anciens collègues militaires disent que mon territoire était beau mais sale. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler de tourisme ni de développement tant que Mayotte reste dans cet état d’insalubrité. Cela a été le déclic ! Alors avec les autres membres, nous avons voulu associer le sport à l’écocitoyenneté. Nous faisons des randonnées tout en nettoyant le parcours que nous empruntons.

 FI : Sur quels types de sites faites-vous les randonnées ?

P. M. : Nous choisissons surtout les sites touristiques de Mayotte comme le Mont Bénara, le lac Dziani, la pointe Mahabou, etc. Le but est de permettre aux parents d’emmener leurs enfants dans les randonnées afin que les petits prennent conscience de l’importance de nettoyer. Si nous leur apprennons dès le plus jeune âge, plus tard nous n’aurons presque plus besoin d’avoir des associations environnementales comme Randoclean car ils auront compris.

 FI : Vous choisissez délibérément des sites touristiques, mais pourquoi n’allez-vous pas dans les quartiers, dans les villages qui sont aussi très sales ?

P. M. : Notre objectif pour le moment est de faire connaître Randoclean. Le fait de choisir les sites touristiques nous permet d’avoir plus de monde. Par la suite, nous souhaiterions avoir des groupes de randoclean dans tout Mayotte, qui pourront nettoyer dans les villages. Et nous avons de plus en plus de monde. Lors de notre première randoclean en juillet au lac de Dziani, nous étions 26 et nous n’avons cessé d’augmenter. À la dernière randonnée, nous étions 150 personnes et à l’heure où je vous parle, nous avons 166 personnes inscrites pour le Mont Benara.

 FI : Cela fait beaucoup de monde. Comment est-ce que vous encadrez tout cela ? Partez-vous avec des guides touristiques et des agents de sécurité ?

P. M. : Nous sommes une association à but non lucratif donc nous n’avons pas de moyens. Nous sollicitions les communes pour leur demander un minimum de sécurité. Nous prévenons également la gendarmerie pour qu’elle sache que nous sommes sur un site et qu’il y a beaucoup de monde. Des fois, ils font des patrouilles et lors de la quatrième édition, la police municipale de Dembeni nous a accompagnés tout le long de la randonnée. Quant aux guides touristiques, leur présence n’est pas systématique, mais pour le Mont Benara samedi il y en aura un. Nous connaissons la montée, mais nous voulons qu’il nous explique l’histoire du site. Nous voulons que nos randonnées contribuent également à la culture de chacun.

 FI : Comment pouvons-nous faire pour vous accompagner ?

P. M. : Vous pouvez vous inscrire sur notre page Facebook Randoclean. Vous devez répondre à 5 questions : nous demandons si les personnes viennent accompagnées, si elles ont besoin de navette ou si elles peuvent aider les participants qui n’ont pas de véhicule en faisant du covoiturage. Mais nous avons aussi pleins de gens qui ne s’inscrivent pas sur le net et qui viennent marcher avec nous.

 FI : Cela vous est-il arrivé de retourner sur des sites que vous aviez nettoyé pour voir ce qu’il en était ?

P. M. : Oui, bien sûr. Certains sites sont restés propre, à l’exemple du lac Dziani. Et puis dans certaines zones, nous avons constaté que les poubelles n’étaient même pas ramassées après notre passage… Tous les jours, on nous dit que notre concept ne va jamais marcher. Mais au contraire, cela nous encourage encore plus, parce que si nous, natifs de Mayotte, baissons les bras, qu’allons-nous devenir ? C’est pour cela que nous voulons inciter les pouvoirs publics à faire de la propreté une priorité dans leurs politiques.

 FI : Avez-vous discuté de tout cela avec les autorités publiques ou les politiciens ?

P. M. : Nous commençons petit à petit. C’est la raison pour laquelle nous avons crée l’association Randoclean afin d’avoir plus de poids. Ainsi, nous pourrons leur dire la vérité. Nous nettoyons, maintenant c’est à eux de nous encourager en ramassant les poubelles quand nous avons fini. Nous ne sommes pas des politiciens, nous voulons juste que Mayotte reste propre. Que nous puissions aller dans des sites touristiques sans marcher sur des cannettes ou des bouteilles en plastique.

 FI : Quel l’objectif de l’association sur le long terme ?

P. M. : Notre objectif dans l’avenir est de donner la possibilité aux enfants qui n’ont pas beaucoup de moyens de venir faire la randoclean avec nous. Nous avons vu des enfants qui n’avaient même pas de tongues nous accompagner car ils aiment voir Mayotte propre. Donc il faut les encourager, les récompenser. Par exemple, lors de la 4ème édition, ils ont pu faire des ballades en poney, et ils ont adoré. Certains n’en n’avaient jamais fait. Nous aimerions aussi installer des poubelles dans les sites touristiques et dans les villes, parce que quand il n’y en a pas, nous incitons les gens à jeter par terre.

 

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