Alors que les deux braconniers arrêtés quelques mois plus tôt, puis relaxés pour vice de procédure, seront rejugés ce jeudi, les Naturalistes ont dévoilé leurs prochains projets. Objectif : sensibiliser le plus grand nombre à la protection des tortues marines, et poursuivre, dans la durée, les opérations de suivi des populations.
Les associations environnementales retiennent leur souffle. Ce jeudi, les deux braconniers de la plage de Papani, surpris alors qu’ils transportaient de la viande fraîche de tortue, retourneront au tribunal où ils seront jugés en appel. Courant avril, ils avaient été relaxés in extremis pour vice de procédure. Depuis, et alors que le confinement avait marqué une recrudescence des actes de braconnage, ceux-ci sont repartis encore de plus belle. « Comme une partie des forces de l’ordre était mobilisée sur autre chose, les braconniers avaient le terrain complètement libre et là, ça leur a donné un sentiment d’impunité », souffle Michel Charpentier, président des Naturalistes, l’une des parties civiles dans cette affaire. Concernant les deux mis en cause, ils encourent des peines maximales de deux ans d’emprisonnement ferme et de 150.000 euros d’amende.
En sus des dizaines de corps retrouvés sur la petite plage de Moya, au cours des quatre derniers mois, l’association a recensé plus d’une douzaine de cadavres ou de traces de braconnage à Saziley, où elle mène, deux nuits par semaine, des opérations de surveillance et de suivi des populations, ces plages étant l’un des sites de ponte les plus actifs de l’île. C’est donc tout naturellement que la communauté de communes du Sud a été choisie par les Naturalistes pour accueillir pendant neuf mois, à compter de juillet, le projet Life4Best financé par l’Europe. Ainsi, jusqu’au mois de mars 2021, 12 conférences aux thématiques différentes se tiendront dans toutes les localités du secteur pour sensibiliser le grand public à la protection des tortues marines, du braconnage jusqu’aux bonnes pratiques d’observation. D’autres activités de plus grande ampleur, comme des « voulé naturalistes », se tiendront pour attirer l’attention des élus, des techniciens et des partenaires financiers notamment.
Une centaine de sites potentiels de ponte
« Nous (les Naturalistes, ndlr) sommes très motivés, mais quand bien même nous doublerions nos capacités, cela serait encore très insuffisant », défend Michel Charpentier. D’où l’intérêt de sensibiliser les habitants et de mener en amont des opérations auprès des scolaires et des travaux pratiques sur les plages de ponte. « La surveillance et la protection ne peuvent pas être l’affaire que des associations ou des pouvoirs publics. Il y a à Mayotte une centaine de plages qui sont potentiellement des sites de ponte et seules les plus fréquentées peuvent être vraiment surveillées par les associations… », déplorent encore les Naturalistes.
L’année dernière, l’association avait dû abandonner son opération de suivi à Saziley après seulement quelques mois, faute de fonds. Un projet qui a été relancé au mois de février, avec cette fois pour objectif de poursuivre les bivouacs réguliers de suivi sur un an et demi, afin de déterminer plus précisément les périodes de pics et de creux de ponte, et par conséquent, d’estimer un peu mieux les populations de tortues qui fréquentent le lagon. Mais la structure espère pouvoir aller plus loin et devrait déposer d’ici quelques jours une note de concept pour un second projet européen, qui s’étalerait cette fois sur cinq ans, en partenariat avec l’association Oulanga Na Nyamba et le centre de recherche et de soins Kélonia, basé à Saint-Leu, sur l’île de La Réunion.
La fête de la mer et des littoraux débarque à Mayotte
Du 17 au 19 juillet, Mayotte, à l’instar de tous les autres départements, accueillera la seconde édition de la fête de la mer et des littoraux. Cette année, les Naturalistes se mobilisent autour de différents thèmes, comme la pollution par les déchets plastiques, la découverte du milieu naturel au sens large et son évolution. Ainsi, différentes opérations se tiendront sur les plages de Saziley ainsi qu’à M’Tsamboro, où un focus sera fait sur le projet Leselam, ou lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon. Parallèlement, les bénévoles ont commencé à ramasser différents déchets, lors des bivouacs de surveillance dans le Sud, qu’ils revaloriseront, dès la rentrée prochaine, avec les jeunes de l’île.
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