Avec le programme Ecco Dom, réduisez votre facture énergétique

Ce mercredi 30 mars, se déroulait la signature d’une convention entre la confédération nationale du logement (CNL) Mayotte-Réunion et l’union sociale pour l’habitat en Outre-mer. L’occasion pour sa directrice, Sabrina Mathiot, de présenter l’organisation d’ici la fin de l’année d’un dispositif innovant, le village Ecco Dom, pour sensibiliser la population mahoraise aux gestes écoresponsables. Entretien.

Flash Infos : Vous avez procédé ce jeudi matin à la signature d’une convention avec la confédération nationale du logement Mayotte-Réunion. Quel est l’objectif premier ?

Sabrina Mathiot : Notre objectif consiste à défendre le logement social ultramarin, plus particulièrement à l’échelle nationale lors d’établissement de dispositifs législatifs et réglementaires. Exemple avec la loi Climat pour laquelle nous avons déposé des amendements pour prendre en compte nos problématiques qui sont plutôt liées à la chaleur, et non au froid. Dans les territoires ultramarins, nous utilisons davantage la climatisation que le chauffage au vu du climat.

À travers cette convention, nous voulons « pousser » le bailleur à gagner en performance et à encore mieux répondre aux besoins. L’idée est d’accompagner le locataire de manière efficace grâce à la confédération nationale du logement qui est un acteur incontournable en la matière et qui connaît bien le locataire mahorais. Elle va nous aider à appréhender certaines problématiques liées à l’exploitation. Ce partenariat vise à resserrer nos rangs.

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FI : L’intérêt de ce partenariat consiste à parvenir à la réduction de la facture énergétique. Comment comptez-vous vous y prendre au vu des spécificités locales ?

S.M. : Avec des outils pédagogiques dans le but de perdre un certain nombre de mauvaises habitudes comme laisser le téléviseur allumé ou l’ordinateur en veille, ne pas déposer de couvercle sur une casserole, etc. Tous ces petits gestes, joints les uns aux autres, permettent de gagner quelques euros sur les factures. Mais c’est aussi la responsabilité de chacun de faire de l’écocitoyenneté.

En ce sens, dans le cadre de formations données en français et en shimaoré, nous demandons à la CNL de mobiliser ces locataires pour qu’ils en bénéficient. Pour que les habitants aient envie de s’approprier ces outils, nous avons distribué des guides écogestes qui visent à les sensibiliser aux gestes responsables.

FI : Toujours dans la même idée, vous allez organiser un village Ecco Dom sur trois jours d’ici la fin de l’année. En quoi consiste-t-il et combien de locataires souhaitez-vous sensibiliser ?

S.M. : Tout d’abord, l’action n’est pas uniquement dédiée aux locataires puisqu’il s’agit d’un projet public d’intérêt général. Nous voulons toucher l’ensemble de la population mahoraise. Pour permettre une mobilisation efficace, nous faisons appel à la CNL qui représente la frange des locataires. Mais naturellement, nous avons d’autres leviers pour convaincre l’ensemble des foyers d’y prendre part. Nous visons des milliers d’habitants : les multiples activités se dérouleront sur trois jours. Un concours primera les participants qui auront appris les guides et ceux qui se seront inscrits dans un dispositif numérique, qui surveille leurs consommations.

FI : Pourquoi ne pas avoir intégré les associations environnementales dans ce dispositif ?

S.M. : En toute honnêteté, nous n’y avions pas pensé… Nous sommes encore perfectibles mais cela peut être intéressant si cela se traduit en amont. À titre d’exemple, en rencontrant la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) ou les constructeurs, nous avons décidé de développer une activité dédiée à Mayotte sur l’usage du pétrole dans les cuisines, qui est très dangereux pour la santé. Cela montre bien notre capacité à nous adapter et à faire de la haute couture dans notre action.

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Parmi les autres acteurs inclus dans le dispositif, nous avons les comités de maîtrise de la demande d’électricité ainsi que les services de l’État, les bailleurs à l’instar de la société immobilière de Mayotte. Les collectivités locales, chez qui nous avons installé des écrans de diffusion des bonnes pratiques, sont aussi de la partie. Nous voulions un projet qui engage une dynamique globale. L’idée est d’avoir un impact sur l’environnement parce que c’est l’esprit même du certificat d’économique d’énergie. La sensibilisation doit aussi bien s’exprimer chez soi que sur son lieu de travail.

FI : Au vu de la jeunesse de la population, allez-vous réaliser des actions dans les établissements scolaires ?

S.M. : Quand vous répondez à un programme, vous avez des partenaires identifiés. Dans le cadre de celui-ci, l’Éducation nationale n’en fait pas partie. Mais comme les enfants peuvent être un véritable véhicule d’apprentissage et de transmission de savoirs, nous voulons dédier un espace-temps aux collégiens et aux lycéens lors de l’organisation du village Ecco Dom. Pour cela, il faudra engager un échange avec le rectorat. Nous le ferons au début du mois de mai à l’occasion d’un séminaire des maires.

FI : Ce programme est-il amené à perdurer dans le temps ?

S.M. : Le programme se déroulait sur trois ans, de 2020 à 2022. Durant ce laps de temps, il fallait développer les outils numériques qui sont pour le coup disponible ad vitam eternam. En revanche, les événements ponctuels sont des dispositifs très lourds, qui demandent de faire tourner des containeurs remplis d’animations dans tous les Outre-mer. Extrêmement innovant, ce village Ecco Dom n’a jamais été développé ailleurs en Hexagone. Les territoires ultramarins ne sont pas condamnés à être en queue de peloton.

Alors non, pour l’instant il n’y a pas de récurrence envisagée pour des questions de financement. Mais je pense que la question de la sensibilisation et de la formation des populations à l’usage intelligent de l’énergie, de l’eau et des ressources naturelles va devenir de plus en plus prégnant. Nous entamons une nouvelle période au niveau des certificats d’économies d’énergie. Une fois que nous aurons isolé les bâtiments et mis les équipements « écologiques », il nous restera à agir sur l’humain, notamment chez les ménages dits modestes qui ont besoin d’avoir un souffle financier.

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