Ce jeudi 17 février matin à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), le préfet Thierry Suquet a dressé un premier bilan des actions mises en œuvre dans le cadre du pacte de sauvegarde des tortues marines signé fin 2020. Les six partenaires associés étaient présents, à l’exception du conseil départemental dont l’absence n’est pas passée inaperçue. La meilleure surveillance des plages induite notamment par ce pacte a permis de constater une baisse significative des actes de braconnages.
Mayotte est considéré comme l’un des archipels les plus fréquentés au monde par les tortues marines, dont les différentes espèces sont en danger d’extinction, voire en danger critique d’extinction pour certaines. « Chaque année, Mayotte accueille entre 3.000 et 5.000 tortues venues pondre sur l’une de ses 200 plages », rappelle le préfet Thierry Suquet lors du bilan du pacte de sauvegarde des tortues dressé ce jeudi 17 février à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Si cinq espèces de tortues y ont été recensées, seules les tortues vertes et imbriquées s’y alimentent et s’y reproduisent toute l’année. A contrarion, la présence de tortues caouannes, olivâtres et luths est plus épisodique.
Si les tortues payent un lourd tribut aux activités humaines engendrant pollution et destruction de son habitat, la principale menace qui pèse sur elles reste le braconnage. En effet, la consommation de viande de tortue demeure traditionnelle sur le territoire et certaines personnes continuent d’acheter très cher (en moyenne 50 euros le kilo) ce met en toute illégalité, faisant le bonheur des braconniers. Si ces derniers sont punis de plus en plus sévèrement par le tribunal lorsqu’ils sont interpelés, l’aspect lucratif de ce trafic fait que la chasse aux tortues perdure malgré tout.
Une meilleure surveillance des plages la nuit
Le pacte de sauvegarde des tortues a permis la mise en place de plusieurs moyens pour limiter le braconnage. Deux grandes associations de protection de la nature, Oulanga Na Nyamba et les Naturalistes, ont été missionnées pour assurer la surveillance des principales plages de ponte. Ils travaillent en étroite collaboration avec la police et la gendarmerie maritime pour que ces dernières puissent procéder aux interpellations des braconniers repérés par leurs soins. « Nos équipes surveillent les plages la nuit et repèrent les carapaces de tortues braconnées le jour afin de dresser un bilan chiffré des animaux victimes de ces méfaits », explique Ali Mounir, le coordinateur chargé de la protection des tortues au sein de l’association Oulanga Na Nyamba.
Si les chiffres exacts n’ont pas encore été révélés, l’association a pu signaler neuf cas de braconnages depuis le début de l’année 2021. « Les forces de l’ordre sont intervenues à sept reprises et six suspects ont pu être interpelés. Cinq d’entre eux ont été condamnés », révèle Ali Mounir. « Nos actions ont également permis de mieux comprendre les techniques des braconniers afin de mieux les repérer », précise quant à lui François-Elie Paute, le chargé d’études scientifiques de l’association, qui affirme que les actions mises en œuvre dans le cadre du pacte ont déjà permis une baisse significative des actes de braconnages depuis sa mise en œuvre même si les statistiques exactes restent à établir.
Étendre la surveillance en 2022
« L’objectif en 2022 est d’étendre la surveillance à plusieurs autres plages », ajoute le chargé de mission scientifique. Les deux associations se sont réparties la surveillance des plages, Oulanga Na Nyamba s’occupant des plages de Petite-Terre et de l’ouest et les Naturalistes celles du sud. En parallèle, ces structures assurent une sensibilisation du public en particulier en milieu scolaire. À la fin de ce bilan, Thierry Suquet a signé deux arrêtés préfectoraux de protection du biotope visant à assurer la préservation des lieux de ponte des tortues : il s’agit des plages de Saziley-Charifou et de Papani-Moya.