VIDEO. Planter des arbres pour que l’eau jaillisse à M’bouanatsa

Ce samedi, la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) a organisé une première matinée de plantation d’arbres le long de la rivière du village de M’bouanatsa, à Bouéni. Plusieurs vont avoir lieu dans l’année avec comme but, à terme, que les agriculteurs puissent de nouveau avoir de l’eau à la rivière.

« Attention aux érythrines, ça pique », lance Issimainla Mari aux personnes venues planter des arbres le long de la rivière de M’bouanatsa, dans la commune de Bouéni. C’est lui qui coordonne le projet de reboisement et de remobilisation de la ressource en eau dans le bassin versant de M’bouanatsa, pour la Fédération mahoraise des associations environnementale (FMAE). Ce samedi, ils sont une petite vingtaine à prêter main forte à la nature. « Avant, tous les agriculteurs du village venaient capter l’eau ici pour leurs cultures. Mais à cause de la déforestation, le cours d’eau s’est asséché », déplore le coordinateur.

Les arbres ont un rôle essentiel pour la sauvegarde de la ressource en eau. Tout d’abord, l’ombre qu’ils forment aide à garder l’humidité et protège les cours d’eau de l’évaporation. Leurs racines permettent également une meilleure infiltration de la pluie dans les sols. Conscient de la nécessité de leur présence, Ourfane Ali Mari, président du Groupement intercommunal des agriculteurs du Sud de Mayotte, a tenu à ce que son organisme soit partenaire de l’opération. « Le réchauffement climatique amène de nouvelles pratiques aux agriculteurs. Il faut les aider à maîtriser l’agroforesterie », estime-t-il entre deux coups de machettes destinés aux lianes qui l’empêchent de planter son arbre.

Des discussions compliquées avec les propriétaires

Si Daniel Attoumani, membre de la famille propriétaire de la parcelle reboisée ce jour, a accepté volontiers l’opération, au point d’avoir commencé à planter des arbustes de lui-même, tous ceux qui exploitent le foncier aux abords de la rivière ne sont pas aussi faciles à convaincre. « Les discussions sont parfois un peu compliquées avec les propriétaires foncier. Pour l’instant, la plupart ont seulement accepté qu’on plante des arbres fruitiers », confie Naïlane-Attoumane Attibou, secrétaire général de la FMAE. Or, pour faire une couverture végétale efficace le long la rivière, il faut varier les espèces adaptées au projet, et toutes ne sont pas fruitières.

« Ce sont des actions à encourager. Il y a une nécessité de synergie entre les différents acteurs pour pouvoir créer quelque chose de consistant », indique, à propos du travail entre agriculteurs et associations environnementales, Abdoul Kamardine, conseiller départemental du canton de M’tsamboro, qui a contribué au financement du projet.

Une deuxième opération dans l’année

Une fois les trous de quelques dizaines de centimètres creusés dans le sol en pente, des arbres miniatures sont plantés, en espérant qu’ils survivront à la saison des pluies. « En général il y a 40% de mortalité à cette période », indique Issimainla Mari. « Moi, je vais suivre et venir arroser. Cela permettra de voir quels arbres tiennent ou non », avance Daniel Attoumani.

Environ 250 arbres seront plantés pendant l’opération, dont la session de plantation de samedi n’était que la première. Une deuxième aura lieu au cours de l’année et une troisième en début d’année prochaine. Si la forêt va connaitre une nouvelle vivacité, l’ancien point de captage va également faire peau neuve . « Le but est qu’à terme, dans quelques années, les agriculteurs puissent à nouveau utiliser l’eau de la rivière. Donc nous allons aussi remettre le point de captage en état », détaille le coordinateur du projet, qui ajoute que sa dernière phase sera consacrée à la sensibilisation, notamment des scolaires.

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