Ce vendredi 17 septembre, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a présenté son plan propreté 2020-2030 et signé un arrêté de voirie pour expérimenter une nouvelle réglementation du trafic routier. Deux annonces simultanées qui ont un objectif commun : devenir un modèle de la « ville propre » pour l’ensemble du territoire.
Pointe Mahabou. 9h. Le lieu choisi s’avère tout sauf anodin. Un écrin de nature, emblématique de l’environnement à protéger. « L’espace où nous nous trouvons est propre, la nature est préservée, l’air que nous respirons n’est pas pollué », introduit Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Tout l’opposé de ce que la ville chef-lieu dégage en temps normal : une capitale économique engorgée et une insalubrité chronique.
Alors pour inverser cette tendance invivable pour toute une frange de la population, la municipalité propose l’application pure et simple d’un plan propreté pour la période 2020-2030 autour de cinq objectifs majeurs : améliorer l’efficience du service propreté urbaine ; sensibiliser les citoyens et les rendre acteurs de la propreté ; aménager la commune pour faciliter la collecte des déchets ; mettre en place des actions pour maintenir la propreté ; réduire la production des déchets. Une mission herculéenne sur le papier !
Le service de nettoiement à pied d’œuvre
Dans la pratique, la municipalité compte bien mettre les petits plats dans les grands, en investissant plus d’1.2 million d’euros au cours des dix prochaines années et en augmentant en moyenne son budget annuel de fonctionnement de 500.000 euros. Principal engagement et non des moindres avec l’acquisition pour le service de nettoiement de matériels mécaniques dernier cri, tels qu’une balayeuse dès 2022 (mais où a bien pu passer celle utilisée en amont de la venue d’Emmanuel Macron en octobre 2019 ?!), de plusieurs camions plateaux pour évacuer les déchets rassemblés en sacs et les gros objets encombrants ou encore de quatre aspirateurs. Le tout dans le but d’améliorer le rendement des agents en place. Un effectif amené à être renforcé par l’embauche de sept nouveaux personnels.
Sauf que l’efficience d’un tel plan repose sur sa gouvernance. D’où la mise en place d’un comité de pilotage et de suivi – comprenant les services de la commune et ceux de la Cadema, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal), l’agence régional de santé (ARS), le rectorat et le conseil départemental – auquel seront naturellement associés les citoyens, les associations environnementales et les opérateurs économiques. « Nous sommes tous des producteurs de déchets, toutefois, il nous incombe d’adopter les comportements responsables et indispensables pour lutter contre l’insalubrité », prévient Ambdilwahedou Soumaïla. « Nous devons participer, à notre modeste niveau, à cet enjeu écologique. »
Sauver des vies et des emplois
Autres mesures phares, qui ne concernent pas pour le moment les deux roues : la suspension de déplacement sur l’ensemble du réseau routier de la commune aux véhicules de particuliers âgés de plus de 15 ans à compter du 1er octobre ainsi que l’expérimentation à partir de la même date d’une circulation alternée deux jours par semaine jusqu’au 31 décembre – interdiction de rouler de 4h à 20h pour les automobilistes non-résidents de Mamoudzou ayant une plaque d’immatriculation paire les lundis et impaire les mardis. « Bon nombre des accidents surviennent à cause de la fatigue », abonde le maire.
En plus d’une volonté environnementale, « les chiffres en termes de particules fines dépassent les seuils moyens exigés ». Cette initiative s’inscrit par ailleurs dans un intérêt économique. « Les entreprises souffrent des embouteillages (pas moins de 61.365 voitures entrent et sortent quotidiennement) et certaines sont même obligées de mettre la clé sous la porte ! Notre démarche consiste à sauver des emploi. En tant que responsable de ce territoire, je dois entendre ce discours », martèle le premier magistrat, conscient de l’accueil reçu en demi-teinte par les principaux concernés.
Signé ce vendredi, cet arrêté a également pour but d’éveiller les consciences. « Les travaux du projet Caribus vont commencer d’ici la fin 2021 et vont engendrer des bouchons pour les quatre ou cinq prochaines années », alerte Ambdilwahedou Soumaïla. S’il est encore trop tôt pour savoir si cette expérimentation sera prolongée à son terme – « nous ferons le bilan sur la situation de la route en temps et en heure » -, elle doit inviter les habitants à privilégier le covoiturage ou les transports collectifs. « Nous avons demandé aux chauffeurs de taxi de s’organiser et de mettre en place un numéro de permanence. » Impopulaire ou non à la suite de cette décision, le maire de Mamoudzou n’en a cure : « Le mal est très profond, il faut agir pour améliorer notre cadre de vie ! » Point à la ligne.
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